LA MARIÉE ÉTAIT EN NOIR
UNE NOUVELLE DÉSESPÉRÉMENT MONOCHROME
Temps de lecture : 6-8 minutes
Auteur : Récits Polyédriques © 2025
La présente nouvelle rend hommage aux récits noirs plébiscités dans les années 1950, à l'image du roman policier éponyme de William Irish publié en 1946, lequel sera adapté au cinéma en 1968 par François Truffaut sous le même titre ; sombre histoire d'une implacable vengeance conduite par une femme mystérieuse qui paraît tuer ses victimes de sang-froid.
L'illustration utilisée ici est l'œuvre de l'artiste conceptuel indépendant russe Kirill Repin, lequel collabore depuis 2016 avec de nombreux studios internationaux de développement de jeux vidéo, ainsi que différentes maisons d'édition de bandes dessinées, pour lesquelles il réalise des couvertures plébiscitées par les lecteurs.
Bien des criminels n’ont jamais été démasqués – et toujours pour la même raison : il y a quelque chose de pourri, quelque part ; des amis, de l’influence, de l’argent. Mais il n’y a jamais eu, dans toute l’histoire criminelle de notre pays, une affaire que l’on ait tenté d’étouffer aussi complètement.
Inspecteur de police Lew Wanger
La mariée était en noir, William Irish, 1946
Bien des criminels n’ont jamais été démasqués – et toujours pour la même raison : il y a quelque chose de pourri, quelque part ; des amis, de l’influence, de l’argent. Mais il n’y a jamais eu, dans toute l’histoire criminelle de notre pays, une affaire que l’on ait tenté d’étouffer aussi complètement.
Inspecteur de police Lew Wanger
La mariée était en noir, William Irish, 1946
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L'impact des gouttes sur la carrosserie rappela à la jeune femme, actrice débutante à la beauté ineffable, qu'il valait mieux rentrer, à présent que l'averse s'intensifiait. Mais sa curiosité était la plus forte.
— Je peux vous poser une question ?
— Bien sûr. Il est indispensable que les termes de notre accord soient parfaitement clairs.
— Non, ce n'est pas ça ... De ce côté-là, tout est clair. Vous allez me trouver stupide, mais ... Pourquoi êtes-vous habillé tout en noir ?
L'homme assis sur le siège passager demeura silencieux, cependant qu'il fixait le capot ruisselant de pluie.
— Oh, je n'aurais pas dû ... Oubliez ça !
Intrigué, il se tourna lentement vers le visage au teint de porcelaine encadré d'une épaisse chevelure blond platine, sculptée par la lumière du plafonnier. Et alors que ses yeux plongeaient dans son regard gris clair, tout juste voilé par la fumée d'une cigarette, il se dit qu'une telle créature, mélange explosif de candeur et de sensualité, pouvait entraîner n'importe quel homme au bout du monde, lui y compris.
— C'est une drôle de question, Madame Hawks.
— Désolée. C'est que je n'ai pas l'habitude de me retrouver comme ça ... le soir, dans une voiture, avec ...
Il leva une main gantée de noir pour l'interrompre, lui épargnant ainsi la recherche d'un qualificatif.
— Ce genre d'affaire requiert la plus grande discrétion.
— Oui, oui, je comprends ! C'est idiot de ma part ... Dans l'idée que je m'en faisais, cela se passerait plutôt dans un bar, vous voyez ? Un endroit avec beaucoup de monde ...
Il éclata d'un rire rauque.
— Et vous porteriez des lunettes noires, je suppose ! Pffff ...
Il secoua la tête et elle aperçut dans son cou une longue cicatrice. Elle détourna le regard, mal à l'aise.
— Non. Croyez-moi Madame Hawks, le plus sûr est encore une rencontre nocturne sur une route isolée.
— Vous avez raison. Après tout, c'est vous le professionnel !
Elle se mit à rire, elle aussi. Sans doute pour se donner une contenance que par réelle envie, mais il sembla apprécier, si bien qu'elle finit par se détendre.
— Vous vous habillez toujours en noir ?
Il lui jeta un regard qu'elle ne sut interpréter. Peut-être n'aurait-elle pas dû insister.
— Si je vous dis que c'est parce que ça fait plus sérieux, vous me croirez ?
Elle sourit sans répondre, ne sachant s'il se moquait d'elle ou pas. À son immense soulagement, il poursuivit.
— La mort, c'est sérieux, vous savez. Ce n’est pas pour rien si les croque-morts sont habillés en noir. Les prêtres aussi, tout pareil ...
— J'avoue n'avoir jamais fait le parallèle.
— Après tout, on fait tous un peu le même métier. On s'occupe de la mort. C'est juste que l’on n'intervient pas au même moment.
— Je n'y avais pas songé, en effet.
Pour tout dire, elle était un peu déconcertée par ces considérations philosophiques. Aussi préféra-t-elle revenir à des aspects pratiques plus à sa portée.
— Je croyais que c'était pour les taches.
— Quelles taches ?
— Les taches de sang, évidemment ! Sur le noir, ça se voit moins. Ça doit arriver souvent dans votre métier, j'imagine.
Il lui lança un regard offensé.
— Vous vous faites une fausse idée. Je mets un point d'honneur à travailler proprement et je veille toujours à ce que tout soit impeccable après mon passage.
— Un peu comme les peintres, en somme !
— Je ne sais pas, je n'ai jamais été peintre ...
Fronçant les sourcils, il sembla réfléchir un instant.
— Et je ne suis pas sûr que l'exemple soit bon. Ils sont habillés en blanc, les peintres, non ?
— Oui. C'est étrange d'ailleurs ...
C'est vrai, elle n'y avait jamais pensé. Elle resta songeuse un instant, jusqu'à ce que l'homme l'interrompe dans ses réflexions.
— Pas tant que ça. Ils n'ont pas besoin de cacher les taches, eux.
— Mais je croyais que vous n'en faisiez pas ?!
Il la foudroya du regard, manifestement agacé par ce trait d'humour.
— Cela dépendra de vous, Madame Hawks ! De la façon dont vous voudrez que je procède.
— Comment ça, la façon dont je voudrai que vous procédiez ? C'est vous le professionnel, non ?
— Certains clients ont des préférences. Les uns veulent que ce soit rapide et sans douleur. Les autres, moins. Le client est roi !
Elle le regarda avec stupeur.
— J'avoue ne pas avoir réfléchis à cela. Je ne sais pas trop. D'un côté, je serai tentée par le moins rapide, vu ce que ce salaud m'a fait subir depuis qu'il a rencontré cette garce ... D'un autre, ce ne serait pas très élégant de ma part vu l'argent qu'il va me laisser.
— Par contre, attention, je reste dans les classiques : strangulation, arme blanche, noyade ... Pas de fioritures.
— Qu'entendez-vous par fioritures ?
— Tortures, mutila...
— Mon Dieu ! Comment peut-on envisager de telles choses ?!
— Je suis bien d'accord avec vous, Madame Hawks. Mais que voulez-vous, de nos jours, le métier se perd. Moi, je travaille encore à l'ancienne. Avec des principes. Alors, on fait quoi ?
— Je vous laisse juge.
— Très bien. Dans ce cas, je ferai à ma manière.
— Et ... quand cela se produira-t-il ? demanda-t-elle avec une pointe d'exitation dans la voix.
— Secret professionnel. Sachez seulement que je n'interviens que la nuit et que j'approche toujours mes contrats une première fois avant ... de les exécuter. Il s'agit d'être tout à fait certain que je ne me trompe pas de cible, vous comprenez ?
— Ah ... oui, oui. Je comprends.
— Tout cela pour vous dire que cela peu prendre un peu de temps. Vous allez devoir vous montrer patiente. Mais pas d'inquiétude, vous aurez très vite de mes nouvelles.
La jeune femme passa les jours qui suivirent dans un état d'excitation indescriptible. Partagée entre culpabilité et soulagement anticipé, elle regardait son mari différemment ; de manière trop appuyée sans doute, car il lui sembla qu'à son tour, il la considérait autrement. Elle devait faire attention à ce qu'il ne se doute de rien. Aussi fit-elle des efforts pour adopter une attitude conforme à l'habitude. Jusqu'à ce soir de décembre 1952.
— Bon sang, vous m'avez fait peur ! Je croyais qu'un rôdeur était entré dans le jardin.
— Désolé, Madame Hawks. Je ne voulais pas vous effrayer.
Elle fit un geste pour couper court à ses excuses tout en riant de sa couardise.
— Avec votre costume noir, la nuit, on ne vous voit pas ! Je comprends mieux le choix de la couleur, maintenant.
— Vous êtes très perspicace.
La pénombre l'empêcha de la voir rougir, troublée par le compliment.
— Mais que faites-vous là en pleine nuit ?! Il est hors de question que cela se passe ici ! De toute façon, mon mari n'est pas encore rentré.
— Ne vous inquiétez pas. Je fais toujours en sorte que le commanditaire soit éloigné du lieu ... où les choses se produisent.
— Bien. Alors que faites-vous ici ? Je vous ai dit qu'Howard restait jusque tard le soir aux studios de la Fox, sur Pico Boulevard. Il réalise un film musical avec Jane Russell et Marilyn Monroe. Vous n'avez pas oublié tout de même ?
— Effectivement, vous m'avez déjà fourni toutes ces précieuses informations.
— Il doit y être à cette heure. Je l'y ai encore vu cet après-midi en compagnie de son scénariste, Charles Lederer, et sa charmante épouse, Anne.
— Moi aussi.
Elle le dévisagea, incrédule, avant de comprendre enfin.
— Mon Dieu, c'est fait ? Je n'arrive pas à y croire !
Le visage enfoui dans les mains, elle riait maintenant, en proie à une crise de nerfs.
— Madame Hawks ...
— Oui. Eh bien, écoutez ... J'ai une totale confiance en vous, bien sûr, mais vous comprendrez que j'ai besoin d'avoir la confirmation de sa mort avant de vous verser le reste de la somme. Je veux donc m'assurer ...
— Je comprends parfaitement.
Elle se détendit et lui adressa un large sourire.
— Merci de m'avoir prévenue en tout cas ! Je vous dis donc à très bientôt. Je vais me préparer. La nuit promet d'être longue !
— Vous êtes très bien ainsi. Cette chemise de nuit de satin noir vous va à ravir.
— Merci ... Bon, et bien, je ne vous retiens pas. Il ne faudrait pas que l'on nous voie ensemble.
— On ne risque pas de nous voir. Vous l'avez dit vous-même. Le noir, en pleine nuit ...
Il se rapprocha d'elle, presqu'à la toucher.
— À dire vrai, je pensais rester quelques instants.
— Il est déjà fort tard ...
— Le travail, Madame Hawks, le travail ...
— Je ne comprends pas...
— Je suis navré, Madame Hawks.
— Mais nous avions un accord ...
— Lequel a fortement déplu à Monsieur Hawks, ainsi que sa nouvelle compagne d'ailleurs, Madame Hartford. À ce propos, Monsieur Hawks a cru bon me préciser que vous n'étiez plus vraiment mariés, et ce après qu’il ait fait appel à un ancien camarade de Cambridge devenu depuis sénateur ... Sans doute est-ce pourquoi il aura souhaité m'en offrir le double.
— Mais je vous ai payé !
— C'est très généreux de votre part, Madame ... Moller. Michelle, c'est bien ça ? Je crains cependant de ne pouvoir vous rembourser, compte tenu de votre disparition brutale. Disons que votre avance fera office de bonus.
— Mais que faites-vous ?!
— Là, Madame Moller, là ... Ce sera rapide. Et sans taches !
— Arrê...
— Comme vous le constatez, Monsieur Hawks a choisi la strangulation.
— ...
— Pas très agréable, j'en conviens. Mais très propre.
— ...
— Je me dépêche, Madame Moller. Je me dépêche.
L'impact des gouttes sur la carrosserie rappela à la jeune femme, actrice débutante à la beauté ineffable, qu'il valait mieux rentrer, à présent que l'averse s'intensifiait. Mais sa curiosité était la plus forte.
— Je peux vous poser une question ?
— Bien sûr. Il est indispensable que les termes de notre accord soient parfaitement clairs.
— Non, ce n'est pas ça ... De ce côté-là, tout est clair. Vous allez me trouver stupide, mais ... Pourquoi êtes-vous habillé tout en noir ?
L'homme assis sur le siège passager demeura silencieux, cependant qu'il fixait le capot ruisselant de pluie.
— Oh, je n'aurais pas dû ... Oubliez ça !
Intrigué, il se tourna lentement vers le visage au teint de porcelaine encadré d'une épaisse chevelure blond platine, sculptée par la lumière du plafonnier. Et alors que ses yeux plongeaient dans son regard gris clair, tout juste voilé par la fumée d'une cigarette, il se dit qu'une telle créature, mélange explosif de candeur et de sensualité, pouvait entraîner n'importe quel homme au bout du monde, lui y compris.
— C'est une drôle de question, Madame Hawks.
— Désolée. C'est que je n'ai pas l'habitude de me retrouver comme ça ... le soir, dans une voiture, avec ...
Il leva une main gantée de noir pour l'interrompre, lui épargnant ainsi la recherche d'un qualificatif.
— Ce genre d'affaire requiert la plus grande discrétion.
— Oui, oui, je comprends ! C'est idiot de ma part ... Dans l'idée que je m'en faisais, cela se passerait plutôt dans un bar, vous voyez ? Un endroit avec beaucoup de monde ...
Il éclata d'un rire rauque.
— Et vous porteriez des lunettes noires, je suppose ! Pffff ...
Il secoua la tête et elle aperçut dans son cou une longue cicatrice. Elle détourna le regard, mal à l'aise.
— Non. Croyez-moi Madame Hawks, le plus sûr est encore une rencontre nocturne sur une route isolée.
— Vous avez raison. Après tout, c'est vous le professionnel !
Elle se mit à rire, elle aussi. Sans doute pour se donner une contenance que par réelle envie, mais il sembla apprécier, si bien qu'elle finit par se détendre.
— Vous vous habillez toujours en noir ?
Il lui jeta un regard qu'elle ne sut interpréter. Peut-être n'aurait-elle pas dû insister.
— Si je vous dis que c'est parce que ça fait plus sérieux, vous me croirez ?
Elle sourit sans répondre, ne sachant s'il se moquait d'elle ou pas. À son immense soulagement, il poursuivit.
— La mort, c'est sérieux, vous savez. Ce n’est pas pour rien si les croque-morts sont habillés en noir. Les prêtres aussi, tout pareil ...
— J'avoue n'avoir jamais fait le parallèle.
— Après tout, on fait tous un peu le même métier. On s'occupe de la mort. C'est juste que l’on n'intervient pas au même moment.
— Je n'y avais pas songé, en effet.
Pour tout dire, elle était un peu déconcertée par ces considérations philosophiques. Aussi préféra-t-elle revenir à des aspects pratiques plus à sa portée.
— Je croyais que c'était pour les taches.
— Quelles taches ?
— Les taches de sang, évidemment ! Sur le noir, ça se voit moins. Ça doit arriver souvent dans votre métier, j'imagine.
Il lui lança un regard offensé.
— Vous vous faites une fausse idée. Je mets un point d'honneur à travailler proprement et je veille toujours à ce que tout soit impeccable après mon passage.
— Un peu comme les peintres, en somme !
— Je ne sais pas, je n'ai jamais été peintre ...
Fronçant les sourcils, il sembla réfléchir un instant.
— Et je ne suis pas sûr que l'exemple soit bon. Ils sont habillés en blanc, les peintres, non ?
— Oui. C'est étrange d'ailleurs ...
C'est vrai, elle n'y avait jamais pensé. Elle resta songeuse un instant, jusqu'à ce que l'homme l'interrompe dans ses réflexions.
— Pas tant que ça. Ils n'ont pas besoin de cacher les taches, eux.
— Mais je croyais que vous n'en faisiez pas ?!
Il la foudroya du regard, manifestement agacé par ce trait d'humour.
— Cela dépendra de vous, Madame Hawks ! De la façon dont vous voudrez que je procède.
— Comment ça, la façon dont je voudrai que vous procédiez ? C'est vous le professionnel, non ?
— Certains clients ont des préférences. Les uns veulent que ce soit rapide et sans douleur. Les autres, moins. Le client est roi !
Elle le regarda avec stupeur.
— J'avoue ne pas avoir réfléchis à cela. Je ne sais pas trop. D'un côté, je serai tentée par le moins rapide, vu ce que ce salaud m'a fait subir depuis qu'il a rencontré cette garce ... D'un autre, ce ne serait pas très élégant de ma part vu l'argent qu'il va me laisser.
— Par contre, attention, je reste dans les classiques : strangulation, arme blanche, noyade ... Pas de fioritures.
— Qu'entendez-vous par fioritures ?
— Tortures, mutila...
— Mon Dieu ! Comment peut-on envisager de telles choses ?!
— Je suis bien d'accord avec vous, Madame Hawks. Mais que voulez-vous, de nos jours, le métier se perd. Moi, je travaille encore à l'ancienne. Avec des principes. Alors, on fait quoi ?
— Je vous laisse juge.
— Très bien. Dans ce cas, je ferai à ma manière.
— Et ... quand cela se produira-t-il ? demanda-t-elle avec une pointe d'exitation dans la voix.
— Secret professionnel. Sachez seulement que je n'interviens que la nuit et que j'approche toujours mes contrats une première fois avant ... de les exécuter. Il s'agit d'être tout à fait certain que je ne me trompe pas de cible, vous comprenez ?
— Ah ... oui, oui. Je comprends.
— Tout cela pour vous dire que cela peu prendre un peu de temps. Vous allez devoir vous montrer patiente. Mais pas d'inquiétude, vous aurez très vite de mes nouvelles.
La jeune femme passa les jours qui suivirent dans un état d'excitation indescriptible. Partagée entre culpabilité et soulagement anticipé, elle regardait son mari différemment ; de manière trop appuyée sans doute, car il lui sembla qu'à son tour, il la considérait autrement. Elle devait faire attention à ce qu'il ne se doute de rien. Aussi fit-elle des efforts pour adopter une attitude conforme à l'habitude. Jusqu'à ce soir de décembre 1952.
— Bon sang, vous m'avez fait peur ! Je croyais qu'un rôdeur était entré dans le jardin.
— Désolé, Madame Hawks. Je ne voulais pas vous effrayer.
Elle fit un geste pour couper court à ses excuses tout en riant de sa couardise.
— Avec votre costume noir, la nuit, on ne vous voit pas ! Je comprends mieux le choix de la couleur, maintenant.
— Vous êtes très perspicace.
La pénombre l'empêcha de la voir rougir, troublée par le compliment.
— Mais que faites-vous là en pleine nuit ?! Il est hors de question que cela se passe ici ! De toute façon, mon mari n'est pas encore rentré.
— Ne vous inquiétez pas. Je fais toujours en sorte que le commanditaire soit éloigné du lieu ... où les choses se produisent.
— Bien. Alors que faites-vous ici ? Je vous ai dit qu'Howard restait jusque tard le soir aux studios de la Fox, sur Pico Boulevard. Il réalise un film musical avec Jane Russell et Marilyn Monroe. Vous n'avez pas oublié tout de même ?
— Effectivement, vous m'avez déjà fourni toutes ces précieuses informations.
— Il doit y être à cette heure. Je l'y ai encore vu cet après-midi en compagnie de son scénariste, Charles Lederer, et sa charmante épouse, Anne.
— Moi aussi.
Elle le dévisagea, incrédule, avant de comprendre enfin.
— Mon Dieu, c'est fait ? Je n'arrive pas à y croire !
Le visage enfoui dans les mains, elle riait maintenant, en proie à une crise de nerfs.
— Madame Hawks ...
— Oui. Eh bien, écoutez ... J'ai une totale confiance en vous, bien sûr, mais vous comprendrez que j'ai besoin d'avoir la confirmation de sa mort avant de vous verser le reste de la somme. Je veux donc m'assurer ...
— Je comprends parfaitement.
Elle se détendit et lui adressa un large sourire.
— Merci de m'avoir prévenue en tout cas ! Je vous dis donc à très bientôt. Je vais me préparer. La nuit promet d'être longue !
— Vous êtes très bien ainsi. Cette chemise de nuit de satin noir vous va à ravir.
— Merci ... Bon, et bien, je ne vous retiens pas. Il ne faudrait pas que l'on nous voie ensemble.
— On ne risque pas de nous voir. Vous l'avez dit vous-même. Le noir, en pleine nuit ...
Il se rapprocha d'elle, presqu'à la toucher.
— À dire vrai, je pensais rester quelques instants.
— Il est déjà fort tard ...
— Le travail, Madame Hawks, le travail ...
— Je ne comprends pas...
— Je suis navré, Madame Hawks.
— Mais nous avions un accord ...
— Lequel a fortement déplu à Monsieur Hawks, ainsi que sa nouvelle compagne d'ailleurs, Madame Hartford. À ce propos, Monsieur Hawks a cru bon me préciser que vous n'étiez plus vraiment mariés, et ce après qu’il ait fait appel à un ancien camarade de Cambridge devenu depuis sénateur ... Sans doute est-ce pourquoi il aura souhaité m'en offrir le double.
— Mais je vous ai payé !
— C'est très généreux de votre part, Madame ... Moller. Michelle, c'est bien ça ? Je crains cependant de ne pouvoir vous rembourser, compte tenu de votre disparition brutale. Disons que votre avance fera office de bonus.
— Mais que faites-vous ?!
— Là, Madame Moller, là ... Ce sera rapide. Et sans taches !
— Arrê...
— Comme vous le constatez, Monsieur Hawks a choisi la strangulation.
— ...
— Pas très agréable, j'en conviens. Mais très propre.
— ...
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Publié en 1940, ce roman policier de l'auteur américain William Irish (1903-1968) a pour protagoniste une jeune femme à la beauté étonnante, animée par un impitoyable désir de vengeance, et dont on connaîtra que tardivement le mobile, alors que la chute est plus surprenante encore. Autant prévenir tout de suite : une fois commencée, il est quasiment impossible de renoncer à la lecture de ce thriller haletant, tant les personnages sont étoffés, l'intrigue élaborée et l’angoisse constante ... François Truffaut et Quentin Tarantino ne s'y sont d’ailleurs pas trompés et l’ont tous deux adaptés pour le cinéma, à l’instar d’Alfred Hitchcock, qui s’inspira lui aussi de plusieurs nouvelles de cet autre maître du suspense.
Publié en 1940, ce roman policier de l'auteur américain William Irish (1903-1968) a pour protagoniste une jeune femme à la beauté étonnante, animée par un impitoyable désir de vengeance, et dont on connaîtra que tardivement le mobile, alors que la chute est plus surprenante encore. Autant prévenir tout de suite : une fois commencée, il est quasiment impossible de renoncer à la lecture de ce thriller haletant, tant les personnages sont étoffés, l'intrigue élaborée et l’angoisse constante ... François Truffaut et Quentin Tarantino ne s'y sont d’ailleurs pas trompés et l’ont tous deux adaptés pour le cinéma, à l’instar d’Alfred Hitchcock, qui s’inspira lui aussi de plusieurs nouvelles de cet autre maître du suspense.
Publié en 1940, ce roman policier de l'auteur américain William Irish (1903-1968) a pour protagoniste une jeune femme à la beauté étonnante, animée par un impitoyable désir de vengeance, et dont on connaîtra que tardivement le mobile, alors que la chute est plus surprenante encore. Autant prévenir tout de suite : une fois commencée, il est quasiment impossible de renoncer à la lecture de ce thriller haletant, tant les personnages sont étoffés, l'intrigue élaborée et l’angoisse constante ... François Truffaut et Quentin Tarantino ne s'y sont d’ailleurs pas trompés et l’ont tous deux adaptés pour le cinéma, à l’instar d’Alfred Hitchcock, qui s’inspira lui aussi de plusieurs nouvelles de cet autre maître du suspense.