L'ACCIDENT
UNE NOUVELLE PERDUE ENTRE RÊVE ET RÉALITÉ
Temps de lecture : 7-9 minutes
Auteur : Récits Polyédriques © 2025
Cette courte nouvelle d'ambiance s'inspire d'un film du réalisateur américain Cameron Crowe, thriller complexe et angoissant dans lequel l'illusion côtoie la réalité, adaptation d'un premier long métrage espagnol réalisé en 1997 par Alejandro Amenábar.
L'illustration utilisée ici est une peinture numérique de l'artiste digital indépendant iranien Faraz Shanyar, dont les créations sont reconnaissables immédiatement grâce à leur style graphique, dû en partie au choix de brush caractéristiques et de couleurs vibrantes.
Que m'importent les fleurs et les arbres, et le feu et la pierre, si je suis sans amour et sans foyer ! Il faut être deux, ou du moins, hélas ! il faut avoir été deux, pour comprendre un ciel bleu, pour nommer une aurore. Les choses infinies comme le ciel, la forêt et la lumière ne trouvent leur nom que dans un cœur aimant. Et le souffle des plaines, dans sa douceur et dans sa palpitation, est d'abord l'écho d'un soupir attendri.
Gaston Bachelard
Préface à Je et Tu, Martin Buber, 1923
Que m'importent les fleurs et les arbres, et le feu et la pierre, si je suis sans amour et sans foyer ! Il faut être deux, ou du moins, hélas ! il faut avoir été deux, pour comprendre un ciel bleu, pour nommer une aurore. Les choses infinies comme le ciel, la forêt et la lumière ne trouvent leur nom que dans un cœur aimant. Et le souffle des plaines, dans sa douceur et dans sa palpitation, est d'abord l'écho d'un soupir attendri.
Gaston Bachelard
Préface à Je et Tu, Martin Buber, 1923
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Sofia se réveilla dans l’habitacle en alcantara de sa luxueuse voiture, sonnée. Elle ne s’était pas rendu compte que sa tête avait heurté le volant. L’accident avait été rapide, brutal, sans témoin. Le véhicule avait percuté un gigantesque chêne alors qu'elle empruntait une route sinueuse en direction du chalet familiale où elle comptait passer les prochains jours avec son petit ami. Encore étourdie, elle tentait de reprendre ses esprits tout en pensant à David qui devait justement la rejoindre le lendemain. Tous deux venaient de se réconcilier après une rupture difficile ; il l'avait trompé pour la énième fois et elle l’avait quitté, tout simplement. Il avait eu beau lui expliquer, comme à chaque fois, qu’il n’aimait pas cette fille, tout au plus son apparence, qu'elle n’était qu’un visage, elle l’avait quitté quand même. Sombrant lentement dans la dépression, elle était finalement parvenue à remonter la pente, non sans l'aide de Curtis, son psychanalyste, qui l'avait encouragée à modifier son comportement de manière positive, si bien qu’à force d'efforts et d'un long travail sur elle-même, ils étaient sur le point de se réconcilier. C'est pour ça qu'elle devait absolument nettoyer et aménager le chalet avant son arrivée ; elle avait accepté de l'y retrouver, bien loin de l’effervescence des mégalopoles, pour s'expliquer une dernière fois, sereinement, et peut-être envisager de reprendre leur vie d'avant, et tout devait être parfait.
Mais alors que ses pensées allaient et venaient, son esprit était comme anesthésié et elle avait énormément de mal à se concentrer. Les airbags s’étaient correctement déclenchés et elle ne sentait déjà plus la douleur qui n'était qu'un vague souvenir. À dire vrai, elle ne savait même plus comment l'accident s'était produit. Doucement, elle quitta l'intérieur confortable de sa berline pour se retrouver à l'extérieur, transie de froid. Ceinte dans une robe légère de soirée, elle se couvrit rapidement d'un épais manteau. D'un geste ample et sophistiqué, elle repoussa sa longue chevelure brune sur ses épaules, dégageant une frange droite qui encadrait un visage doux et lumineux, au teint légèrement hâlé. Les éclairages d'ambiance provenant de l'habitacle et du jonc lumineux de la portière grande ouverte tranchaient avec l’obscurité alentour. Après s’être étirée et avoir constaté qu’elle n’avait aucune blessure sérieuse, elle se dirigea vers le capot. Celui-ci s'était littéralement plié sous le choc, s'enfonçant de plusieurs dizaines de centimètres dans un amas de tôle froissée. De la vapeur s’échappait doucement du moteur, dans un sifflement à peine perceptible, tandis qu'une odeur de brûlé et de nombreux débris dispersés à proximité témoignaient de la violence de l'impact. Résignée, elle retourna dans le véhicule pour y récupérer son sac à main, à la recherche de son smartphone. Elle devait prévenir David et contacter sans attendre une dépanneuse, mais elle constata avec amertume que la zone n'était couverte par aucun opérateur téléphonique.
— Bon sang ! murmura-t-elle, excédée. C'est toujours la même chose avec ces foutus réseaux.
Faute de mieux, elle décida de poursuivre son chemin à pied, espérant atteindre le chalet rapidement pour s'y reposer. Après tout, le reste pouvait bien attendre. Résignée, elle referma son manteau et enfonça son menton dans son écharpe. Dix minutes de marche et elle serait de nouveau au chaud. Mais tandis qu’elle avançait à la lueur de la lumière blanche émise par son mobile, la brume se fit de plus en plus dense, masquant progressivement la végétation alentour. Il faisait plus froid également, plus humide aussi. Mais rien ne semblait pouvoir la perturber, pas même le silence pesant qui avait peu à peu étouffé les bruissements du vent dans les branches, ainsi que les chants et autres chuintements des animaux nocturnes. Enfin, elle atteint sa destination. Elle s’approcha prudemment, tant il lui était difficile de distinguer la vieille porte en bois, et encore moins la poignée en laiton patinée par les années. Pour ne rien arranger, le vent s’était levé, cinglant et glacial, au point qu'elle eut un instant l'étrange et désagréable sensation d'être comme transpercée. Et alors la brume devenait plus opaque, presque solide, elle ne put s'empêcher de frissonner. Sans en comprendre la raison, elle avait peur. Elle inspira plusieurs fois afin de chasser les drôles d’idées qui lui venaient à l'esprit ; David en pleurs ... ses parents, entièrement vêtus de noir ... son chien hurlant à la mort ... Elle secoua la tête et entreprit d’avancer, les bras en avant. Mais alors qu'elle franchissait le seuil de la porte, une clameur l’accueillit :
— Oh ! Foutue porte ! cria une voix de femme. Tu veux bien la fermer Ethan ?!
— Bien sûr ma chérie, bien sûr, répondit une deuxième voix, d’homme cette fois.
De son côté, elle ne voyait toujours rien. La brume blanchâtre était entrée en même temps qu'elle, comme aspirée à l’intérieur, si bien qu'elle l'empêchait de distinguer quoi que ce soit. Elle sentit toutefois quelque chose la frôler avant que la porte ne se referme derrière elle.
— Rhaa, ce vent !
Elle ne parvenait pas à distinguer qui avait parlé. Elle ne comprenait pas davantage pourquoi le chalet était occupé. Personne ne devait être là. C'est alors qu'elle eut une désagréable sensation de déjà-vu. Ne bougeant pas, respirant à peine, elle scruta la brume, mais ne perçut rien d’autre que des vagues ondoyantes et glacées. Même les voix entendues quelques instants plus tôt semblaient s’estomper doucement.
Soudain, son cœur se mit à battre la chamade ; elle venait d’entendre des sanglots et à travers eux, la douce voix de David.
— Mon Dieu ... J’ai l’impression qu'elle va surgir par cette porte d’une minute à l’autre. Je n’arrive pas à m’y faire, disait-il, manifestement empli de chagrin.
Elle se mit à la chercher frénétiquement tout en criant :
— David ! Je suis là, je suis là !
Mais rien. Comme pour confirmer ce qu’elle redoutait, une voix masculine répondit au jeune homme :
— David ... ça fait tout juste deux ans que Sofia nous a quitté. C’est normal que tu aies cette impression.
Elle était stupéfaite. Elle avait reconnu son beau-père. La raison commençait à lui revenir. Comment cela était-il possible ?
— Papa, je n'en peux plus, où que j'aille, j’ai l’impression de sentir sa présence.
— Je sais mon fils, je sais. Sofia nous manque à tous. Quand ta mère nous a quitté, j'ai ressenti la même chose, et il m'arrive encore de la penser à mes côtés, de lui parler à voix basse.
— Non, tu ne comprends pas. Ce soir-là, elle est partie avec cette fille, cette Julie, sans même s'expliquer. Et aujourd'hui, elle n'est plus là. Chaque minute qui s'écoule me renvoie à cette soirée. L'accident, l'hôpital, le visage de cette blonde ; une femme ... mais pourquoi ?! C'est trop dur, tu comprends ?
— Laisse le temps faire son œuvre, David. Tu verras, plus le temps passe, plus ce qui nous faisait terriblement mal finit par s'estomper, jusqu'à ne provoquer qu'un pincement occasionnel. Il adoucira ta douleur, fais-moi confiance.
— J'espère que tu as raison. Et ce froid ... Quelle que soit la date à laquelle nous venons, il est toujours là. À croire que c’est fait exprès. Partons maintenant, tu veux bien ? acheva-t-il d'une voix lointaine. Nous n'avons plus rien à faire ici.
Soudain, le brouillard se dissipa comme par magie, si bien qu’elle pût apercevoir distinctement chacune des personnes présentes. Elle reconnut immédiatement la silhouette de David, ainsi que celle de son père, en costume trois pièces, qui l’enlaçait avec tendresse. Elle aperçut également ses parents, un peu en retrait, la mine triste. Même Twisp, le chien de la famille, était là. D'ailleurs, elle jura qu’il avait senti sa présence, car il s'était aussitôt mis à hurler à la mort dans sa direction. Elle voulut pleurer, crier, elle, si imbue de sa personne, égoïste et dédaigneuse, mais comme à chaque fois, rien ne vint.
Puis d’un coup, ce fut le noir total.
Sofia se réveilla dans l’habitacle en alcantara de sa luxueuse voiture, sonnée. Elle ne s’était pas rendu compte que sa tête avait heurté le volant. Elle ouvrit doucement les yeux tout en détachant d'un geste lent sa ceinture de sécurité. Quelques instants plus tôt, une jeune femme à la chevelure blonde et au teint de porcelaine était assise à ses côtés. Elle hurlait, pleurait, vociférait, alors qu’elle tentait de lui expliquer, avec sa condescendance habituelle, qu’elle ne l’aimait pas, qu'elle n’était qu’un visage dont elle s'était servie pour rendre David jaloux. Excédée, la passagère l'avait brusquement giflée alors qu'elles venaient de s’engager à vive allure dans un virage étroit, lui faisant perdre le contrôle du véhicule. Ce dernier dérapa sur plusieurs mètres dans un crissement infernal avant de franchir l’accotement et de percuter de plein fouet un gigantesque chêne, les tuant sur le coup.
Sofia se réveilla dans l’habitacle en alcantara de sa luxueuse voiture, sonnée. Elle ne s’était pas rendu compte que sa tête avait heurté le volant. L’accident avait été rapide, brutal, sans témoin. Le véhicule avait percuté un gigantesque chêne alors qu'elle empruntait une route sinueuse en direction du chalet familiale où elle comptait passer les prochains jours avec son petit ami. Encore étourdie, elle tentait de reprendre ses esprits tout en pensant à David qui devait justement la rejoindre le lendemain. Tous deux venaient de se réconcilier après une rupture difficile ; il l'avait trompé pour la énième fois et elle l’avait quitté, tout simplement. Il avait eu beau lui expliquer, comme à chaque fois, qu’il n’aimait pas cette fille, tout au plus son apparence, qu'elle n’était qu’un visage, elle l’avait quitté quand même. Sombrant lentement dans la dépression, elle était finalement parvenue à remonter la pente, non sans l'aide de Curtis, son psychanalyste, qui l'avait encouragée à modifier son comportement de manière positive, si bien qu’à force d'efforts et d'un long travail sur elle-même, ils étaient sur le point de se réconcilier. C'est pour ça qu'elle devait absolument nettoyer et aménager le chalet avant son arrivée ; elle avait accepté de l'y retrouver, bien loin de l’effervescence des mégalopoles, pour s'expliquer une dernière fois, sereinement, et peut-être envisager de reprendre leur vie d'avant, et tout devait être parfait.
Mais alors que ses pensées allaient et venaient, son esprit était comme anesthésié et elle avait énormément de mal à se concentrer. Les airbags s’étaient correctement déclenchés et elle ne sentait déjà plus la douleur qui n'était qu'un vague souvenir. À dire vrai, elle ne savait même plus comment l'accident s'était produit. Doucement, elle quitta l'intérieur confortable de sa berline pour se retrouver à l'extérieur, transie de froid. Ceinte dans une robe légère de soirée, elle se couvrit rapidement d'un épais manteau. D'un geste ample et sophistiqué, elle repoussa sa longue chevelure brune sur ses épaules, dégageant une frange droite qui encadrait un visage doux et lumineux, au teint légèrement hâlé. Les éclairages d'ambiance provenant de l'habitacle et du jonc lumineux de la portière grande ouverte tranchaient avec l’obscurité alentour. Après s’être étirée et avoir constaté qu’elle n’avait aucune blessure sérieuse, elle se dirigea vers le capot. Celui-ci s'était littéralement plié sous le choc, s'enfonçant de plusieurs dizaines de centimètres dans un amas de tôle froissée. De la vapeur s’échappait doucement du moteur, dans un sifflement à peine perceptible, tandis qu'une odeur de brûlé et de nombreux débris dispersés à proximité témoignaient de la violence de l'impact. Résignée, elle retourna dans le véhicule pour y récupérer son sac à main, à la recherche de son smartphone. Elle devait prévenir David et contacter sans attendre une dépanneuse, mais elle constata avec amertume que la zone n'était couverte par aucun opérateur téléphonique.
— Bon sang ! murmura-t-elle, excédée. C'est toujours la même chose avec ces foutus réseaux.
Faute de mieux, elle décida de poursuivre son chemin à pied, espérant atteindre le chalet rapidement pour s'y reposer. Après tout, le reste pouvait bien attendre. Résignée, elle referma son manteau et enfonça son menton dans son écharpe. Dix minutes de marche et elle serait de nouveau au chaud. Mais tandis qu’elle avançait à la lueur de la lumière blanche émise par son mobile, la brume se fit de plus en plus dense, masquant progressivement la végétation alentour. Il faisait plus froid également, plus humide aussi. Mais rien ne semblait pouvoir la perturber, pas même le silence pesant qui avait peu à peu étouffé les bruissements du vent dans les branches, ainsi que les chants et autres chuintements des animaux nocturnes. Enfin, elle atteint sa destination. Elle s’approcha prudemment, tant il lui était difficile de distinguer la vieille porte en bois, et encore moins la poignée en laiton patinée par les années. Pour ne rien arranger, le vent s’était levé, cinglant et glacial, au point qu'elle eut un instant l'étrange et désagréable sensation d'être comme transpercée. Et alors la brume devenait plus opaque, presque solide, elle ne put s'empêcher de frissonner. Sans en comprendre la raison, elle avait peur. Elle inspira plusieurs fois afin de chasser les drôles d’idées qui lui venaient à l'esprit ; David en pleurs ... ses parents, entièrement vêtus de noir ... son chien hurlant à la mort ... Elle secoua la tête et entreprit d’avancer, les bras en avant. Mais alors qu'elle franchissait le seuil de la porte, une clameur l’accueillit :
— Oh ! Foutue porte ! cria une voix de femme. Tu veux bien la fermer Ethan ?!
— Bien sûr ma chérie, bien sûr, répondit une deuxième voix, d’homme cette fois.
De son côté, elle ne voyait toujours rien. La brume blanchâtre était entrée en même temps qu'elle, comme aspirée à l’intérieur, si bien qu'elle l'empêchait de distinguer quoi que ce soit. Elle sentit toutefois quelque chose la frôler avant que la porte ne se referme derrière elle.
— Rhaa, ce vent !
Elle ne parvenait pas à distinguer qui avait parlé. Elle ne comprenait pas davantage pourquoi le chalet était occupé. Personne ne devait être là. C'est alors qu'elle eut une désagréable sensation de déjà-vu. Ne bougeant pas, respirant à peine, elle scruta la brume, mais ne perçut rien d’autre que des vagues ondoyantes et glacées. Même les voix entendues quelques instants plus tôt semblaient s’estomper doucement.
Soudain, son cœur se mit à battre la chamade ; elle venait d’entendre des sanglots et à travers eux, la douce voix de David.
— Mon Dieu ... J’ai l’impression qu'elle va surgir par cette porte d’une minute à l’autre. Je n’arrive pas à m’y faire, disait-il, manifestement empli de chagrin.
Elle se mit à la chercher frénétiquement tout en criant :
— David ! Je suis là, je suis là !
Mais rien. Comme pour confirmer ce qu’elle redoutait, une voix masculine répondit au jeune homme :
— David ... ça fait tout juste deux ans que Sofia nous a quitté. C’est normal que tu aies cette impression.
Elle était stupéfaite. Elle avait reconnu son beau-père. La raison commençait à lui revenir. Comment cela était-il possible ?
— Papa, je n'en peux plus, où que j'aille, j’ai l’impression de sentir sa présence.
— Je sais mon fils, je sais. Sofia nous manque à tous. Quand ta mère nous a quitté, j'ai ressenti la même chose, et il m'arrive encore de la penser à mes côtés, de lui parler à voix basse.
— Non, tu ne comprends pas. Ce soir-là, elle est partie avec cette fille, cette Julie, sans même s'expliquer. Et aujourd'hui, elle n'est plus là. Chaque minute qui s'écoule me renvoie à cette soirée. L'accident, l'hôpital, le visage de cette blonde ; une femme ... mais pourquoi ?! C'est trop dur, tu comprends ?
— Laisse le temps faire son œuvre, David. Tu verras, plus le temps passe, plus ce qui nous faisait terriblement mal finit par s'estomper, jusqu'à ne provoquer qu'un pincement occasionnel. Il adoucira ta douleur, fais-moi confiance.
— J'espère que tu as raison. Et ce froid ... Quelle que soit la date à laquelle nous venons, il est toujours là. À croire que c’est fait exprès. Partons maintenant, tu veux bien ? acheva-t-il d'une voix lointaine. Nous n'avons plus rien à faire ici.
Soudain, le brouillard se dissipa comme par magie, si bien qu’elle pût apercevoir distinctement chacune des personnes présentes. Elle reconnut immédiatement la silhouette de David, ainsi que celle de son père, en costume trois pièces, qui l’enlaçait avec tendresse. Elle aperçut également ses parents, un peu en retrait, la mine triste. Même Twisp, le chien de la famille, était là. D'ailleurs, elle jura qu’il avait senti sa présence, car il s'était aussitôt mis à hurler à la mort dans sa direction. Elle voulut pleurer, crier, elle, si imbue de sa personne, égoïste et dédaigneuse, mais comme à chaque fois, rien ne vint.
Puis d’un coup, ce fut le noir total.
Sofia se réveilla dans l’habitacle en alcantara de sa luxueuse voiture, sonnée. Elle ne s’était pas rendu compte que sa tête avait heurté le volant. Elle ouvrit doucement les yeux tout en détachant d'un geste lent sa ceinture de sécurité. Quelques instants plus tôt, une jeune femme à la chevelure blonde et au teint de porcelaine était assise à ses côtés. Elle hurlait, pleurait, vociférait, alors qu’elle tentait de lui expliquer, avec sa condescendance habituelle, qu’elle ne l’aimait pas, qu'elle n’était qu’un visage dont elle s'était servie pour rendre David jaloux. Excédée, la passagère l'avait brusquement giflée alors qu'elles venaient de s’engager à vive allure dans un virage étroit, lui faisant perdre le contrôle du véhicule. Ce dernier dérapa sur plusieurs mètres dans un crissement infernal avant de franchir l’accotement et de percuter de plein fouet un gigantesque chêne, les tuant sur le coup.
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Une femme habitée par des pulsions anthropophages s’efforce de mener une vie normale de fille, d’épouse et de mère. Mais depuis ce rêve à l’âge de 6 ans, la sensation la hante : retrouver le goût de la chair humaine. En proie au doute quant à son identité même, ses racines, ce qu’elle peut transmettre à son propre enfant, elle avance avec l’espoir de ne pas succomber, de ne pas se perdre ... Paru aux éditions numériques L’ivre-Book en juillet 2015, ce roman intime sur le désir et les instincts est le premier ouvrage de Aliénor Oval (1976), également autrice d'un recueil de treize nouvelles sur des tueurs en série, L’obscure beauté des tueurs, toujours chez L’ivre-Book.
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Une femme habitée par des pulsions anthropophages s’efforce de mener une vie normale de fille, d’épouse et de mère. Mais depuis ce rêve à l’âge de 6 ans, la sensation la hante : retrouver le goût de la chair humaine. En proie au doute quant à son identité même, ses racines, ce qu’elle peut transmettre à son propre enfant, elle avance avec l’espoir de ne pas succomber, de ne pas se perdre ... Paru aux éditions numériques L’ivre-Book en juillet 2015, ce roman intime sur le désir et les instincts est le premier ouvrage de Aliénor Oval (1976), également autrice d'un recueil de treize nouvelles sur des tueurs en série, L’obscure beauté des tueurs, toujours chez L’ivre-Book.
Une femme habitée par des pulsions anthropophages s’efforce de mener une vie normale de fille, d’épouse et de mère. Mais depuis ce rêve à l’âge de 6 ans, la sensation la hante : retrouver le goût de la chair humaine. En proie au doute quant à son identité même, ses racines, ce qu’elle peut transmettre à son propre enfant, elle avance avec l’espoir de ne pas succomber, de ne pas se perdre ... Paru aux éditions numériques L’ivre-Book en juillet 2015, ce roman intime sur le désir et les instincts est le premier ouvrage de Aliénor Oval (1976), également autrice d'un recueil de treize nouvelles sur des tueurs en série, L’obscure beauté des tueurs, toujours chez L’ivre-Book.