LE SAIGNEUR
DE MAASTRIK
UNE NOUVELLE POUR HAWKMOON
Temps de lecture : 6-8 minutes
Auteur : Récits Polyédriques © 2025
La présente nouvelle dépeint la cruauté de l'invasion granbretonne telle qu'elle a été imaginée par Michael John Moorcock dans son cycle d’Hawkmoon. Adapté pour la quatrième fois en jeu de rôle sur table, ce dernier prend place dans une Europe meurtrie par les événements du Tragique Millénaire, théâtre d’un combat sans merci entre les légions du roi-empereur et des groupes de rebelles luttant pour la liberté.
L'illustration utilisée ici est une création de l'artiste suédoise Tilly Kilana, laquelle a notamment collaboré avec la maison d'édition américaine Gale Force Nine lors de la publication de La Malédiction de Strahd, une campagne pour la 5e édition du jeu de rôle sur table Donjons & Dragons qui a connu un franc succès auprès du public.
Du fond de cet abîme d’impuissance, de honte et de désespoir où nous avons été précipités, après l’anéantissement de notre armée et la chute de notre fief, nous avons décidé de rejoindre le camp de ceux qui refusent de capituler. Guidés par l’amour de la liberté et la haine de l’oppression, nos cœurs et nos âmes brisés ont vu naître la flamme de la vengeance. Mais alors que la forfaiture, la trahison et la lâcheté s’étalent au grand jour, nous empruntons le chemin de l’honneur ; nous sommes les soldats d'une cause, d’une bataille clandestine, inégale et meurtrière, et ce malgré les risques, les dangers et la mort, sans oublier la folie d'un régime absolutiste qui retourne sa fureur contre les familles de ceux qui révoltent. Nous sommes des Résistants.
Javelin Lotharing, chef des Francs-tireurs
Hawkmoon, Département des Sombres Projets, 2022
Du fond de cet abîme d’impuissance, de honte et de désespoir où nous avons été précipités, après l’anéantissement de notre armée et la chute de notre fief, nous avons décidé de rejoindre le camp de ceux qui refusent de capituler. Guidés par l’amour de la liberté et la haine de l’oppression, nos cœurs et nos âmes brisés ont vu naître la flamme de la vengeance. Mais alors que la forfaiture, la trahison et la lâcheté s’étalent au grand jour, nous empruntons le chemin de l’honneur ; nous sommes les soldats d'une cause, d’une bataille clandestine, inégale et meurtrière, et ce malgré les risques, les dangers et la mort, sans oublier la folie d'un régime absolutiste qui retourne sa fureur contre les familles de ceux qui révoltent. Nous sommes des Résistants.
Javelin Lotharing, chef des Francs-tireurs
Hawkmoon, Département des Sombres Projets, 2022
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La nuit était tombée sur la petite cité autrefois florissante, tandis que des milliers de crapauds se répondaient dans le lointain, indifférents aux détonations des lances-feu et aux cris d’horreur alentour. Assise sur ses talons, en appui contre le mur en torchis d’une modeste chaumière, Eriste caressait le visage de Numa, sa fille de cinq ans. L’obscurité était parfois zébrée par l’éclat des projecteurs d'un ornithoptère, si bien que la lueur s’immisçait alors entre les branchages recouverts de paille de seigle qui faisaient office de toiture, et la fillette pouvait apercevoir le visage tuméfié de sa mère.
— Pourquoi les soldats t’ont fait mal, maman ?
Eriste tenta de sourire mais ses lèvres, fendues par les nombreux coups qu'elle avait reçus, le lui interdisaient.
— Parce qu'ils étaient fâchés, ma chérie.
— Tu ne voulais aller te coucher ?
Elle essuya une larme qui coulait sur sa joue. Son bas ventre lui faisait terriblement mal, meurtri par les assauts bestiaux qu’elle avait dû endurer tout au long de ce funeste après-midi, à jamais synonyme de malheur et de désolation. Dehors, une épaisse fumée s’élevait dans les airs depuis un immense amas de chairs calcinées ; des hommes, des femmes et des enfants, dont les dépouilles carbonisées dégageaient une odeur atroce.
— Ils se sont calmés. Il ne faut pas t’inquiéter mon petit amour, maman est là.
— Pourquoi ils ont amené papa ?
La jeune femme frissonna en repensant au regard empli de tendresse que lui avait lancé son bien-aimé, Farik, en embarquant dans cet étrange aéronef aux ailes transparentes. Elle se demanda combien de temps il avait enduré son supplice avant de succomber.
— Ils l’ont amené faire un tour, dit-elle d’une voix étranglée. Tu sais comme ton papa rêve de pouvoir voler comme eux.
— Oh oui ! Quand il va revenir, tu crois qu'il me racontera ?
— J’en suis sûre, ma princesse.
Eriste retint une énorme envie de pleurer. Elle serrait sa fille contre sa robe déchirée quand des cavaliers s'arrêtèrent devant la masure. Le claquement sourd des sabots laissa bientôt la place à des bruits de pas et des conversations dans une langue secrète qu'elle ne comprenait pas.
— D'autres soldats vont venir, mon cœur. Il faudra que tu fasses tout ce qu’ils disent. Il ne faut surtout pas les fâcher.
Les pas se rapprochèrent, une main déverrouilla la porte et l’éclat d’une torche les aveugla en un instant. Des doigts gantés de métal lui broyèrent l'avant-bras, cependant qu'elle était extraite de sa cachette sans ménagement.
— Amène-toi roulure, sors de ton trou ! Avec ton avorton.
Les deux captives furent poussées dans l'unique pièce, à présent occupée par cinq granbretons entièrement armurés ; quatre d'entre eux portaient une cagoule de mailles et de cuir épais teinte en rouge, donnant l’apparence d’une tête squelettique, tandis que leur chef, paré d'un grand harnois, était couvert d'un heaume en acier, ciselé et orné d'ossements faits de métaux rares, un poing-de-feu à la ceinture.
— C’est toi, la femme de Farik ? demanda-il.
— Je le suis, répondit Eriste d’une voix faible.
— Et ça, c’est sa fille ? ajouta-t-il en désignant Numa.
— C'est sa fille, oui.
Le Crâne s’approcha et la gifla avec tant de force qu'elle perdit l’équilibre et s’effondra sur le sol en terre battue. Effrayée, Numa se mit à pleurer tandis que la petite troupe riait avec enthousiasme.
— Lève-toi quand je te parle !
Eriste se releva péniblement tout en serrant Numa contre ses jambes. Ses plaies s’étaient rouvertes et du sang coulait de sa bouche.
— Que tu es laide ! se moqua le Crâne en dévisageant son visage boursoufflé. Comment peut-on accepter de vivre avec ça ?! L'aurais-tu ensorcelé ?
Il fit mine de sentir sa robe et eut un geste de dégoût.
— Tu pues ! Tu me dégoûtes. Déshabille-toi !
L'injonction la frappa tel un coup de fouet, la faisant tressaillir. Et alors qu'elle devinait sans mal les regards lubriques à travers les mailles des cagoules, le Crâne la saisie par le menton.
— Tu sais qui je suis ? Non, évidemment, tu n'en sais rien. Je suis le Commandeur Xaradas, de l'ordre du Crâne, actuel gouverneur de la forteresse-prison de Malyenberg et capitaine de la Phalange de Vérité.
Terrorisée, elle n'osait bouger.
— On me nomme également le Saigneur de Maastrik. Tu devines pourquoi ?
— Non, je l'ignore Monseigneur.
— On m'appelle ainsi car j'ai pour habitude de m'occuper des traitres comme ton mari ; de traquer tous ces misérables pour les faire parler. Parents, amis, voisins ... Ils finissent toujours par me révéler ce qu’ils savent. Il faut dire qu’ils sont souvent prêts à tout, pourvu que ça s'arrête. Comment crois-tu qu’on vous a retrouvées toutes les deux ? Mais au fait, sais-tu au moins où se situe Maastrik ?
— Je suis désolée, je ...
— Dans les provinces germaniques, espèce de sotte, autrement dit très loin de ce trou à rats ! Quant à ton époux, il est justement en route pour Malyenberg. Lui et ses amis ont osé s'en prendre à l'escorte d'un haut dignitaire de Parye le mois dernier. Un ramassis d’imbéciles si tu veux mon avis. Des dégénérés prêts à se trahir à la première occasion. Il ne m'aura fallu que quelques jours pour leur mettre la main dessus !
Il tira d'un revers de son armure une dague dont il fit lentement coulisser la lame couverte de sang séché de son fourreau, avant de la promener sous les yeux horrifiés de la malheureuse.
— Messire, Farik est innocent, il n'a rien fait. Je vous en supplie, il faut me croire ...
— Assez ! Déshabille-toi, vite, ou je m’occupe d’elle ! hurla-t-il en désignant Nama qui ne put s'empêcher de crier.
Transie de peur, Eriste fit rapidement glisser les restes de sa robe à même le sol. Elle était nue ; le bandeau de toile censé lui maintenir la poitrine avait été arraché lors de ses précédents supplices, à l’instar de la chemise qu'elle portait d’ordinaire à même le corps. Le Crâne avisa sa silhouette et siffla d’admiration.
— Mais tu es sacrément bien fichue, dis donc. Tu ferais presque honneur à ta sous-race. Dommage que vous ne soyez rien d'autre que des animaux.
Il se pencha sur Numa et prit une voix douce pour lui parler.
— Tu aimes les chiens ?
La pauvre enfant, tétanisée par tant de cruauté, ne sut quoi répondre.
— Je t’ai demandé si tu aimes les chiens ?! questionna-t-il en coupant l'une de ses nombreuses tresses avec sa dague.
— Mon cœur, il faut que tu répondes au Commandeur Xaradas, rappela Eriste d’une voix haletante. Tu dois toujours faire ce qu’il te demande. Tu te souviens ?
Numa acquiesça d'un signe de tête.
— Voilà qui est mieux. Tu aimerais avoir un petit chien ?
— Oh oui, Monsieur ! répondit-elle avec envie.
— Tu entends ça, salope ? À quatre pattes maintenant, vite !
Il asséna un nouveau coup à la jeune femme qui s’écroula de tout son long, avant de la relever par les cheveux sous les gloussements de ses hommes.
— Regarde, petite, quel beau chien tu as là ! Ah non, pardon, il semblerait que ce soit une chienne.
La mauvaise blague fit exulter les guerriers, tandis qu'il s’acharnait à présent sur sa victime à grands coups de pieds, lui arrachant des cris de douleur.
— Vas-y ! Fait des ronds pour voir, et aboie un peu.
Alors Eriste, les yeux pleins de larmes, se mit à imiter des aboiements tout en décrivant des cercles, mais le Crâne n’était pas satisfait.
— Non, non, ça ne va pas ça ! Il lui manque quelque chose pour en faire une vraie chienne !
Il s’empara d’un balai dont il cassa le manche au trois quart et attrapa Eriste par les cheveux.
— Tu préfères le bout rond ou le bout pointu ?
La malheureuse, épouvantée, se mit à respirer rapidement, de manière saccadée.
— Réponds, vite !
— Le bout rond. Le bout rond ! dit-elle dans un flot de sanglots.
Le Crâne rit sadiquement sous son masque, présentant le manche à ses hommes.
— Perdu ! Tu auras le coté pointu.
Et d’un geste brusque, il enficha profondément la tige acérée dans le rectum de sa victime, déchirant ses chairs. Eriste hurla à pleins poumons. Une brûlure insupportable envahit son bas ventre tandis qu’un flot de sang s’écoulait de son intimité. Elle s’effondra, le souffle coupé, sur le point de perdre connaissance. À travers un lointain brouhaha de rires et d’applaudissements, elle perçut les supplications de Numa à destination de son bourreau. Mais celui-ci n’en avait manifestement que faire, préférant la remettre brutalement à quatre pattes en la trainant par les cheveux. Puis il arracha le cordon d’un ancien rideau, en fit un nœud autour de son cou et tendit la laisse improvisée à la petite fille.
— Allez, promène ton chien ! Je veux voir si sa queue remue.
Eriste respirait bruyamment. Son calvaire n'en finissait pas et son sang continuait à se répandre. Elle dépeint un énième cercle et s’affaissa sur ses avant-bras, terrassée par la douleur.
— Oh ! Oh ! En voilà un chien drôlement mal en point.
Il tira son poing-de-feu de son étui, prenant soin de l’activer avant de le déposer dans la main de la fillette.
— Il ne faut pas laisser souffrir cette pauvre bête. C’est ton chien, c’est à toi de le faire.
Numa regarda le Crâne d’un air interrogateur, ne comprenant pas le sens de ses paroles. Ce faisant, il empoigna la petite main armée et dirigea le canon rougeoyant contre la tempe de sa mère, tout en plaçant ses doigts frêles sur la détente.
— Appui ! ordonna-t-il. Sinon, je te saigne toi aussi.
Fruit d'un amour qui se voulait jusqu'alors éternel, elle était bien incapable de faire quoi que ce soit.
— Tu dois obéir, articula Eriste à grand-peine. Maman t’aime très fort.
L'onde sonore provoquée par le déclenchement du faisceau de chaleur se dissipa presque aussitôt dans la noirceur de la nuit.
— Commandeur, qu’est-ce qu’on en fait ? interrogea un granbreton en désignant Numa, silencieuse au pied du corps sans vie.
Le Saigneur de Maastrik sortit une seconde fois sa dague de son fourreau.
— Comme le dit si bien le nouveau prince de Parye, les chiens ne font pas des chats !
La nuit était tombée sur la petite cité autrefois florissante, tandis que des milliers de crapauds se répondaient dans le lointain, indifférents aux détonations des lances-feu et aux cris d’horreur alentour. Assise sur ses talons, en appui contre le mur en torchis d’une modeste chaumière, Eriste caressait le visage de Numa, sa fille de cinq ans. L’obscurité était parfois zébrée par l’éclat des projecteurs d'un ornithoptère, si bien que la lueur s’immisçait alors entre les branchages recouverts de paille de seigle qui faisaient office de toiture, et la fillette pouvait apercevoir le visage tuméfié de sa mère.
— Pourquoi les soldats t’ont fait mal, maman ?
Eriste tenta de sourire mais ses lèvres, fendues par les nombreux coups qu'elle avait reçus, le lui interdisaient.
— Parce qu'ils étaient fâchés, ma chérie.
— Tu ne voulais aller te coucher ?
Elle essuya une larme qui coulait sur sa joue. Son bas ventre lui faisait terriblement mal, meurtri par les assauts bestiaux qu’elle avait dû endurer tout au long de ce funeste après-midi, à jamais synonyme de malheur et de désolation. Dehors, une épaisse fumée s’élevait dans les airs depuis un immense amas de chairs calcinées ; des hommes, des femmes et des enfants, dont les dépouilles carbonisées dégageaient une odeur atroce.
— Ils se sont calmés. Il ne faut pas t’inquiéter mon petit amour, maman est là.
— Pourquoi ils ont amené papa ?
La jeune femme frissonna en repensant au regard empli de tendresse que lui avait lancé son bien-aimé, Farik, en embarquant dans cet étrange aéronef aux ailes transparentes. Elle se demanda combien de temps il avait enduré son supplice avant de succomber.
— Ils l’ont amené faire un tour, dit-elle d’une voix étranglée. Tu sais comme ton papa rêve de pouvoir voler comme eux.
— Oh oui ! Quand il va revenir, tu crois qu'il me racontera ?
— J’en suis sûre, ma princesse.
Eriste retint une énorme envie de pleurer. Elle serrait sa fille contre sa robe déchirée quand des cavaliers s'arrêtèrent devant la masure. Le claquement sourd des sabots laissa bientôt la place à des bruits de pas et des conversations dans une langue secrète qu'elle ne comprenait pas.
— D'autres soldats vont venir, mon cœur. Il faudra que tu fasses tout ce qu’ils disent. Il ne faut surtout pas les fâcher.
Les pas se rapprochèrent, une main déverrouilla la porte et l’éclat d’une torche les aveugla en un instant. Des doigts gantés de métal lui broyèrent l'avant-bras, cependant qu'elle était extraite de sa cachette sans ménagement.
— Amène-toi roulure, sors de ton trou ! Avec ton avorton.
Les deux captives furent poussées dans l'unique pièce, à présent occupée par cinq granbretons entièrement armurés ; quatre d'entre eux portaient une cagoule de mailles et de cuir épais teinte en rouge, donnant l’apparence d’une tête squelettique, tandis que leur chef, paré d'un grand harnois, était couvert d'un heaume en acier, ciselé et orné d'ossements faits de métaux rares, un poing-de-feu à la ceinture.
— C’est toi, la femme de Farik ? demanda-il.
— Je le suis, répondit Eriste d’une voix faible.
— Et ça, c’est sa fille ? ajouta-t-il en désignant Numa.
— C'est sa fille, oui.
Le Crâne s’approcha et la gifla avec tant de force qu'elle perdit l’équilibre et s’effondra sur le sol en terre battue. Effrayée, Numa se mit à pleurer tandis que la petite troupe riait avec enthousiasme.
— Lève-toi quand je te parle !
Eriste se releva péniblement tout en serrant Numa contre ses jambes. Ses plaies s’étaient rouvertes et du sang coulait de sa bouche.
— Que tu es laide ! se moqua le Crâne en dévisageant son visage boursoufflé. Comment peut-on accepter de vivre avec ça ?! L'aurais-tu ensorcelé ?
Il fit mine de sentir sa robe et eut un geste de dégoût.
— Tu pues ! Tu me dégoûtes. Déshabille-toi !
L'injonction la frappa tel un coup de fouet, la faisant tressaillir. Et alors qu'elle devinait sans mal les regards lubriques à travers les mailles des cagoules, le Crâne la saisie par le menton.
— Tu sais qui je suis ? Non, évidemment, tu n'en sais rien. Je suis le Commandeur Xaradas, de l'ordre du Crâne, actuel gouverneur de la forteresse-prison de Malyenberg et capitaine de la Phalange de Vérité.
Terrorisée, elle n'osait bouger.
— On me nomme également le Saigneur de Maastrik. Tu devines pourquoi ?
— Non, je l'ignore Monseigneur.
— On m'appelle ainsi car j'ai pour habitude de m'occuper des traitres comme ton mari ; de traquer tous ces misérables pour les faire parler. Parents, amis, voisins ... Ils finissent toujours par me révéler ce qu’ils savent. Il faut dire qu’ils sont souvent prêts à tout, pourvu que ça s'arrête. Comment crois-tu qu’on vous a retrouvées toutes les deux ? Mais au fait, sais-tu au moins où se situe Maastrik ?
— Je suis désolée, je ...
— Dans les provinces germaniques, espèce de sotte, autrement dit très loin de ce trou à rats ! Quant à ton époux, il est justement en route pour Malyenberg. Lui et ses amis ont osé s'en prendre à l'escorte d'un haut dignitaire de Parye le mois dernier. Un ramassis d’imbéciles si tu veux mon avis. Des dégénérés prêts à se trahir à la première occasion. Il ne m'aura fallu que quelques jours pour leur mettre la main dessus !
Il tira d'un revers de son armure une dague dont il fit lentement coulisser la lame couverte de sang séché de son fourreau, avant de la promener sous les yeux horrifiés de la malheureuse.
— Messire, Farik est innocent, il n'a rien fait. Je vous en supplie, il faut me croire ...
— Assez ! Déshabille-toi, vite, ou je m’occupe d’elle ! hurla-t-il en désignant Nama qui ne put s'empêcher de crier.
Transie de peur, Eriste fit rapidement glisser les restes de sa robe à même le sol. Elle était nue ; le bandeau de toile censé lui maintenir la poitrine avait été arraché lors de ses précédents supplices, à l’instar de la chemise qu'elle portait d’ordinaire à même le corps. Le Crâne avisa sa silhouette et siffla d’admiration.
— Mais tu es sacrément bien fichue, dis donc. Tu ferais presque honneur à ta sous-race. Dommage que vous ne soyez rien d'autre que des animaux.
Il se pencha sur Numa et prit une voix douce pour lui parler.
— Tu aimes les chiens ?
La pauvre enfant, tétanisée par tant de cruauté, ne sut quoi répondre.
— Je t’ai demandé si tu aimes les chiens ?! questionna-t-il en coupant l'une de ses nombreuses tresses avec sa dague.
— Mon cœur, il faut que tu répondes au Commandeur Xaradas, rappela Eriste d’une voix haletante. Tu dois toujours faire ce qu’il te demande. Tu te souviens ?
Numa acquiesça d'un signe de tête.
— Voilà qui est mieux. Tu aimerais avoir un petit chien ?
— Oh oui, Monsieur ! répondit-elle avec envie.
— Tu entends ça, salope ? À quatre pattes maintenant, vite !
Il asséna un nouveau coup à la jeune femme qui s’écroula de tout son long, avant de la relever par les cheveux sous les gloussements de ses hommes.
— Regarde, petite, quel beau chien tu as là ! Ah non, pardon, il semblerait que ce soit une chienne.
La mauvaise blague fit exulter les guerriers, tandis qu'il s’acharnait à présent sur sa victime à grands coups de pieds, lui arrachant des cris de douleur.
— Vas-y ! Fait des ronds pour voir, et aboie un peu.
Alors Eriste, les yeux pleins de larmes, se mit à imiter des aboiements tout en décrivant des cercles, mais le Crâne n’était pas satisfait.
— Non, non, ça ne va pas ça ! Il lui manque quelque chose pour en faire une vraie chienne !
Il s’empara d’un balai dont il cassa le manche au trois quart et attrapa Eriste par les cheveux.
— Tu préfères le bout rond ou le bout pointu ?
La malheureuse, épouvantée, se mit à respirer rapidement, de manière saccadée.
— Réponds, vite !
— Le bout rond. Le bout rond ! dit-elle dans un flot de sanglots.
Le Crâne rit sadiquement sous son masque, présentant le manche à ses hommes.
— Perdu ! Tu auras le coté pointu.
Et d’un geste brusque, il enficha profondément la tige acérée dans le rectum de sa victime, déchirant ses chairs. Eriste hurla à pleins poumons. Une brûlure insupportable envahit son bas ventre tandis qu’un flot de sang s’écoulait de son intimité. Elle s’effondra, le souffle coupé, sur le point de perdre connaissance. À travers un lointain brouhaha de rires et d’applaudissements, elle perçut les supplications de Numa à destination de son bourreau. Mais celui-ci n’en avait manifestement que faire, préférant la remettre brutalement à quatre pattes en la trainant par les cheveux. Puis il arracha le cordon d’un ancien rideau, en fit un nœud autour de son cou et tendit la laisse improvisée à la petite fille.
— Allez, promène ton chien ! Je veux voir si sa queue remue.
Eriste respirait bruyamment. Son calvaire n'en finissait pas et son sang continuait à se répandre. Elle dépeint un énième cercle et s’affaissa sur ses avant-bras, terrassée par la douleur.
— Oh ! Oh ! En voilà un chien drôlement mal en point.
Il tira son poing-de-feu de son étui, prenant soin de l’activer avant de le déposer dans la main de la fillette.
— Il ne faut pas laisser souffrir cette pauvre bête. C’est ton chien, c’est à toi de le faire.
Numa regarda le Crâne d’un air interrogateur, ne comprenant pas le sens de ses paroles. Ce faisant, il empoigna la petite main armée et dirigea le canon rougeoyant contre la tempe de sa mère, tout en plaçant ses doigts frêles sur la détente.
— Appui ! ordonna-t-il. Sinon, je te saigne toi aussi.
Fruit d'un amour qui se voulait jusqu'alors éternel, elle était bien incapable de faire quoi que ce soit.
— Tu dois obéir, articula Eriste à grand-peine. Maman t’aime très fort.
L'onde sonore provoquée par le déclenchement du faisceau de chaleur se dissipa presque aussitôt dans la noirceur de la nuit.
— Commandeur, qu’est-ce qu’on en fait ? interrogea un granbreton en désignant Numa, silencieuse au pied du corps sans vie.
Le Saigneur de Maastrik sortit une seconde fois sa dague de son fourreau.
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Véritable monument de la littérature fantastique, le cycle d’Hawkmoon est l’une des créations les plus populaires de l’écrivain britannique Michael John Moorcock. Œuvre sans égal à l’imaginaire débridé, il dépeind le monde d’après, peuplé de créatures mutantes et d’armes de guerre issues d’une science baroque, et surtout une force maléfique parmi les plus fascinantes que la fantasy ait jamais créée : le ténébreux empire Granbreton ... Cette nouvelle adaptation, la quatrième, prend place dans une Europe post-apocalyptique meurtrie par les événements du Tragique Millénaire, théâtre d’un combat sans merci entre les légions du roi-empereur et des groupes de rebelles luttant pour la liberté.
Véritable monument de la littérature fantastique, le cycle d’Hawkmoon est l’une des créations les plus populaires de l’écrivain britannique Michael John Moorcock. Œuvre sans égal à l’imaginaire débridé, il dépeind le monde d’après, peuplé de créatures mutantes et d’armes de guerre issues d’une science baroque, et surtout une force maléfique parmi les plus fascinantes que la fantasy ait jamais créée : le ténébreux empire Granbreton ... Cette nouvelle adaptation, la quatrième, prend place dans une Europe post-apocalyptique meurtrie par les événements du Tragique Millénaire, théâtre d’un combat sans merci entre les légions du roi-empereur et des groupes de rebelles luttant pour la liberté.
Véritable monument de la littérature fantastique, le cycle d’Hawkmoon est l’une des créations les plus populaires de l’écrivain britannique Michael John Moorcock. Œuvre sans égal à l’imaginaire débridé, il dépeind le monde d’après, peuplé de créatures mutantes et d’armes de guerre issues d’une science baroque, et surtout une force maléfique parmi les plus fascinantes que la fantasy ait jamais créée : le ténébreux empire Granbreton ... Cette nouvelle adaptation, la quatrième, prend place dans une Europe post-apocalyptique meurtrie par les événements du Tragique Millénaire, théâtre d’un combat sans merci entre les légions du roi-empereur et des groupes de rebelles luttant pour la liberté.