LA SIRÈNE
DES HAUTS-MARAIS
UNE NOUVELLE POUR THE WITCHER
Temps de lecture : 7-9 minutes
Auteur : Récits Polyédriques © 2025
Cette nouvelle offre une nouvelle vision des sirènes qui règnent sans partage sur les mers qui bordent le Continent. Créatures marines hybrides et polymorphes, elles sont généralement représentées sous la forme de jeunes femmes dotées d'une queue de poisson, de longues griffes acérées et d'ailes puissantes, qui séduisent leurs victimes dans le seul but de les entrainer vers une mort certaine.
L'illustration sélectionnée pour l'occasion est une création de l'artiste français Olivier Ponsonnet, réputé pour ses réalisations en 3d à la beauté intemporelle et actuel directeur artistique des studios de développement de jeux vidéo Asobo.
Une fois en mer, si tu entends une douce voix de femme portée par le vent, change de cap immédiatement. Immédiatement, tu comprends ?! Même si tu dois faire voile sur une tempête, change de cap. Car si elles étaient bienveillantes autrefois, aujourd'hui leur animosité envers les hommes ne fait plus aucun doute et il est plus prudent de les éviter, à défaut de les attaquer à vue.
Arike d'Hindarsfjall
The Witcher 3 : Wild Hunt, CD Projekt Red, 2015
Une fois en mer, si tu entends une douce voix de femme portée par le vent, change de cap immédiatement. Immédiatement, tu comprends ?! Même si tu dois faire voile sur une tempête, change de cap. Car si elles étaient bienveillantes autrefois, aujourd'hui leur animosité envers les hommes ne fait plus aucun doute et il est plus prudent de les éviter, à défaut de les attaquer à vue.
Arike d'Hindarsfjall
The Witcher 3 : Wild Hunt, CD Projekt Red, 2015
*
* *
*
* *
L’automne a amené avec lui les premières pluies et une brume épaisse recouvre l'estuaire de la Laruga, dont les méandres saumâtres sont sans cesse remodelés par les vents et les courants de la Grande Mer. Le modeste village, construit sur les ruines d'une ancienne cité elfique, à quelques dizaines de lieus à peine de la capitale du royaume de Cintra, est traversé par le fleuve qui prend sa source dans les Montagnes Bleues. Chacun a sorti ses couvertures et autres capuchons pour se protéger du froid et ne sort plus que par obligation, préférant la chaleur du foyer au rafales de vent glaciales. Arik rentre de sa livraison de tourbe séchée, les doigts engourdis par les premières gelées. Ses parents sont en train de boire une boisson chaude à base de racines séchées au coin de l'unique feu de la masure, lequel se meure, faute de combustible. Il s’approche et sort de ses poches trois morceaux noirâtres qu’il a récupérés avant de les jeter dans l’âtre, dans un tourbillon d’étincelles et de crépitements qui disparaitront bientôt. Puis il monte dans sa chambre où le givre le prend à la gorge lorsqu’il retire son écharpe. S’approchant de la cuvette emplie d’eau disposée sur sa table de nuit, il se nettoie méthodiquement le visage à l’aide d’un petit miroir que ses parents lui ont offert un an plus tôt, pour ses dix-sept ans. Les traits fatigués, maladifs, il se mord la lèvre inférieure en pensant au lendemain soir. Après tout, peu lui importe, du moment que ça ne la dérange pas, elle. Il a pris sa décision la dernière fois qu’ils sont vus, douze jours plus tôt. Douze jours où chaque minute lui a semblé durer une éternité ... Et pourtant, durant tout ce temps, il n’a rien dit à ses parents ; vouloir épouser une fille sans dot, et d’en face qui plus est, ils vont le déshériter, c'est sûr. Mais il ne désespère pas : bien qu’elle ai deux frères cadets, ils sont encore très jeunes, et ce sera certainement à eux que reviendra la terre de son futur beau-père, si ce dernier est d'accord pour lui donner sa main. Il repose le miroir, chassant de ses pensées un avenir qui lui fait tellement peur, avant de rejoindre ses parents au rez-de-chaussée. Comme il l'avait pressenti, les bouts de charbon se sont tous consumés sans parvenir à réchauffer la pièce.
Au soupé, composé d'un modeste bouillon assorti de petits morceaux de fromage, Arik attend le moment propice pour rompre le silence ... Et lorsqu’il parvint enfin à prendre la parole, ses mots, répétés des centaines de fois, coulent comme un flot libérateur :
— Papa, maman, je voulais vous parler d’une chose importante, et j’espère que vous me pardonnerez ...
L’attention de ses parents lui est dévolue, si bien qu’il continue :
— J’ai rencontré une fille, Alina ... Et je souhaite l’épouser.
C’est fait, c’est dit, le pire reste à venir, mais le jeune homme respire plus librement.
— Et d’où elle est, cette Alina ? interroge son père.
— D’en face ... mais avant qu'ils ne protestent, il poursuit. Son père possède des terres. Ce n'est pas bien grand, mais ses fils ne sont pas assez âgés pour s'en occuper. Nous en vivrons sûrement mieux que sui je devais continuer à livrer du charbon !
L’émotion lui fait monter le feu aux joues, tandis que ses parents gardent le silence, mais il sent que l’orage est proche. Les yeux de son père lancent des éclairs, alors que sa mère fixe obstinément la table, refusant de regarder ce fils qui les quitte. Au bout d’un long moment, il se décide :
— Je traverserai demain soir pour demander sa main.
À sa grande surprise, il n’y a que le silence pour lui répondre. Sans doute ont-ils perçu la résolution qui est la sienne dans sa voix, car, à la fin du repas, ils ne peuvent que dire :
— Prends donc le reste du repas en offrande au fleuve.
Et comme à chaque fois, lui qui n’a jamais cru à toutes ces balivernes et autres histoires d’esprits, il s’y refuse : hors de question de gâcher le moindre repas, alors que la nourriture vient si souvent à manquer. Il n'ignore pas que traverser à gué est toujours une décision dangereuse, que personne ne s’y risque plus sans prendre un bac, mais que ces derniers sont chers et qu'il n’a avec lui d’argent que celui qu’il a durement économisé ces derniers mois. Mais que cela ne tienne, il rejoindra sa promise comme convenu, et rien ne pourra l'en empêcher. Bientôt, alors qu'il est parti se coucher et qu'il entend le cœur serré ses parents murmurer à son propos, il pense à Alina, à leurs retrouvailles et leurs premières récoltes. Le lendemain, il travaille comme à son habitude dans la brume blanche souillée d'une fine poussière qui flotte en permanence dans l’air et lui encrasse les poumons, alors que la tourbe est transformée en charbon dans de grands fours. Lorsqu’il rentre enfin, il fait une rapide toilette puis s’assoit sur son matelas de paille, tâchant de contrôler sa respiration avant de descendre rejoindre ses parents. Ils l’attendent justement en silence dans la cuisine glacée, où ils le supplient une nouvelle fois de prendre avec lui les aumônes qu’ils ont préparé pour l’occasion. Ignorant leurs regards apeurés, il refuse et sort dans le froid mordant en enfilant ses gants. Il fait déjà nuit, et un brouillard laiteux recouvre tout le paysage. La maison n’est pas très éloignée de la berge du fleuve, qu’il atteint rapidement avant de se diriger vers le gué le plus proche, traversant avec détermination les broussailles qui lui barrent le chemin. Tout à coup, une ombre fugitive, presque invisible, paraît se glisser devant lui, au point de le faire sursauter. Un instant hésitant, il reprend finalement sa marche, avant que quelque chose ne le frôle de nouveau et ne disparaisse ; il en est sûr, quelque chose ... d’humain. Effrayé, il se met à tourner sur lui-même en hurlant :
— Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?!
Puisque personne ne semble décidé à lui répondre, il insiste :
— Ohé ! Je sais que vous êtes là ... Qu'est-ce que vous me voulez à la fin ?!
— A'baeth … juste un baiser.
La voix d'une femme, sensuelle et séductrice, vient de susurrer à son oreille. Il veut se retourner, mais ses membres sont comme paralysés. Est-ce l’effroi, la peur, ou quelque chose de surnaturel ? Une bile amère lui entrave la gorge.
— Un baiser ? De quoi parlez-vous ?!
— Il est parfois dangereux de s’aventurer loin de chez soi, qui plus est seul et en pleine nuit.
— ... loin de chez soi ? répète-t-il d’une voix tremblotante.
— Où cours-tu ainsi ? De quoi as-tu peur ?
— Je ... je n'ai pas peur. Je m'en vais sur l'autre rive, de l'autre côté du fl ...
— Chuuutttt ... tais-toi ! ordonne la voix dans un souffle, tout en glissant lentement le long de son flanc.
Apparaît alors la plus magnifique créature qu’il lui a été donné de voir. Son visage angélique, ses lèvres ourlées et son teint de porcelaine, magnifié par la lueur blanchâtre environnante, tranchent avec la noirceur de son regard et de sa chevelure bouclée, longue et soyeuse, et lui donnent l'apparence d'une véritable déesse. Entièrement nue, elle arbore pour unique atour un délicat collier en argent au bout duquel pend une gemme, juste au-dessus de sa poitrine galbée. Et si ses seins, ronds et fermes, trahissent sa véritable nature ; ses tétons sont vert pâle et l’aréole qui les enveloppe plus claire encore, le malheureux n'en remarque rien.
— Hum ... Joli dh'oine, murmure-t-elle lascivement.
Arik sent son sang se figer lorsqu’elle se mord la lèvre d’un air aguicheur et qu’une fine canine semble trancher, tel un éclair d’acier, la chair pulpeuse. Immobile, ne sachant que dire ou que faire, il ne réagit pas davantage lorsqu’elle se colle à lui pour l’embrasser langoureusement, la tête penchée sur le côté, ou lorsqu’il aperçoit un petit filet sombre sur ses lèvres, avant de comprendre qu’il s’agit de son propre sang, cependant qu’une saveur tiède et métallique envahit sa bouche.
— Détends-toi, tu me plais bien, chuchote-t-elle en le dévisageant de ses prunelles brûlantes.
Troublé, il entreprend d'effleurer le satin de sa peau frémissante, laissant ses mains glisser le long de son dos et de ses hanches, dans de douces caresses. Puis, avec un soupçon d'insolence, il saisit un téton avant de le pincer et de le faire rouler délicatement, si bien qu'elle laisse échapper un long soupir de satisfaction. Déjà, il ne peut plus détacher son regard du sien, sa respiration se fait de plus en plus irrégulière et il la couvre de baisers, ensorcelé par son parfum enivrant. Faisant fi du froid qui l'engourdi lentement, ses doigts se font plus curieux, remontant le long de ses cuisses, tandis qu'elle gémit de plaisir. Envoûté par ce corps parfait aux courbes voluptueuses, il sent à peine la douleur alors que le temps semble s'être arrêté et qu'elle se tient à présent sur lui, toute entière rejetée en arrière, capturant son esprit dans un lent mouvement de va-et-vient. Mais alors qu’un voile noir tombe lentement devant ses yeux et qu’il s’apprête à plonger dans le néant, il aperçoit la silhouette de son aimée qui s’éloigne précipitamment après être venue à sa rencontre. Au prix d’un effort considérable, il parvient à supplier dans un dernier souffle :
— Non, non, Alina, ne pars pas. Je t’en prie ...
L’automne a amené avec lui les premières pluies et une brume épaisse recouvre l'estuaire de la Laruga, dont les méandres saumâtres sont sans cesse remodelés par les vents et les courants de la Grande Mer. Le modeste village, construit sur les ruines d'une ancienne cité elfique, à quelques dizaines de lieus à peine de la capitale du royaume de Cintra, est traversé par le fleuve qui prend sa source dans les Montagnes Bleues. Chacun a sorti ses couvertures et autres capuchons pour se protéger du froid et ne sort plus que par obligation, préférant la chaleur du foyer au rafales de vent glaciales. Arik rentre de sa livraison de tourbe séchée, les doigts engourdis par les premières gelées. Ses parents sont en train de boire une boisson chaude à base de racines séchées au coin de l'unique feu de la masure, lequel se meure, faute de combustible. Il s’approche et sort de ses poches trois morceaux noirâtres qu’il a récupérés avant de les jeter dans l’âtre, dans un tourbillon d’étincelles et de crépitements qui disparaitront bientôt. Puis il monte dans sa chambre où le givre le prend à la gorge lorsqu’il retire son écharpe. S’approchant de la cuvette emplie d’eau disposée sur sa table de nuit, il se nettoie méthodiquement le visage à l’aide d’un petit miroir que ses parents lui ont offert un an plus tôt, pour ses dix-sept ans. Les traits fatigués, maladifs, il se mord la lèvre inférieure en pensant au lendemain soir. Après tout, peu lui importe, du moment que ça ne la dérange pas, elle. Il a pris sa décision la dernière fois qu’ils sont vus, douze jours plus tôt. Douze jours où chaque minute lui a semblé durer une éternité ... Et pourtant, durant tout ce temps, il n’a rien dit à ses parents ; vouloir épouser une fille sans dot, et d’en face qui plus est, ils vont le déshériter, c'est sûr. Mais il ne désespère pas : bien qu’elle ai deux frères cadets, ils sont encore très jeunes, et ce sera certainement à eux que reviendra la terre de son futur beau-père, si ce dernier est d'accord pour lui donner sa main. Il repose le miroir, chassant de ses pensées un avenir qui lui fait tellement peur, avant de rejoindre ses parents au rez-de-chaussée. Comme il l'avait pressenti, les bouts de charbon se sont tous consumés sans parvenir à réchauffer la pièce.
Au soupé, composé d'un modeste bouillon assorti de petits morceaux de fromage, Arik attend le moment propice pour rompre le silence ... Et lorsqu’il parvint enfin à prendre la parole, ses mots, répétés des centaines de fois, coulent comme un flot libérateur :
— Papa, maman, je voulais vous parler d’une chose importante, et j’espère que vous me pardonnerez ...
L’attention de ses parents lui est dévolue, si bien qu’il continue :
— J’ai rencontré une fille, Alina ... Et je souhaite l’épouser.
C’est fait, c’est dit, le pire reste à venir, mais le jeune homme respire plus librement.
— Et d’où elle est, cette Alina ? interroge son père.
— D’en face ... mais avant qu'ils ne protestent, il poursuit. Son père possède des terres. Ce n'est pas bien grand, mais ses fils ne sont pas assez âgés pour s'en occuper. Nous en vivrons sûrement mieux que sui je devais continuer à livrer du charbon !
L’émotion lui fait monter le feu aux joues, tandis que ses parents gardent le silence, mais il sent que l’orage est proche. Les yeux de son père lancent des éclairs, alors que sa mère fixe obstinément la table, refusant de regarder ce fils qui les quitte. Au bout d’un long moment, il se décide :
— Je traverserai demain soir pour demander sa main.
À sa grande surprise, il n’y a que le silence pour lui répondre. Sans doute ont-ils perçu la résolution qui est la sienne dans sa voix, car, à la fin du repas, ils ne peuvent que dire :
— Prends donc le reste du repas en offrande au fleuve.
Et comme à chaque fois, lui qui n’a jamais cru à toutes ces balivernes et autres histoires d’esprits, il s’y refuse : hors de question de gâcher le moindre repas, alors que la nourriture vient si souvent à manquer. Il n'ignore pas que traverser à gué est toujours une décision dangereuse, que personne ne s’y risque plus sans prendre un bac, mais que ces derniers sont chers et qu'il n’a avec lui d’argent que celui qu’il a durement économisé ces derniers mois. Mais que cela ne tienne, il rejoindra sa promise comme convenu, et rien ne pourra l'en empêcher. Bientôt, alors qu'il est parti se coucher et qu'il entend le cœur serré ses parents murmurer à son propos, il pense à Alina, à leurs retrouvailles et leurs premières récoltes. Le lendemain, il travaille comme à son habitude dans la brume blanche souillée d'une fine poussière qui flotte en permanence dans l’air et lui encrasse les poumons, alors que la tourbe est transformée en charbon dans de grands fours. Lorsqu’il rentre enfin, il fait une rapide toilette puis s’assoit sur son matelas de paille, tâchant de contrôler sa respiration avant de descendre rejoindre ses parents. Ils l’attendent justement en silence dans la cuisine glacée, où ils le supplient une nouvelle fois de prendre avec lui les aumônes qu’ils ont préparé pour l’occasion. Ignorant leurs regards apeurés, il refuse et sort dans le froid mordant en enfilant ses gants. Il fait déjà nuit, et un brouillard laiteux recouvre tout le paysage. La maison n’est pas très éloignée de la berge du fleuve, qu’il atteint rapidement avant de se diriger vers le gué le plus proche, traversant avec détermination les broussailles qui lui barrent le chemin. Tout à coup, une ombre fugitive, presque invisible, paraît se glisser devant lui, au point de le faire sursauter. Un instant hésitant, il reprend finalement sa marche, avant que quelque chose ne le frôle de nouveau et ne disparaisse ; il en est sûr, quelque chose ... d’humain. Effrayé, il se met à tourner sur lui-même en hurlant :
— Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?!
Puisque personne ne semble décidé à lui répondre, il insiste :
— Ohé ! Je sais que vous êtes là ... Qu'est-ce que vous me voulez à la fin ?!
— A'baeth … juste un baiser.
La voix d'une femme, sensuelle et séductrice, vient de susurrer à son oreille. Il veut se retourner, mais ses membres sont comme paralysés. Est-ce l’effroi, la peur, ou quelque chose de surnaturel ? Une bile amère lui entrave la gorge.
— Un baiser ? De quoi parlez-vous ?!
— Il est parfois dangereux de s’aventurer loin de chez soi, qui plus est seul et en pleine nuit.
— ... loin de chez soi ? répète-t-il d’une voix tremblotante.
— Où cours-tu ainsi ? De quoi as-tu peur ?
— Je ... je n'ai pas peur. Je m'en vais sur l'autre rive, de l'autre côté du fl ...
— Chuuutttt ... tais-toi ! ordonne la voix dans un souffle, tout en glissant lentement le long de son flanc.
Apparaît alors la plus magnifique créature qu’il lui a été donné de voir. Son visage angélique, ses lèvres ourlées et son teint de porcelaine, magnifié par la lueur blanchâtre environnante, tranchent avec la noirceur de son regard et de sa chevelure bouclée, longue et soyeuse, et lui donnent l'apparence d'une véritable déesse. Entièrement nue, elle arbore pour unique atour un délicat collier en argent au bout duquel pend une gemme, juste au-dessus de sa poitrine galbée. Et si ses seins, ronds et fermes, trahissent sa véritable nature ; ses tétons sont vert pâle et l’aréole qui les enveloppe plus claire encore, le malheureux n'en remarque rien.
— Hum ... Joli dh'oine, murmure-t-elle lascivement.
Arik sent son sang se figer lorsqu’elle se mord la lèvre d’un air aguicheur et qu’une fine canine semble trancher, tel un éclair d’acier, la chair pulpeuse. Immobile, ne sachant que dire ou que faire, il ne réagit pas davantage lorsqu’elle se colle à lui pour l’embrasser langoureusement, la tête penchée sur le côté, ou lorsqu’il aperçoit un petit filet sombre sur ses lèvres, avant de comprendre qu’il s’agit de son propre sang, cependant qu’une saveur tiède et métallique envahit sa bouche.
— Détends-toi, tu me plais bien, chuchote-t-elle en le dévisageant de ses prunelles brûlantes.
Troublé, il entreprend d'effleurer le satin de sa peau frémissante, laissant ses mains glisser le long de son dos et de ses hanches, dans de douces caresses. Puis, avec un soupçon d'insolence, il saisit un téton avant de le pincer et de le faire rouler délicatement, si bien qu'elle laisse échapper un long soupir de satisfaction. Déjà, il ne peut plus détacher son regard du sien, sa respiration se fait de plus en plus irrégulière et il la couvre de baisers, ensorcelé par son parfum enivrant. Faisant fi du froid qui l'engourdi lentement, ses doigts se font plus curieux, remontant le long de ses cuisses, tandis qu'elle gémit de plaisir. Envoûté par ce corps parfait aux courbes voluptueuses, il sent à peine la douleur alors que le temps semble s'être arrêté et qu'elle se tient à présent sur lui, toute entière rejetée en arrière, capturant son esprit dans un lent mouvement de va-et-vient. Mais alors qu’un voile noir tombe lentement devant ses yeux et qu’il s’apprête à plonger dans le néant, il aperçoit la silhouette de son aimée qui s’éloigne précipitamment après être venue à sa rencontre. Au prix d’un effort considérable, il parvient à supplier dans un dernier souffle :
— Non, non, Alina, ne pars pas. Je t’en prie ...
*
* *
*
* *
Voilà maintenant treize jours qu'elle attend, sans même savoir s’il sera au rendez-vous. Mais il le lui a promis, et elle est venue. Elle a froid et déjà elle ne sent plus ses doigts. Cette sensation lui rappelle ce jour de printemps où une joute nautique opposant les travailleurs des deux rives avait été organisée. Ne sachant pas nager, elle avait entrepris de traverser le fleuve plus en amont afin de profiter au mieux du spectacle, mais arrivée au centre de l'amas de pierres, rendues glissantes par le dégel printanier, elle avait glissé. L’eau a immédiatement emplie sa bouche, noyant son cri de détresse, et elle a cru sa fin proche, quand elle a senti un bras la saisir par la taille, tandis que sa tête était soigneusement maintenue hors de l’eau. Ramenée saine et sauve sur la rive, elle n’avait d’yeux que pour son sauveur : il était beau, athlétique, avec un sourire rassurant. Elle tremblait ; il s’en aperçut et s’éloigna un bref instant, avant de revenir avec un épais manteau qu’il avait dû retirer avant de se porter à son secours. Elle lui rendit son sourire et sentit son cœur faire un bond lorsqu’il lui prit les mains pour souffler dessus ... Enfin, elle l’aperçoit, sombre silhouette qui marche dans l’épais brouillard, et un sourire illumine aussitôt son visage. Mais alors qu’elle l’observe se frayer un chemin dans les buissons, elle fronce les sourcils : il vient de s’arrêter devant la silhouette d'une sublime jeune femme entièrement nue malgré le froid glacial - une naïade toute en jeunesse et beauté, avec qui il semble discuter. Soudain, la créature l’embrasse langoureusement, et il se laisse faire. S’en est trop ! Elle sent ses yeux se remplir de larmes, et alors que leur échange devient plus intime, elle préfère s’enfuir chez elle pour pleurer.
Nul ne sait ce qu'il est advenu du malheureux Arik, dont la dépouille n'a jamais été retrouvée. Confortés dans leur superstition, les rares villageois qui doutaient encore de l’existence de créatures peuplant la Laruga ont définitivement renoncé à les contrarier ; tout au plus jettent-ils des regards haineux en direction de ces eaux qui leur ont enlevé tant d’enfants. De son côté, Alina a vécu le reste de sa vie dans l’illusion de cette inexpiable trahison, si bien qu'elle n'a jamais plus fait confiance à un homme, même lorsqu’elle a accepté d'épouser quelques années plus tard le fils aîné d'une riche famille de Wyzima, lequel s'était pourtant sincèrement épris d'amour pour elle.
Voilà maintenant treize jours qu'elle attend, sans même savoir s’il sera au rendez-vous. Mais il le lui a promis, et elle est venue. Elle a froid et déjà elle ne sent plus ses doigts. Cette sensation lui rappelle ce jour de printemps où une joute nautique opposant les travailleurs des deux rives avait été organisée. Ne sachant pas nager, elle avait entrepris de traverser le fleuve plus en amont afin de profiter au mieux du spectacle, mais arrivée au centre de l'amas de pierres, rendues glissantes par le dégel printanier, elle avait glissé. L’eau a immédiatement emplie sa bouche, noyant son cri de détresse, et elle a cru sa fin proche, quand elle a senti un bras la saisir par la taille, tandis que sa tête était soigneusement maintenue hors de l’eau. Ramenée saine et sauve sur la rive, elle n’avait d’yeux que pour son sauveur : il était beau, athlétique, avec un sourire rassurant. Elle tremblait ; il s’en aperçut et s’éloigna un bref instant, avant de revenir avec un épais manteau qu’il avait dû retirer avant de se porter à son secours. Elle lui rendit son sourire et sentit son cœur faire un bond lorsqu’il lui prit les mains pour souffler dessus ... Enfin, elle l’aperçoit, sombre silhouette qui marche dans l’épais brouillard, et un sourire illumine aussitôt son visage. Mais alors qu’elle l’observe se frayer un chemin dans les buissons, elle fronce les sourcils : il vient de s’arrêter devant la silhouette d'une sublime jeune femme entièrement nue malgré le froid glacial - une naïade toute en jeunesse et beauté, avec qui il semble discuter. Soudain, la créature l’embrasse langoureusement, et il se laisse faire. S’en est trop ! Elle sent ses yeux se remplir de larmes, et alors que leur échange devient plus intime, elle préfère s’enfuir chez elle pour pleurer.
Nul ne sait ce qu'il est advenu du malheureux Arik, dont la dépouille n'a jamais été retrouvée. Confortés dans leur superstition, les rares villageois qui doutaient encore de l’existence de créatures peuplant la Laruga ont définitivement renoncé à les contrarier ; tout au plus jettent-ils des regards haineux en direction de ces eaux qui leur ont enlevé tant d’enfants. De son côté, Alina a vécu le reste de sa vie dans l’illusion de cette inexpiable trahison, si bien qu'elle n'a jamais plus fait confiance à un homme, même lorsqu’elle a accepté d'épouser quelques années plus tard le fils aîné d'une riche famille de Wyzima, lequel s'était pourtant sincèrement épris d'amour pour elle.
Envie de poursuivre votre lecture ?
Découvrez le jeu de rôle sur table qui a inspiré cette nouvelle ...
Envie de poursuivre votre lecture ?
Découvrez le jeu de rôle sur table qui a inspiré cette nouvelle ...
Envie de poursuivre votre lecture ?
Découvrez le jeu de rôle sur table qui a inspiré cette nouvelle ...
Envie de poursuivre votre lecture ?
Et si vous preniez le temps de découvrir le roman qui a inspiré cette nouvelle ...
Alors que la troisième guerre contre le Nilfgaard commence, nombre d'aventures se jouent déjà à travers le Continent ... et vous êtes au centre de l’une d’entre elles ! Le jeu de rôle The Witcher vous permet de raconter vos propres histoires dans le légendaire monde du Sorceleur. Aventurez-vous à travers des contrées emplies de créatures monstrueuses, depuis les embarrassants nekkers aux imposants et hypnotiques fiellons, échangez avec des légendes vivantes comme Yennefer de Vengerberg ou Vernon Roche et tentez d'influencer les politiques locales ... ou jouez simplement vos propres aventures afin de vous couvrir de gloire !
Alors que la troisième guerre contre le Nilfgaard commence, nombre d'aventures se jouent déjà à travers le Continent ... et vous êtes au centre de l’une d’entre elles ! Le jeu de rôle The Witcher vous permet de raconter vos propres histoires dans le légendaire monde du Sorceleur. Aventurez-vous à travers des contrées emplies de créatures monstrueuses, depuis les embarrassants nekkers aux imposants et hypnotiques fiellons, échangez avec des légendes vivantes comme Yennefer de Vengerberg ou Vernon Roche et tentez d'influencer les politiques locales ... ou jouez simplement vos propres aventures afin de vous couvrir de gloire !
Alors que la troisième guerre contre le Nilfgaard commence, nombre d'aventures se jouent déjà à travers le Continent ... et vous êtes au centre de l’une d’entre elles ! Le jeu de rôle The Witcher vous permet de raconter vos propres histoires dans le légendaire monde du Sorceleur. Aventurez-vous à travers des contrées emplies de créatures monstrueuses, depuis les embarrassants nekkers aux imposants et hypnotiques fiellons, échangez avec des légendes vivantes comme Yennefer de Vengerberg ou Vernon Roche et tentez d'influencer les politiques locales ... ou jouez simplement vos propres aventures afin de vous couvrir de gloire !