LE RÉCIT DE
RANDOPLH CARTER
UNE NOUVELLE D'HOWARD PHILLIPS LOVECRAFT
Temps de lecture : 10-12 minutes
Auteur : Howard Phillips Lovecraft © 1919
Cette courte nouvelle, écrite en décembre 1919 et publiée un an plus tard dans le magazine The Vagrant, en mai 1920, revient sur un événement tragique de la vie de Randolph Carter, personnage central du cycle du Rêve chère à l’auteur et membre émérite de l'ordre de la clef d'Argent.
L'illustration utilisée ici est une création de l'artiste numérique russe Julia Petrova, spécialisée dans la modélisation d'environnements 3D et actuellement en poste au sein du studio indépendant de développement de jeux mobiles Your Story Interactive.
Pour savoir si l'on évolue véritablement dans l'étrange, le meilleur test consiste à se demander si l'on a suscité chez le lecteur un profond sentiment de crainte, et l'impression d'être entré en contact avec des sphères et des puissances inconnues ; si l'on a réveillé chez lui une attention stupéfaite, comme s'il tendait l'oreille pour guetter le battement d'ailes noires ou les grattements de silhouettes et entités extérieurs à l'extrême bord de l'univers connu.
Howard Phillips Lovecraft
L’Affaire Charles Dexter Ward, 1941
Pour savoir si l'on évolue véritablement dans l'étrange, le meilleur test consiste à se demander si l'on a suscité chez le lecteur un profond sentiment de crainte, et l'impression d'être entré en contact avec des sphères et des puissances inconnues ; si l'on a réveillé chez lui une attention stupéfaite, comme s'il tendait l'oreille pour guetter le battement d'ailes noires ou les grattements de silhouettes et entités extérieurs à l'extrême bord de l'univers connu.
Howard Phillips Lovecraft
L’Affaire Charles Dexter Ward, 1941
*
* *
*
* *
Messieurs, je vous répète que votre enquête est inutile. Détenez-moi à vie si vous voulez ; emprisonnez-moi, exécutez-moi si vous avez besoin d’une victime pour satisfaire l’illusion que vous appelez justice : je ne peux rien ajouter à ce que je vous ai déjà dit. Tout ce dont je puis me souvenir, je vous l’ai rapporté avec la plus parfaite sincérité. Rien n’a été déformé ni dissimulé et, si quelque chose dans mes propos demeure vague, c’est à cause de cette amnésie démoniaque qui s’est abattue sur mon esprit. À cause d’elle et de l’horreur souterraine qui a fait fondre sur moi ces malheurs.
Je vous le dis encore, je ne sais ce qu’est devenu Harley Warren. Je pense pourtant – j’espère presque – qu’il repose dans un oubli paisible, si toutefois pareil bonheur peut exister quelque part. Il est exact que durant cinq ans j’ai été son ami le plus intime et que j’ai partiellement participé à ses terribles recherches sur l’inconnu. Quoique ma mémoire soit incertaine et confuse, je ne nierai pas le témoignage qui m’est à charge : il est possible qu’au soir de cette nuit de peur l’on m’ait vu vers 11 heures 30 à la barrière de Gainsville marchant en compagnie de Warren dans la direction du marais du grand cyprès. J’affirmerai même que nous portions des lampes électriques, des bêches et un rouleau de fil métallique auquel étaient attachés de curieux instruments. Je l’affirmerai parce que tous ces objets ont joué un rôle dans la seule scène hideuse qui demeure gravée au fond de ma mémoire bouleversée. De ce qui suivit et de la raison pour laquelle je fus trouvé seul, en état de complète hébétude, sur la berge du marais, le matin suivant, je dois insister sur le fait que je n’en connais rien, excepté ce que maintes et maintes fois je vous ai expliqué. Vous me dites qu’il n’y a rien dans ce marais ou dans son voisinage qui puisse avoir été le décor de mon effrayant récit. Tout ce que je puis répondre à cela c’est que je ne connais que ce que je vous ai décrit. Ce fut peut-être une vision ou un cauchemar – j’espère avec ferveur que ce le fût – pourtant, de ces heures troubles et de tout ce qui eut lieu après que nous eûmes quitté le regard des hommes c’est tout ce que, jusqu’à présent, mon esprit a retenu. Pourquoi Harley Warren ne revint-il pas avec moi, seuls peuvent le dire, lui, son ombre ou ce quelque chose sans nom que je ne puis décrire.
Comme je l’ai déjà rapporté, les fatales études de Harley Warren me furent bien connues et j’y collaborai partiellement. De son immense collection d’étranges livres rares consacrés à des sujets maudits, j’avais lu tout ce qui était écrit dans la langue où j’étais passé maître mais ces livres qui m’étaient accessibles ne se montaient qu’à un nombre infime, comparativement à ceux qui étaient rédigés dans des langues que je ne connaissais pas. Parmi ces derniers, beaucoup, me semble-t-il, étaient rédigés en arabe. Quant au livre inspiré du diable qui a provoqué la fin – ce livre que Warren emporta hors du monde dans sa poche – il était composé de caractères tels que nulle part ailleurs je n’en vis de semblables et mon ami se refusa toujours à me livrer le sens de ce qu’il renfermait. Dois-je répéter que je ne conserve plus une pleine compréhension de la nature de nos études ? Il me semble extrêmement heureux pour moi de ne plus le savoir, car ces études terribles je les poursuivis plus par une fascination mêlée de répugnance que par une véritable inclination. De tout temps, Warren me domina et il m’arriva même de le craindre. Je me souviens, durant la nuit qui vit l’épouvantable événement, de son visage tiraillé de frissons, tandis que sans arrêt il m’exposait sa théorie, m’expliquant pourquoi certains cadavres conservent dans leur tombe une chair ferme et grasse durant un millénaire. À présent, je ne peux plus craindre Warren, car je présume qu’il a connu des horreurs bien au-delà de ma connaissance. Maintenant, je crains pour lui.
Une fois de plus, j’affirme que je n’avais pas une idée nette de ce qui, durant cette nuit, devait être notre but. Ce but avait certainement un rapport avec le livre que Warren emportait dans sa poche – ce vieux livre aux caractères indéchiffrables qui lui était venu des Indes un mois plus tôt – mais je jure que j’ignorais ce que nous comptions découvrir. Votre témoin dit qu’il nous vit à la barrière de Gainsville, à 11 heures 30, faisant route vers le marais du grand cyprès ? C’est probablement vrai, bien que je ne me souvienne pas clairement de ce fait. Mon unique souvenir, comme gravé au fer rouge dans mon âme, n’a trait qu’à une scène qui dut se dérouler longtemps après minuit, car un blafard quartier de lune passait très haut dans le ciel vaporeux. Nous étions dans un ancien cimetière, si ancien que je tremblais aux signes multiples d’années immémoriales. C’était dans une vallée profonde et humide, couverte de rangées d’herbe, de mousse et de mauvaises tiges rampantes, dans une vallée remplie d’une vague puanteur que ma futile imagination associa absurdement à l’odeur de la pierre pourrissante. Partout s’étalaient les signes de la négligence et de la décrépitude et j’étais hanté par l’idée que Warren et moi étions les premières créatures vivantes à envahir un mortel silence séculaire. Au-dessus du bord de la vallée, le sombre quartier d’une lune déclinante pointait à travers de répugnantes vapeurs semblant monter de catacombes inconnues. Sous les faibles et vacillants rayons, je pus distinguer un repoussant ensemble d’antiques dalles, d’urnes, de cénotaphes et de façades de mausolées couverts de mousses et tachés d’humidité. Tous ces monuments, à demi cachés par l’épaisse luxuriance de la végétation insalubre, tombaient en ruines.
La première perception de ma propre présence au sein de cette horrible nécropole me vint d’un moment d’arrêt que Warren et moi observâmes devant un vieux sépulcre en partie ruiné tandis que nous jetions à terre un fardeau que nous semblions avoir inconsciemment porté. Je me rends compte à présent que j’étais muni d’une lampe électrique et de deux bêches, cependant que mon compagnon s’était chargé d’un matériel de téléphone portatif. Nous ne prononçâmes pas une parole, le lieu où nous nous trouvions et la besogne qui nous y attendait semblant connus de nous. Sans délai, nous saisîmes nos bêches et commençâmes à enlever l’herbe, les mauvaises tiges et la terre qui s’était amassée sur l’archaïque sépulture. Après en avoir dégagé toute la surface composée de trois immenses dalles de granit, nous reculâmes de quelques pas et Warren sembla se livrer à quelque calcul mental. Il retourna ensuite au sépulcre et, usant de sa bêche comme d’un levier, il s’efforça de soulever la dalle la plus proche d’un amoncellement de pierres écroulées qui avaient dû être autrefois un monument. Il n’y réussit pas et me fit signe de venir à son aide. Finalement, nos forces combinées déchaussèrent la pierre que nous dressâmes et basculâmes sur un côté.
La dalle une fois enlevée, une sombre ouverture se révéla d’où s’échappèrent des gaz et des miasmes si nauséabonds que, saisis d’horreur, nous bondîmes en arrière. Au bout d’un moment, trouvant les exhalaisons plus supportables, nous approchâmes à nouveau de cette sorte de bouche d’ombre. Nos lanternes découvrirent le sommet d’une volée de marches de pierre sur lesquelles, de l’intérieur de la terre, chutait goutte à goutte une odieuse liqueur. Des murs humides, incrustés de salpêtre, bordaient ces marches. Ma mémoire enregistre, à cet instant, le souvenir des premières paroles que Warren, de sa voix mûre de ténor, m’adressa sur un ton singulièrement inchangé malgré le terrifiant décor qui nous entourait :
"Je regrette, dit-il, d’avoir à vous demander de rester à la surface mais ce serait un crime que de permettre à quelqu’un ayant vos nerfs fragiles de descendre là. Vous ne pouvez imaginer, même d’après ce que vous avez lu ou ce que j’ai pu vous raconter, les choses que je vais devoir faire et voir. C’est un travail diabolique, Carter, et je doute que, sans une sensibilité à toute épreuve, quelqu’un puisse regarder cela jusqu’au bout et en revenir non seulement sain d’esprit mais vivant. Je ne veux nullement vous offenser et le ciel sait combien je serais heureux de vous avoir avec moi, mais le sens de ma propre responsabilité m’interdit d’entraîner dans cet enfer, vers une mort probable ou une probable folie, un paquet de nerfs de votre espèce. Je vous jure que vous ne pouvez imaginer réellement ce dont il s’agit, et je vous promets de vous tenir au courant de chacun de mes mouvements par le téléphone. Vous voyez, j’ai assez de fil pour atteindre le centre de la Terre et revenir !"
Je peux encore entendre retentir dans ma mémoire ces paroles empreintes du plus grand sang-froid et je me rappelle mes protestations. Il semble que j’étais désespérément désireux d’accompagner mon ami dans ces profondeurs sépulcrales, mais il se montra résolument inflexible. Il menaça même un instant d’abandonner l’expédition si je continuais à insister. Cette menace fut efficace, car lui seul tenait la clé de la chose. C’est tout ce que je puis me rappeler n’en sachant pas plus long sur la nature de la chose que nous nous efforcions de trouver. Warren, après qu’à contre-cœur j’eus acquiescé à son désir, ramassa la bobine de fil et ajusta les instruments. Sur son ordre, je pris l’un d’eux et m’assis sur une vieille pierre tombale décolorée, tout près de l’ouverture nouvellement découverte. Warren, ensuite, me serra la main, chargea sur son épaule le rouleau de fil et disparut à l’intérieur de l’indescriptible ossuaire.
Je pus, une minute, apercevoir la lueur de sa lampe et entendre le bruissement du fil qui se déroulait derrière lui, mais bientôt cette lueur disparut brusquement comme si Warren avait, dans l’escalier de pierre, rencontré quelque tournant et le son mourut au loin presque aussi vite. J’étais seul et pourtant prêt encore à descendre vers ces profondeurs inconnues toutes proches des magiques rivages dont la verte surface s’étalait au-dessous des rayons fatigués de ce crayeux quartier de lune.
Dans le silence délaissé de cette cité de la mort, blanche et déserte, mon esprit concevait les plus horribles fantaisies, les plus horribles illusions tandis que les tombeaux et les monolithes bizarres semblaient s’imprégner d’une personnalité hideuse. Des ombres amorphes semblaient se cacher dans les plus sombres replis de la vallée obstruée par les mauvaises herbes, passer vite et sans bruit comme dans quelque cérémoniale procession blasphématoire et franchir les portes des tombes en train de se putréfier dans la colline ; ombres qui ne pouvaient avoir été dissoutes par l’apparition de ce blanchâtre clair de lune.
Constamment, je consultai ma montre à la lueur de ma lampe électrique, tendant anxieusement l’oreille vers l’écouteur du téléphone. Durant un quart d’heure, je n’entendis rien. Puis, un faible bruit monta de l’appareil et, d’une voix tendue, j’appelai mon ami au sein des profondeurs. Surexcité comme je l’étais à cet instant, je n’étais cependant pas préparé aux paroles qui, proférées en termes plus alarmés et plus tremblants que jamais auparavant je n’en avais ouï de la bouche d’Harley Warren, montèrent de ce sépulcre d’outre-tombe. Warren qui, un bref moment plus tôt, m’avait si calmement quitté, appelait à présent du fond de son abîme dans un murmure plus sinistre que le plus perçant des cris :
"Dieu ! si vous pouviez voir ce que je suis en train de voir !"
Je ne pus répondre. Privé de voix, je ne pus qu’attendre. Puis, vinrent à nouveau des mots affolés :
"Carter, c’est terrible, monstrueux, incroyable !"
La voix, soudain, ne me manqua plus et je déversai dans le microphone des flots de questions fiévreuses, répétant continuellement dans ma terreur : "Warren, qu’est-ce ? qu’est-ce ?"
Rauque de peur et teintée de désespoir, la voix de mon ami monta à nouveau :
"Je ne peux vous raconter, Carter ! Cela dépasse absolument la pensée, je n’ai pas le courage de vous raconter. Nul homme ne peut connaître cela et vivre – Grand Dieu ! je n’avais jamais rêvé cela !"
Silence à nouveau, excepté de mon côté d’où venait un impétueux torrent de questions frémissantes, puis la voix de Warren empreinte au plus haut point d’une consternation stupéfiante :
"Carter, pour l’amour de Dieu, replacez la dalle et sauvez-vous si vous le pouvez ! Vite ! Laissez tout tomber, ne vous occupez que de vous en sortir. C’est votre seule chance ! Faites ce que je vous dis et ne me demandez pas d’explications !"
J’entendis, mais je n’étais capable que de répéter mes questions frénétiques. Autour de moi, il y avait les tombes, l’obscurité et les ombres ; au-dessous de moi s’embusquaient des périls dépassant toute imagination humaine ; pourtant, mon ami courait un bien plus grand danger que moi ; je perçus, à travers ma peur, une vague irritation à l’idée qu’il pourrait m’estimer capable de l’abandonner dans de telles circonstances. Un petit cliquetis s’éleva de l’appareil, puis, après un silence, un pitoyable cri de Warren :
"Barrez-vous ! Pour l’amour de Dieu, replacez la dalle et barrez-vous Carter !"
Quelque chose dans l’argot puéril de mon compagnon dénotait une épouvante si évidente que cela me rendit mes esprits. Je pris une résolution et criai dans l’appareil :
"Warren, du courage ! J’arrive immédiatement."
À cette offre, le ton de mon ami se changea en un cri d’extrême désespoir :
"Ne le faites pas, vous ne pouvez comprendre ; il est trop tard. Et c’est de ma propre faute. Replacez la dalle et courez. Il n’y a rien que vous ou quelqu’un d’autre puissiez faire à présent !"
Le ton changea de nouveau, se chargeant, cette fois, d’une douce sonorité, d’une résignation sans espoir, cependant qu’il demeurait anxieux à mon égard :
"Vite, avant qu’il ne soit trop tard !"
Je n’essayais pas de l’écouter. Je voulais vaincre la paralysie qui me retenait et, remplissant mon vœu, me ruer vers les profondeurs à son aide, mais le murmure qui suivit me trouva encore inerte, enchaîné par une épouvante sans bornes :
"Carter, dépêchez-vous ! Ce n’est pas la peine. Vous devez partir. Mieux vaut un que deux. La dalle !"
Un silence. Plus aucun cliquetis, puis la faible voix de Warren :
"C’est presque fini maintenant. Ne me rendez pas cela plus dur. Recouvrez ces damnés escaliers et courez, pour votre vie. Vous perdez du temps. Adieu, Carter. Je ne vous reverrai plus."
Ici, le murmure de Warren s’enfla dans un cri ; un cri qui, graduellement, s’éleva jusqu’à un hurlement rempli d’une horreur venue du fond des âges :
"Maudites soient ces choses infernales – Légions – Mon Dieu – Barrez-vous ! Barrez-vous ! BARREZ-VOUS !"
Après ce fut le silence. Je ne sais durant combien d’éternités je demeurai assis, hébété, soupirant, murmurant, appelant, criant dans le téléphone. Maintes et maintes fois, tout au long de ces éternités, je soupirai, murmurai, appelai, criai, hurlai :
"Warren, Warren ! Répondez-moi, êtes-vous là ?"
C’est alors que vinrent me saisir les affres finales. L’incroyable, l’impensable, l’indicible chose. J’ai dit que des éternités semblaient avoir passé depuis que Warren avait hurlé son dernier avertissement désespéré, depuis que seuls mes propres cris brisaient le hideux silence, mais, au bout d’un certain temps, un nouveau cliquetis grésilla dans l’appareil et je tendis l’oreille pour écouter. J’appelais à nouveau :
"Warren, êtes-vous là ?"
En réponse, j’entendis la chose qui a jeté cette amnésie sur mon esprit. Je ne puis essayer, messieurs, de vous traduire cette chose, cette voix, pas plus que je ne puis me risquer à en décrire le détail, puisque ces premières paroles m’arrachèrent à la conscience et me jetèrent dans une sorte de vide mental qui ne cessa qu’à mon éveil à l’hôpital. Dirai-je que la voix était profonde, sourde, gélatineuse, lointaine, surnaturelle, inhumaine, désincarnée ? Que dirai-je ? Ce fut la fin de mon expérience et c’est la fin de mon histoire. J’entendis cela, assis, hébété, parmi les pierres en ruines et les tombes croulantes, parmi les rangées de végétation et les vapeurs pleines de miasmes dans un cimetière inconnu au fond d’une vallée. J’entendis cela, jailli des profondeurs les plus reculées de ce maudit sépulcre ouvert tandis que je suivais des yeux d’amorphes ombres nécrophages dansant au-dessous d’une infernale lune déclinante.
Et voici ce qui me fut dit :
"Pauvre fou, Warren est MORT !"
Messieurs, je vous répète que votre enquête est inutile. Détenez-moi à vie si vous voulez ; emprisonnez-moi, exécutez-moi si vous avez besoin d’une victime pour satisfaire l’illusion que vous appelez justice : je ne peux rien ajouter à ce que je vous ai déjà dit. Tout ce dont je puis me souvenir, je vous l’ai rapporté avec la plus parfaite sincérité. Rien n’a été déformé ni dissimulé et, si quelque chose dans mes propos demeure vague, c’est à cause de cette amnésie démoniaque qui s’est abattue sur mon esprit. À cause d’elle et de l’horreur souterraine qui a fait fondre sur moi ces malheurs.
Je vous le dis encore, je ne sais ce qu’est devenu Harley Warren. Je pense pourtant – j’espère presque – qu’il repose dans un oubli paisible, si toutefois pareil bonheur peut exister quelque part. Il est exact que durant cinq ans j’ai été son ami le plus intime et que j’ai partiellement participé à ses terribles recherches sur l’inconnu. Quoique ma mémoire soit incertaine et confuse, je ne nierai pas le témoignage qui m’est à charge : il est possible qu’au soir de cette nuit de peur l’on m’ait vu vers 11 heures 30 à la barrière de Gainsville marchant en compagnie de Warren dans la direction du marais du grand cyprès. J’affirmerai même que nous portions des lampes électriques, des bêches et un rouleau de fil métallique auquel étaient attachés de curieux instruments. Je l’affirmerai parce que tous ces objets ont joué un rôle dans la seule scène hideuse qui demeure gravée au fond de ma mémoire bouleversée. De ce qui suivit et de la raison pour laquelle je fus trouvé seul, en état de complète hébétude, sur la berge du marais, le matin suivant, je dois insister sur le fait que je n’en connais rien, excepté ce que maintes et maintes fois je vous ai expliqué. Vous me dites qu’il n’y a rien dans ce marais ou dans son voisinage qui puisse avoir été le décor de mon effrayant récit. Tout ce que je puis répondre à cela c’est que je ne connais que ce que je vous ai décrit. Ce fut peut-être une vision ou un cauchemar – j’espère avec ferveur que ce le fût – pourtant, de ces heures troubles et de tout ce qui eut lieu après que nous eûmes quitté le regard des hommes c’est tout ce que, jusqu’à présent, mon esprit a retenu. Pourquoi Harley Warren ne revint-il pas avec moi, seuls peuvent le dire, lui, son ombre ou ce quelque chose sans nom que je ne puis décrire.
Comme je l’ai déjà rapporté, les fatales études de Harley Warren me furent bien connues et j’y collaborai partiellement. De son immense collection d’étranges livres rares consacrés à des sujets maudits, j’avais lu tout ce qui était écrit dans la langue où j’étais passé maître mais ces livres qui m’étaient accessibles ne se montaient qu’à un nombre infime, comparativement à ceux qui étaient rédigés dans des langues que je ne connaissais pas. Parmi ces derniers, beaucoup, me semble-t-il, étaient rédigés en arabe. Quant au livre inspiré du diable qui a provoqué la fin – ce livre que Warren emporta hors du monde dans sa poche – il était composé de caractères tels que nulle part ailleurs je n’en vis de semblables et mon ami se refusa toujours à me livrer le sens de ce qu’il renfermait. Dois-je répéter que je ne conserve plus une pleine compréhension de la nature de nos études ? Il me semble extrêmement heureux pour moi de ne plus le savoir, car ces études terribles je les poursuivis plus par une fascination mêlée de répugnance que par une véritable inclination. De tout temps, Warren me domina et il m’arriva même de le craindre. Je me souviens, durant la nuit qui vit l’épouvantable événement, de son visage tiraillé de frissons, tandis que sans arrêt il m’exposait sa théorie, m’expliquant pourquoi certains cadavres conservent dans leur tombe une chair ferme et grasse durant un millénaire. À présent, je ne peux plus craindre Warren, car je présume qu’il a connu des horreurs bien au-delà de ma connaissance. Maintenant, je crains pour lui.
Une fois de plus, j’affirme que je n’avais pas une idée nette de ce qui, durant cette nuit, devait être notre but. Ce but avait certainement un rapport avec le livre que Warren emportait dans sa poche – ce vieux livre aux caractères indéchiffrables qui lui était venu des Indes un mois plus tôt – mais je jure que j’ignorais ce que nous comptions découvrir. Votre témoin dit qu’il nous vit à la barrière de Gainsville, à 11 heures 30, faisant route vers le marais du grand cyprès ? C’est probablement vrai, bien que je ne me souvienne pas clairement de ce fait. Mon unique souvenir, comme gravé au fer rouge dans mon âme, n’a trait qu’à une scène qui dut se dérouler longtemps après minuit, car un blafard quartier de lune passait très haut dans le ciel vaporeux. Nous étions dans un ancien cimetière, si ancien que je tremblais aux signes multiples d’années immémoriales. C’était dans une vallée profonde et humide, couverte de rangées d’herbe, de mousse et de mauvaises tiges rampantes, dans une vallée remplie d’une vague puanteur que ma futile imagination associa absurdement à l’odeur de la pierre pourrissante. Partout s’étalaient les signes de la négligence et de la décrépitude et j’étais hanté par l’idée que Warren et moi étions les premières créatures vivantes à envahir un mortel silence séculaire. Au-dessus du bord de la vallée, le sombre quartier d’une lune déclinante pointait à travers de répugnantes vapeurs semblant monter de catacombes inconnues. Sous les faibles et vacillants rayons, je pus distinguer un repoussant ensemble d’antiques dalles, d’urnes, de cénotaphes et de façades de mausolées couverts de mousses et tachés d’humidité. Tous ces monuments, à demi cachés par l’épaisse luxuriance de la végétation insalubre, tombaient en ruines.
La première perception de ma propre présence au sein de cette horrible nécropole me vint d’un moment d’arrêt que Warren et moi observâmes devant un vieux sépulcre en partie ruiné tandis que nous jetions à terre un fardeau que nous semblions avoir inconsciemment porté. Je me rends compte à présent que j’étais muni d’une lampe électrique et de deux bêches, cependant que mon compagnon s’était chargé d’un matériel de téléphone portatif. Nous ne prononçâmes pas une parole, le lieu où nous nous trouvions et la besogne qui nous y attendait semblant connus de nous. Sans délai, nous saisîmes nos bêches et commençâmes à enlever l’herbe, les mauvaises tiges et la terre qui s’était amassée sur l’archaïque sépulture. Après en avoir dégagé toute la surface composée de trois immenses dalles de granit, nous reculâmes de quelques pas et Warren sembla se livrer à quelque calcul mental. Il retourna ensuite au sépulcre et, usant de sa bêche comme d’un levier, il s’efforça de soulever la dalle la plus proche d’un amoncellement de pierres écroulées qui avaient dû être autrefois un monument. Il n’y réussit pas et me fit signe de venir à son aide. Finalement, nos forces combinées déchaussèrent la pierre que nous dressâmes et basculâmes sur un côté.
La dalle une fois enlevée, une sombre ouverture se révéla d’où s’échappèrent des gaz et des miasmes si nauséabonds que, saisis d’horreur, nous bondîmes en arrière. Au bout d’un moment, trouvant les exhalaisons plus supportables, nous approchâmes à nouveau de cette sorte de bouche d’ombre. Nos lanternes découvrirent le sommet d’une volée de marches de pierre sur lesquelles, de l’intérieur de la terre, chutait goutte à goutte une odieuse liqueur. Des murs humides, incrustés de salpêtre, bordaient ces marches. Ma mémoire enregistre, à cet instant, le souvenir des premières paroles que Warren, de sa voix mûre de ténor, m’adressa sur un ton singulièrement inchangé malgré le terrifiant décor qui nous entourait :
"Je regrette, dit-il, d’avoir à vous demander de rester à la surface mais ce serait un crime que de permettre à quelqu’un ayant vos nerfs fragiles de descendre là. Vous ne pouvez imaginer, même d’après ce que vous avez lu ou ce que j’ai pu vous raconter, les choses que je vais devoir faire et voir. C’est un travail diabolique, Carter, et je doute que, sans une sensibilité à toute épreuve, quelqu’un puisse regarder cela jusqu’au bout et en revenir non seulement sain d’esprit mais vivant. Je ne veux nullement vous offenser et le ciel sait combien je serais heureux de vous avoir avec moi, mais le sens de ma propre responsabilité m’interdit d’entraîner dans cet enfer, vers une mort probable ou une probable folie, un paquet de nerfs de votre espèce. Je vous jure que vous ne pouvez imaginer réellement ce dont il s’agit, et je vous promets de vous tenir au courant de chacun de mes mouvements par le téléphone. Vous voyez, j’ai assez de fil pour atteindre le centre de la Terre et revenir !"
Je peux encore entendre retentir dans ma mémoire ces paroles empreintes du plus grand sang-froid et je me rappelle mes protestations. Il semble que j’étais désespérément désireux d’accompagner mon ami dans ces profondeurs sépulcrales, mais il se montra résolument inflexible. Il menaça même un instant d’abandonner l’expédition si je continuais à insister. Cette menace fut efficace, car lui seul tenait la clé de la chose. C’est tout ce que je puis me rappeler n’en sachant pas plus long sur la nature de la chose que nous nous efforcions de trouver. Warren, après qu’à contre-cœur j’eus acquiescé à son désir, ramassa la bobine de fil et ajusta les instruments. Sur son ordre, je pris l’un d’eux et m’assis sur une vieille pierre tombale décolorée, tout près de l’ouverture nouvellement découverte. Warren, ensuite, me serra la main, chargea sur son épaule le rouleau de fil et disparut à l’intérieur de l’indescriptible ossuaire.
Je pus, une minute, apercevoir la lueur de sa lampe et entendre le bruissement du fil qui se déroulait derrière lui, mais bientôt cette lueur disparut brusquement comme si Warren avait, dans l’escalier de pierre, rencontré quelque tournant et le son mourut au loin presque aussi vite. J’étais seul et pourtant prêt encore à descendre vers ces profondeurs inconnues toutes proches des magiques rivages dont la verte surface s’étalait au-dessous des rayons fatigués de ce crayeux quartier de lune.
Dans le silence délaissé de cette cité de la mort, blanche et déserte, mon esprit concevait les plus horribles fantaisies, les plus horribles illusions tandis que les tombeaux et les monolithes bizarres semblaient s’imprégner d’une personnalité hideuse. Des ombres amorphes semblaient se cacher dans les plus sombres replis de la vallée obstruée par les mauvaises herbes, passer vite et sans bruit comme dans quelque cérémoniale procession blasphématoire et franchir les portes des tombes en train de se putréfier dans la colline ; ombres qui ne pouvaient avoir été dissoutes par l’apparition de ce blanchâtre clair de lune.
Constamment, je consultai ma montre à la lueur de ma lampe électrique, tendant anxieusement l’oreille vers l’écouteur du téléphone. Durant un quart d’heure, je n’entendis rien. Puis, un faible bruit monta de l’appareil et, d’une voix tendue, j’appelai mon ami au sein des profondeurs. Surexcité comme je l’étais à cet instant, je n’étais cependant pas préparé aux paroles qui, proférées en termes plus alarmés et plus tremblants que jamais auparavant je n’en avais ouï de la bouche d’Harley Warren, montèrent de ce sépulcre d’outre-tombe. Warren qui, un bref moment plus tôt, m’avait si calmement quitté, appelait à présent du fond de son abîme dans un murmure plus sinistre que le plus perçant des cris :
"Dieu ! si vous pouviez voir ce que je suis en train de voir !"
Je ne pus répondre. Privé de voix, je ne pus qu’attendre. Puis, vinrent à nouveau des mots affolés :
"Carter, c’est terrible, monstrueux, incroyable !"
La voix, soudain, ne me manqua plus et je déversai dans le microphone des flots de questions fiévreuses, répétant continuellement dans ma terreur : "Warren, qu’est-ce ? qu’est-ce ?"
Rauque de peur et teintée de désespoir, la voix de mon ami monta à nouveau :
"Je ne peux vous raconter, Carter ! Cela dépasse absolument la pensée, je n’ai pas le courage de vous raconter. Nul homme ne peut connaître cela et vivre – Grand Dieu ! je n’avais jamais rêvé cela !"
Silence à nouveau, excepté de mon côté d’où venait un impétueux torrent de questions frémissantes, puis la voix de Warren empreinte au plus haut point d’une consternation stupéfiante :
"Carter, pour l’amour de Dieu, replacez la dalle et sauvez-vous si vous le pouvez ! Vite ! Laissez tout tomber, ne vous occupez que de vous en sortir. C’est votre seule chance ! Faites ce que je vous dis et ne me demandez pas d’explications !"
J’entendis, mais je n’étais capable que de répéter mes questions frénétiques. Autour de moi, il y avait les tombes, l’obscurité et les ombres ; au-dessous de moi s’embusquaient des périls dépassant toute imagination humaine ; pourtant, mon ami courait un bien plus grand danger que moi ; je perçus, à travers ma peur, une vague irritation à l’idée qu’il pourrait m’estimer capable de l’abandonner dans de telles circonstances. Un petit cliquetis s’éleva de l’appareil, puis, après un silence, un pitoyable cri de Warren :
"Barrez-vous ! Pour l’amour de Dieu, replacez la dalle et barrez-vous Carter !"
Quelque chose dans l’argot puéril de mon compagnon dénotait une épouvante si évidente que cela me rendit mes esprits. Je pris une résolution et criai dans l’appareil :
"Warren, du courage ! J’arrive immédiatement."
À cette offre, le ton de mon ami se changea en un cri d’extrême désespoir :
"Ne le faites pas, vous ne pouvez comprendre ; il est trop tard. Et c’est de ma propre faute. Replacez la dalle et courez. Il n’y a rien que vous ou quelqu’un d’autre puissiez faire à présent !"
Le ton changea de nouveau, se chargeant, cette fois, d’une douce sonorité, d’une résignation sans espoir, cependant qu’il demeurait anxieux à mon égard :
"Vite, avant qu’il ne soit trop tard !"
Je n’essayais pas de l’écouter. Je voulais vaincre la paralysie qui me retenait et, remplissant mon vœu, me ruer vers les profondeurs à son aide, mais le murmure qui suivit me trouva encore inerte, enchaîné par une épouvante sans bornes :
"Carter, dépêchez-vous ! Ce n’est pas la peine. Vous devez partir. Mieux vaut un que deux. La dalle !"
Un silence. Plus aucun cliquetis, puis la faible voix de Warren :
"C’est presque fini maintenant. Ne me rendez pas cela plus dur. Recouvrez ces damnés escaliers et courez, pour votre vie. Vous perdez du temps. Adieu, Carter. Je ne vous reverrai plus."
Ici, le murmure de Warren s’enfla dans un cri ; un cri qui, graduellement, s’éleva jusqu’à un hurlement rempli d’une horreur venue du fond des âges :
"Maudites soient ces choses infernales – Légions – Mon Dieu – Barrez-vous ! Barrez-vous ! BARREZ-VOUS !"
Après ce fut le silence. Je ne sais durant combien d’éternités je demeurai assis, hébété, soupirant, murmurant, appelant, criant dans le téléphone. Maintes et maintes fois, tout au long de ces éternités, je soupirai, murmurai, appelai, criai, hurlai :
"Warren, Warren ! Répondez-moi, êtes-vous là ?"
C’est alors que vinrent me saisir les affres finales. L’incroyable, l’impensable, l’indicible chose. J’ai dit que des éternités semblaient avoir passé depuis que Warren avait hurlé son dernier avertissement désespéré, depuis que seuls mes propres cris brisaient le hideux silence, mais, au bout d’un certain temps, un nouveau cliquetis grésilla dans l’appareil et je tendis l’oreille pour écouter. J’appelais à nouveau :
"Warren, êtes-vous là ?"
En réponse, j’entendis la chose qui a jeté cette amnésie sur mon esprit. Je ne puis essayer, messieurs, de vous traduire cette chose, cette voix, pas plus que je ne puis me risquer à en décrire le détail, puisque ces premières paroles m’arrachèrent à la conscience et me jetèrent dans une sorte de vide mental qui ne cessa qu’à mon éveil à l’hôpital. Dirai-je que la voix était profonde, sourde, gélatineuse, lointaine, surnaturelle, inhumaine, désincarnée ? Que dirai-je ? Ce fut la fin de mon expérience et c’est la fin de mon histoire. J’entendis cela, assis, hébété, parmi les pierres en ruines et les tombes croulantes, parmi les rangées de végétation et les vapeurs pleines de miasmes dans un cimetière inconnu au fond d’une vallée. J’entendis cela, jailli des profondeurs les plus reculées de ce maudit sépulcre ouvert tandis que je suivais des yeux d’amorphes ombres nécrophages dansant au-dessous d’une infernale lune déclinante.
Et voici ce qui me fut dit :
"Pauvre fou, Warren est MORT !"
Envie de poursuivre votre lecture ?
Découvrez l'entièreté des récits imaginés par Howard Phillips Lovecraft ...
Envie de poursuivre votre lecture ?
Découvrez l'entièreté des récits imaginés par Howard Phillips Lovecraft ...
Envie de poursuivre votre lecture ?
Découvrez l'entièreté des récits imaginés par Howard Phillips Lovecraft ...
Envie de poursuivre votre lecture ?
Et si vous preniez le temps de découvrir le roman qui a inspiré cette nouvelle ...
Ce recueil des œuvres rédigées entre 1917 et 1935 par l'auteur américain Howard Phillips Lovecraft, sans doute le plus important après Edgar Poe dans le domaine du fantastique, regroupe pour la première fois l'intégralité des nouvelles et romans de l'écrivain, plébiscité pour ses récits merveilleux, d'horreur et de science-fiction, y compris ses tous premiers contes, écrits dès l'âge de six ans et jusqu'à lors inédits en français. La préface est signée du journaliste, romancier, scénariste et essayiste français Francis Lacassin (1931-2008), par ailleurs couronné en 1993 du Grand prix de l'Imaginaire pour son ouvrage Mythologie du fantastique, et grand spécialiste des cultures populaires.
Ce recueil des œuvres rédigées entre 1917 et 1935 par l'auteur américain Howard Phillips Lovecraft, sans doute le plus important après Edgar Poe dans le domaine du fantastique, regroupe pour la première fois l'intégralité des nouvelles et romans de l'écrivain, plébiscité pour ses récits merveilleux, d'horreur et de science-fiction, y compris ses tous premiers contes, écrits dès l'âge de six ans et jusqu'à lors inédits en français. La préface est signée du journaliste, romancier, scénariste et essayiste français Francis Lacassin (1931-2008), par ailleurs couronné en 1993 du Grand prix de l'Imaginaire pour son ouvrage Mythologie du fantastique, et grand spécialiste des cultures populaires.
Ce recueil des œuvres rédigées entre 1917 et 1935 par l'auteur américain Howard Phillips Lovecraft, sans doute le plus important après Edgar Poe dans le domaine du fantastique, regroupe pour la première fois l'intégralité des nouvelles et romans de l'écrivain, plébiscité pour ses récits merveilleux, d'horreur et de science-fiction, y compris ses tous premiers contes, écrits dès l'âge de six ans et jusqu'à lors inédits en français. La préface est signée du journaliste, romancier, scénariste et essayiste français Francis Lacassin (1931-2008), par ailleurs couronné en 1993 du Grand prix de l'Imaginaire pour son ouvrage Mythologie du fantastique, et grand spécialiste des cultures populaires.