LA FILLE DE L'APOCALYPSE
UNE NOUVELLE POUR HAWKMOON
Temps de lecture : 6-8 minutes
Auteur : Récits Polyédriques © 2025
La présente nouvelle dépeint la cruauté de l'invasion granbretonne telle qu'elle a été imaginée par Michael John Moorcock dans son cycle d’Hawkmoon. Adapté pour la quatrième fois en jeu de rôle sur table, ce dernier prend place dans une Europe meurtrie par les événements du Tragique Millénaire, théâtre d’un combat sans merci entre les légions du roi-empereur et des groupes de rebelles luttant pour la liberté.
L'illustration sélectionnée pour l'occasion est une œuvre du directeur artistique indépendant britannique Will Gist, lequel collabore avec de nombreux studios de développement de jeux vidéo à travers le monde, tels que Blizzard Entertainment, Riot Games et Square Enix.
Dans ma prime jeunesse, j’avais pour moi la désinvolture espiègle et la curiosité du chasseur de mystères. J’ai découvert beaucoup de lieux magiques et exhumé nombre de reliques du passé. Pourtant ma plus fabuleuse découverte concerne sans nul doute ceux que j’ai baptisés les Enfants de l’Apocalypse. Ce sont des créatures de ce monde que j’ai étudiées quand j’arpentais comme médecin royal les plus influentes cours d’Europe. En ces temps bénis, j’ai côtoyé les puissants et les riches, les fourbes et les tyrans. J’ai même eu le privilège de venir en aide à certains d’entre eux, dont quelques-uns me sont toujours redevables. Grâce à ces derniers, j’ai pu accéder aux plus secrètes bibliothèques du continent et aux plus anciennes légendes. Fasciné par mes lectures, je me suis souvent demandé si ce que je découvrais était réel ou issu d’imaginations fertiles. Par chance, j’ai eu le temps depuis de vérifier une partie de mes théories et de rencontrer bon nombre de ces déviants mentionnés dans les livres. Au gré de mes découvertes et de mes expériences, j’ai acquis la certitude que les possibilités des mutations sont infinies.
Gonzague de Bessiers, Mémoires de la Chair
Hawkmoon - Résistance, Département des Sombres Projets, 2022
Dans ma prime jeunesse, j’avais pour moi la désinvolture espiègle et la curiosité du chasseur de mystères. J’ai découvert beaucoup de lieux magiques et exhumé nombre de reliques du passé. Pourtant ma plus fabuleuse découverte concerne sans nul doute ceux que j’ai baptisés les Enfants de l’Apocalypse. Ce sont des créatures de ce monde que j’ai étudiées quand j’arpentais comme médecin royal les plus influentes cours d’Europe. En ces temps bénis, j’ai côtoyé les puissants et les riches, les fourbes et les tyrans. J’ai même eu le privilège de venir en aide à certains d’entre eux, dont quelques-uns me sont toujours redevables. Grâce à ces derniers, j’ai pu accéder aux plus secrètes bibliothèques du continent et aux plus anciennes légendes. Fasciné par mes lectures, je me suis souvent demandé si ce que je découvrais était réel ou issu d’imaginations fertiles. Par chance, j’ai eu le temps depuis de vérifier une partie de mes théories et de rencontrer bon nombre de ces déviants mentionnés dans les livres. Au gré de mes découvertes et de mes expériences, j’ai acquis la certitude que les possibilités des mutations sont infinies.
Gonzague de Bessiers, Mémoires de la Chair
Hawkmoon - Résistance, Département des Sombres Projets, 2022
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Dans le petit bourg de Gaïllon, non loin de la cité martyr de Mur-Haut, un petit groupe de résistants vivait caché, comme une flamme vacillante qui tentait de survivre aux vents glacés de l'occupation granbretonne. Depuis que les légions du roi-empereur avaient déferlé sur le continent, des soldats arborant des heaumes de fer de l'ordre du Rat contrôlaient chaque rue, chaque bâtiment, et leurs patrouilles maintenaient le village sous une poigne de fer. Mais pour quelques âmes rebelles, la soumission n'était pas une option, et une figure s'était rapidement détachée, tant par le nombre de ses exploits que sa beauté saisissante, laquelle contrastait avec la noirceur de ce monde. Elle s’était entourée de plusieurs compagnons d'armes, dont certains ressemblaient fort à leur époque, où le meurtre et la mort servaient de droit de réponse ; des hommes et des femmes qui avaient rejoint la résistance à l’annonce de l’ouverture des portes de Parye, et qui s'en prenaient désormais aux caravanes qui s’aventuraient dans les marais alentours pour rejoindre la cité de Cristal, aux convois d’esclaves et autres barges impériales qui remontaient la Seyne, comme autant de prises de guerre ... Quantité de hauts faits qui entretenaient les braises de la révolte et le prestige de ces combattants qui œuvraient dans l’ombre pour recouvrer leur liberté, et que l'occupant ne parvenait à éteindre.
Mais depuis plusieurs semaines déjà, une curieuse rumeur s'était progressivement rependue à travers toute la région. On évoquait çà et là une mystérieuse arme sortie des laboratoires souterrains des savant-sorciers de Londra. Une improbable machine inspirée des travaux d’une électricienne redoutée de Nurnberg, capable de rendre quiconque aussi docile qu'obéissant en anéantissant toute volonté. Plusieurs informateurs invisibles, dont la tâche consistait à rapporter ce qu’ils voyaient ou entendaient, indiquèrent qu’elle avait été récemment confiée à un commandeur local parmi les plus cruels. La jeune femme, originaire de lointaines terres sauvages à jamais enneigées et tourmentées par les vents gelés, avait immédiatement perçu le danger que représentait la présence d'une telle création. Elle savait également que le temps était compté avant que tout espoir ne soit réduit à néant. C’est ainsi, alors même que ses camarades étaient jusqu’à présent réticents à l’idée de s’en prendre à l’homme qui avait laissé derrière lui tant de ruines calcinées et de charniers à ciel ouvert, qu’elle parvint à les convaincre d’agir sans attendre.
Dans le petit bourg de Gaïllon, non loin de la cité martyr de Mur-Haut, un petit groupe de résistants vivait caché, comme une flamme vacillante qui tentait de survivre aux vents glacés de l'occupation granbretonne. Depuis que les légions du roi-empereur avaient déferlé sur le continent, des soldats arborant des heaumes de fer de l'ordre du Rat contrôlaient chaque rue, chaque bâtiment, et leurs patrouilles maintenaient le village sous une poigne de fer. Mais pour quelques âmes rebelles, la soumission n'était pas une option, et une figure s'était rapidement détachée, tant par le nombre de ses exploits que sa beauté saisissante, laquelle contrastait avec la noirceur de ce monde. Elle s’était entourée de plusieurs compagnons d'armes, dont certains ressemblaient fort à leur époque, où le meurtre et la mort servaient de droit de réponse ; des hommes et des femmes qui avaient rejoint la résistance à l’annonce de l’ouverture des portes de Parye, et qui s'en prenaient désormais aux caravanes qui s’aventuraient dans les marais alentours pour rejoindre la cité de Cristal, aux convois d’esclaves et autres barges impériales qui remontaient la Seyne, comme autant de prises de guerre ... Quantité de hauts faits qui entretenaient les braises de la révolte et le prestige de ces combattants qui œuvraient dans l’ombre pour recouvrer leur liberté, et que l'occupant ne parvenait à éteindre.
Mais depuis plusieurs semaines déjà, une curieuse rumeur s'était progressivement rependue à travers toute la région. On évoquait çà et là une mystérieuse arme sortie des laboratoires souterrains des savant-sorciers de Londra. Une improbable machine inspirée des travaux d’une électricienne redoutée de Nurnberg, capable de rendre quiconque aussi docile qu'obéissant en anéantissant toute volonté. Plusieurs informateurs invisibles, dont la tâche consistait à rapporter ce qu’ils voyaient ou entendaient, indiquèrent qu’elle avait été récemment confiée à un commandeur local parmi les plus cruels. La jeune femme, originaire de lointaines terres sauvages à jamais enneigées et tourmentées par les vents gelés, avait immédiatement perçu le danger que représentait la présence d'une telle création. Elle savait également que le temps était compté avant que tout espoir ne soit réduit à néant. C’est ainsi, alors même que ses camarades étaient jusqu’à présent réticents à l’idée de s’en prendre à l’homme qui avait laissé derrière lui tant de ruines calcinées et de charniers à ciel ouvert, qu’elle parvint à les convaincre d’agir sans attendre.
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La nuit était tombée, et les ténèbres couvraient le bourg d’un linceul funeste. Les ruelles étaient désertes, et seuls les pas métalliques des patrouilles résonnaient au loin. Cachée dans l’obscurité, elle attendait son heure, observant le bâtiment où l’officier avait pris ses quartiers, un édifice froid et austère, gardé par une douzaine de soldats armés de lances-feu. Ne pouvant s'infiltrer dans l’édifice sans aide extérieure, elle profita que ses camardes fassent diversion pour se glisser, silencieuse et invisible. Son objectif était simple : trouver l’artefact et le détruire dès que possible. Une fois à l’intérieur, il lui fallut encore franchir un véritable dédale de couloirs froids, de lourdes portes et d’escaliers en colimaçon avant de mettre la main dessus. Posée sur une large table en chêne, une mallette reliée à un étrange mécanisme hérité de l’Âge d’Or était ouverte et clignotait en émettant des sons improbables. Mais alors qu’elle s’approchait pour l’examiner, elle sentit une présence derrière elle et se retourna rapidement. Là, tapis dans l’ombre, se tenait le commandeur en personne. Immobile, il semblait l'attendre, son armure étincelant à la lueur tremblante d’une lampe à huile, la tête couverte d’un masque métallique incrusté de gemmes et ciselé d’argent, modelé pour ressembler à une tête de rat.
— Je savais que tu viendrais, dit-il d’une voix grave qui résonna comme un coup de tonnerre. Les êtres de ton espèce finissent toujours par se montrer quand on les pousse au désespoir.
Elle sentit une vague de panique l'envahir qu’elle réprima aussitôt, se redressant pour faire face à la masse terrifiante qui s’avançait vers elle.
— Tu ne comprends pas ce que tu fais, répondit-elle d'une voix teintée de colère. Cette ... cette chose va détruire tout ce que tu rêves de contrôler ! Elle nous asservira, oui, mais elle brisera aussi tout ce qui nous reste d’humanité. Es-tu réellement prêt à sacrifier ton propre plaisir uniquement pour satisfaire les ambitions de ton maître ?!
— Voyons, ne soit pas naïve. Ton pays est aux deux tiers conquis et les derniers duchés qui résistent encore vont bientôt tomber. Quant à cette ville ... elle est déjà morte ! Nous ne faisons que transformer ses ruines en quelque chose d'utile.
Il s'approcha lentement, cependant que la lumière soulignait la silhouette élancée et athlétique de sa jeune proie, dont la longue chevelure fauve et serpentine semblait absorber la lumière autour de son visage. Il plongea son regard dans le sien avec une assurance tranquille, ignorant tout de l'effet que ce dernier, d'un vert intense et perçant, provoquait sur ceux qui osait le soutenir.
— On m'a dit que tu étais différente, spéciale même ... Certains parmi tes congénères affirment que tu es insaisissable, et d’autres te prêtent volontiers des aptitudes fantastiques. Je me demandais si nous aurions l'occasion de nous rencontrer, et te voilà devant moi, femelle.
Elle sentit son cœur battre plus fort, mais ne laissa rien paraître. Elle se tenait là, immobile mais vibrante, à l'instar d'une bête féroce prête à bondir, attentive au moindre de ses mouvements.
— Tu ne sais rien de moi, répondit-elle calmement, son regard toujours plongé dans le sien. Ce pays n'est pas le mien et que je n'ai que faire des rumeurs qui circulent à mon propos.
— Peut-être, admit-il, mais je sais que tu n'iras pas plus loin. Cette "chose" fera tomber les places fortes les mieux défendues sans même un combat, et tu ne l'emporteras pas avec toi.
— Peut-être, répéta-t-elle avec un léger sourire. Ou peut-être que c’est toi et tes semblables qui ne comprennent rien. Aucune de vos expériences ne saurait rivaliser avec notre Terre-Mère et les connaissances de nos Aînés. Votre sorcellerie savante ne suffira pas à soutenir le projet de conquête de votre empereur, quand bien même ses légions se livreraient aux pires atrocités. Nous ne nous avouerons jamais vaincus, tu comprends ? Jamais !
— La "Terre-Mère" ... Vos "Aînés" ... Mais de quoi parles-tu, pauvre folle ?!
Se faisant, elle leva délicatement la main et effleura d’un geste léger, presque intime, le bord de l’armure de l’officier, comme si elle étudiait la texture du métal froid. Ses yeux sondaient les réactions de son interlocuteur, guettant le moindre signe de faiblesse.
— Ah, je vois. Je comprends maintenant ce que tu es réellement, poursuivit-il. Une misérable fille de joie qui croit sans doute qu’un simple sourire suffit pour attirer la convoitise.
Et alors qu’il saisit brusquement son poignet, elle laissa échapper une violente pulsation d'énergie qui le fit reculer. Ses pupilles se mirent à briller d’une lueur insolite, surnaturelle, telles des émeraudes enflammées. Le choc de cette révélation sembla surprendre le granbreton.
— C'est donc ça ton secret ?! Tu es une mutante, s'exclama-t-il avec un mélange de surprise et de dégoût dans la voix. Une saloperie grotesque qui se terre très certainement dans une bauge abandonnée ... Je comprends mieux comment tu es parvenue à nous échapper aussi longtemps. Je devrais te tuer, ici et maintenant, mais je pense que les Serpents apprécieront te trouver vivante. Ils adorent disséquer ce qu'ils ne comprennent pas !
Toujours entravée, son regard se fit plus intense, presque incandescent. Se sachant démasquée, elle concentra son énergie pour désorienter son adversaire, brouillant presque instantanément sa perception. Le sourire qui effleura ses lèvres n’avait rien d’innocent. Doucement, elle rapprocha son visage, jusqu’à ce que leurs souffles se mêlent. Une tension écrasante pesait dans l’air, et il sentit son corps se raidir, partagé entre l’envie irrépressible de céder à cette attraction magnétique et la terreur de ce qu’elle éveillait en lui.
— Tu ressens ça, murmura-t-elle à voix basse.
Il n’était plus qu’un pantin, incapable d’entreprendre quoi que ce soit. Elle poursuivit, la voix chargée d’une séduction crue :
— Inutile d'espérer, tu ne peux rien contre moi.
Et elle avait raison. Il sentit bientôt son esprit vulnérable se faire dévorer par la puissance brute de sa présence. Ses pensées se dispersaient lentement, comme aspirées dans l’abîme de son regard. Puis, d’un mouvement félin, elle se libéra complètement, saisit la précieuse mallette et se précipita vers la fenêtre avant de disparaitre dans les ténèbres. Derrière elle, le commandeur resta figé sur place, les pupilles vitreuses. Tout ce qui avait fait de lui un être supérieur avait définitivement disparu. Ce n’était pas seulement son libre-arbitre qui s’était éteint, mais son âme toute entière, consumée à jamais par cette créature redoutable, fille du Tragique Millénaire, figure ambigüe de l’horreur et de la beauté.
La nuit était tombée, et les ténèbres couvraient le bourg d’un linceul funeste. Les ruelles étaient désertes, et seuls les pas métalliques des patrouilles résonnaient au loin. Cachée dans l’obscurité, elle attendait son heure, observant le bâtiment où l’officier avait pris ses quartiers, un édifice froid et austère, gardé par une douzaine de soldats armés de lances-feu. Ne pouvant s'infiltrer dans l’édifice sans aide extérieure, elle profita que ses camardes fassent diversion pour se glisser, silencieuse et invisible. Son objectif était simple : trouver l’artefact et le détruire dès que possible. Une fois à l’intérieur, il lui fallut encore franchir un véritable dédale de couloirs froids, de lourdes portes et d’escaliers en colimaçon avant de mettre la main dessus. Posée sur une large table en chêne, une mallette reliée à un étrange mécanisme hérité de l’Âge d’Or était ouverte et clignotait en émettant des sons improbables. Mais alors qu’elle s’approchait pour l’examiner, elle sentit une présence derrière elle et se retourna rapidement. Là, tapis dans l’ombre, se tenait le commandeur en personne. Immobile, il semblait l'attendre, son armure étincelant à la lueur tremblante d’une lampe à huile, la tête couverte d’un masque métallique incrusté de gemmes et ciselé d’argent, modelé pour ressembler à une tête de rat.
— Je savais que tu viendrais, dit-il d’une voix grave qui résonna comme un coup de tonnerre. Les êtres de ton espèce finissent toujours par se montrer quand on les pousse au désespoir.
Elle sentit une vague de panique l'envahir qu’elle réprima aussitôt, se redressant pour faire face à la masse terrifiante qui s’avançait vers elle.
— Tu ne comprends pas ce que tu fais, répondit-elle d'une voix teintée de colère. Cette ... cette chose va détruire tout ce que tu rêves de contrôler ! Elle nous asservira, oui, mais elle brisera aussi tout ce qui nous reste d’humanité. Es-tu réellement prêt à sacrifier ton propre plaisir uniquement pour satisfaire les ambitions de ton maître ?!
— Voyons, ne soit pas naïve. Ton pays est aux deux tiers conquis et les derniers duchés qui résistent encore vont bientôt tomber. Quant à cette ville ... elle est déjà morte ! Nous ne faisons que transformer ses ruines en quelque chose d'utile.
Il s'approcha lentement, cependant que la lumière soulignait la silhouette élancée et athlétique de sa jeune proie, dont la longue chevelure fauve et serpentine semblait absorber la lumière autour de son visage. Il plongea son regard dans le sien avec une assurance tranquille, ignorant tout de l'effet que ce dernier, d'un vert intense et perçant, provoquait sur ceux qui osait le soutenir.
— On m'a dit que tu étais différente, spéciale même ... Certains parmi tes congénères affirment que tu es insaisissable, et d’autres te prêtent volontiers des aptitudes fantastiques. Je me demandais si nous aurions l'occasion de nous rencontrer, et te voilà devant moi, femelle.
Elle sentit son cœur battre plus fort, mais ne laissa rien paraître. Elle se tenait là, immobile mais vibrante, à l'instar d'une bête féroce prête à bondir, attentive au moindre de ses mouvements.
— Tu ne sais rien de moi, répondit-elle calmement, son regard toujours plongé dans le sien. Ce pays n'est pas le mien et que je n'ai que faire des rumeurs qui circulent à mon propos.
— Peut-être, admit-il, mais je sais que tu n'iras pas plus loin. Cette "chose" fera tomber les places fortes les mieux défendues sans même un combat, et tu ne l'emporteras pas avec toi.
— Peut-être, répéta-t-elle avec un léger sourire. Ou peut-être que c’est toi et tes semblables qui ne comprennent rien. Aucune de vos expériences ne saurait rivaliser avec notre Terre-Mère et les connaissances de nos Aînés. Votre sorcellerie savante ne suffira pas à soutenir le projet de conquête de votre empereur, quand bien même ses légions se livreraient aux pires atrocités. Nous ne nous avouerons jamais vaincus, tu comprends ? Jamais !
— La "Terre-Mère" ... Vos "Aînés" ... Mais de quoi parles-tu, pauvre folle ?!
Se faisant, elle leva délicatement la main et effleura d’un geste léger, presque intime, le bord de l’armure de l’officier, comme si elle étudiait la texture du métal froid. Ses yeux sondaient les réactions de son interlocuteur, guettant le moindre signe de faiblesse.
— Ah, je vois. Je comprends maintenant ce que tu es réellement, poursuivit-il. Une misérable fille de joie qui croit sans doute qu’un simple sourire suffit pour attirer la convoitise.
Et alors qu’il saisit brusquement son poignet, elle laissa échapper une violente pulsation d'énergie qui le fit reculer. Ses pupilles se mirent à briller d’une lueur insolite, surnaturelle, telles des émeraudes enflammées. Le choc de cette révélation sembla surprendre le granbreton.
— C'est donc ça ton secret ?! Tu es une mutante, s'exclama-t-il avec un mélange de surprise et de dégoût dans la voix. Une saloperie grotesque qui se terre très certainement dans une bauge abandonnée ... Je comprends mieux comment tu es parvenue à nous échapper aussi longtemps. Je devrais te tuer, ici et maintenant, mais je pense que les Serpents apprécieront te trouver vivante. Ils adorent disséquer ce qu'ils ne comprennent pas !
Toujours entravée, son regard se fit plus intense, presque incandescent. Se sachant démasquée, elle concentra son énergie pour désorienter son adversaire, brouillant presque instantanément sa perception. Le sourire qui effleura ses lèvres n’avait rien d’innocent. Doucement, elle rapprocha son visage, jusqu’à ce que leurs souffles se mêlent. Une tension écrasante pesait dans l’air, et il sentit son corps se raidir, partagé entre l’envie irrépressible de céder à cette attraction magnétique et la terreur de ce qu’elle éveillait en lui.
— Tu ressens ça, murmura-t-elle à voix basse.
Il n’était plus qu’un pantin, incapable d’entreprendre quoi que ce soit. Elle poursuivit, la voix chargée d’une séduction crue :
— Inutile d'espérer, tu ne peux rien contre moi.
Et elle avait raison. Il sentit bientôt son esprit vulnérable se faire dévorer par la puissance brute de sa présence. Ses pensées se dispersaient lentement, comme aspirées dans l’abîme de son regard. Puis, d’un mouvement félin, elle se libéra complètement, saisit la précieuse mallette et se précipita vers la fenêtre avant de disparaitre dans les ténèbres. Derrière elle, le commandeur resta figé sur place, les pupilles vitreuses. Tout ce qui avait fait de lui un être supérieur avait définitivement disparu. Ce n’était pas seulement son libre-arbitre qui s’était éteint, mais son âme toute entière, consumée à jamais par cette créature redoutable, fille du Tragique Millénaire, figure ambigüe de l’horreur et de la beauté.
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Véritable monument de la littérature fantastique, le cycle d’Hawkmoon est l’une des créations les plus populaires de l’écrivain britannique Michael John Moorcock. Œuvre sans égal à l’imaginaire débridé, il dépeind le monde d’après, peuplé de créatures mutantes et d’armes de guerre issues d’une science baroque, et surtout une force maléfique parmi les plus fascinantes que la fantasy ait jamais créée : le ténébreux empire Granbreton ... Cette nouvelle adaptation, la quatrième, prend place dans une Europe post-apocalyptique meurtrie par les événements du Tragique Millénaire, théâtre d’un combat sans merci entre les légions du roi-empereur et des groupes de rebelles luttant pour la liberté.
Véritable monument de la littérature fantastique, le cycle d’Hawkmoon est l’une des créations les plus populaires de l’écrivain britannique Michael John Moorcock. Œuvre sans égal à l’imaginaire débridé, il dépeind le monde d’après, peuplé de créatures mutantes et d’armes de guerre issues d’une science baroque, et surtout une force maléfique parmi les plus fascinantes que la fantasy ait jamais créée : le ténébreux empire Granbreton ... Cette nouvelle adaptation, la quatrième, prend place dans une Europe post-apocalyptique meurtrie par les événements du Tragique Millénaire, théâtre d’un combat sans merci entre les légions du roi-empereur et des groupes de rebelles luttant pour la liberté.
Véritable monument de la littérature fantastique, le cycle d’Hawkmoon est l’une des créations les plus populaires de l’écrivain britannique Michael John Moorcock. Œuvre sans égal à l’imaginaire débridé, il dépeind le monde d’après, peuplé de créatures mutantes et d’armes de guerre issues d’une science baroque, et surtout une force maléfique parmi les plus fascinantes que la fantasy ait jamais créée : le ténébreux empire Granbreton ... Cette nouvelle adaptation, la quatrième, prend place dans une Europe post-apocalyptique meurtrie par les événements du Tragique Millénaire, théâtre d’un combat sans merci entre les légions du roi-empereur et des groupes de rebelles luttant pour la liberté.