RIEN NE FINIT, JAMAIS !
UNE NOUVELLE QUI RAVIVE LE SOUVENIR DE L'ÉCORCHÉ
Temps de lecture : 4-6 minutes
Auteur : Récits Polyédriques © 2025
La présente nouvelle s'inspire d'un épisode méconnu de la saga du Trône de Fer imaginée par l'auteur américain George R. R. Martin, à savoir les origines coupables du fils bâtard de Lord Roose Bolton qui, hanté par l'histoire de sa naissance illégitime et rongé par l'ambition, sombrera peu à peu dans la folie avant de provoquer l'extinction de sa propre maison.
L'illustration utilisée ici est une création de l'artiste allemand Tobias Mannewitz, graphiste au sein du sudio conceptuel Karakter, lequel a d'abord travaillé sur des projets liés à l'industrie vidéoludique comme Anno 1800 ou Ryse : son of Rome, avant de collaborer avec la chaîne de télévision payante américaine HBO sur la série maintes fois primée Game of Thrones.
Savez-vous ce qu'est le royaume ? On le dit composé des mille épées des ennemis d'Aegon, une histoire que l'on se raconte encore et encore, jusqu'à ce que l'on oublie qu'il ne s'agit en réalité que d'un pur mensonge. Et que reste-t-il si l'on écarte le mensonge ? Le chaos, un trou béant qui attendrait de nous avaler tous ? Non. Le chaos n'est point un trou, c'est une échelle. Mais nombre de ceux qui tentent d'y grimper échouent et ne peuvent jamais s'y reprendre, brisés par la chute. Et si certains ont bien une chance de grimper, ils s'y refusent, préférant s'accrocher à leurs terres, aux dieux ou à l'amour. Des illusions. Seulement l'échelle est bien réelle et la gravir, c'est finalement tout ce qui importe.
Petyr Baelish, membre du conseil restreint du roi
Savez-vous ce qu'est le royaume ? On le dit composé des mille épées des ennemis d'Aegon, une histoire que l'on se raconte encore et encore, jusqu'à ce que l'on oublie qu'il ne s'agit en réalité que d'un pur mensonge. Et que reste-t-il si l'on écarte le mensonge ? Le chaos, un trou béant qui attendrait de nous avaler tous ? Non. Le chaos n'est point un trou, c'est une échelle. Mais nombre de ceux qui tentent d'y grimper échouent et ne peuvent jamais s'y reprendre, brisés par la chute. Et si certains ont bien une chance de grimper, ils s'y refusent, préférant s'accrocher à leurs terres, aux dieux ou à l'amour. Des illusions. Seulement l'échelle est bien réelle et la gravir, c'est finalement tout ce qui importe.
Petyr Baelish, membre du conseil restreint du roi
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Rien ne finit, jamais !
Le bruissement du vent qui s’engouffre soudainement sous la porte fait immédiatement remonter en elle le souvenir de cette tragique nuit qui précéda la naissance du dernier seigneur de Fort-Terreur. Portée par des montures aux naseaux fumants, la horde aux lames acérées, étincelante sous la lune, vient de traverser le village à toute allure, après avoir parcouru la langue de terre qui sert de frontière avec les territoires du Don et incendié le bourg voisin. Comme d’autres, au milieu de la panique et des pleurs, elle a vu l’horizon se voiler des colonnes de fumée noirâtres émanant du brasier infernal. À présent que le jour s’en est allé et que des éclairs déchirent le ciel, elle entend enfler la clameur des sabots qui se rapprochent et sent une peur indescriptible l'envahir. Puis plus rien, le silence.
Soudain, on frappe à sa porte ! La gorge nouée, incapable de pousser le moindre cri, elle n’a pas le temps d’ouvrir qu’une silhouette familière franchit le seuil de la cahutte. Et tandis qu’elle s'avance dans l'unique pièce, la lueur du foyer laisse apparaitre les contours de son armure, composée de rondelles représentant des faces humaines hurlantes, ainsi que de longs serpents de soie rouge, attachés à son heaume. Comme elle dépose un reste de brouet encore chaud sur la table, l’inquiétante apparition se défait de son épaisse fourrure de loup brodée de gouttelettes de sang. Ne sachant comment réagir, elle jette avec hâte un fagot sur les braises rougeoyantes pendant que son visiteur mange en silence, assis près de l'âtre. L'homme a gardé ses chausses, son gambison matelassé et sa lame au pommeau ouvragé, pour l’heure rangée dans son fourreau. Elle le sait capable d'une grande cruauté et s’emploie à balayer vivement le sol de son logis tout en évitant de croiser son regard bleu pâle. Les flammes consentent finalement à se réveiller, accompagnées d’étincelles mordorées et d’une relative tiédeur, si bien que des ombres s’étirent lentement sur son visage exempt de cicatrice en dépit des nombreuses batailles auxquelles il a eu le loisir de participer.
Convaincue que son retour présage une fin imminente, elle se surprend à invoquer les Anciens dieux. Mais alors qu'elle devrait être effrayée, une douce chaleur grandit progressivement en elle. Par quel sortilège cet être sans âge parvient-il à provoquer pareil trouble, lui qui a fait pendre son époux avant de l'humilier en la profanant ? Ne devrait-elle pas le haïr, éprouver l'envie de se venger, de lui rendre le mal avant de le tuer ?! Au lieu de cela, portée par un sentiment inavouable, elle s’approche à pas comptés des flammes et détache langoureusement les liens qui maintiennent sa longue chevelure brune avant de laisser choir sa cote de lin à ses pieds. Et s'il ne sourit pas, ne laissant transparaître aucune émotion, elle croit percevoir dans son regard une étrange lueur, alors qu'il admire son corps, étonnamment épargné par une vie de labeur et de misère. Puis, son écuelle vide, il la rejoint enfin et l'invite à le suivre jusqu’à sa couche avant de se dévêtir. Son torse glabre et lisse est couvert de sueur et une odeur piquante et enivrante se mêle à la sienne. Dehors, la pluie redouble d'intensité et le vent hurle de plus en plus fort. Fasciné par sa beauté, il contemple une nouvelle fois ses formes généreuses et sa taille, fine et marquée, alors qu'elle s'allonge sur une paillasse disposée à même le sol. Sa barbe naissante effleure bientôt la poitrine de la jeune paysanne, parcourt jusqu’au nombril le sillon de son ventre, avant de remonter vers son cœur, qui s’affole. Prise d'une douce euphorie, elle tente de lutter, mais sa langue l’en dissuade. Un long frisson suit la courbe de son épaule, atteint la pointe brune de ses seins, s'y attarde, change de côté avant de redescendre. Submergée par tant de sensualité, elle oublie sa peur et s'offre entièrement, prête à mourir. Mais il n'en fait rien, préférant embrasser ses chairs intimes jusqu'à ce que son bas ventre s'embrase et qu'une vive émotion monte en elle. Elle le repousse avec délicatesse et se redresse, plongeant son regard dans le sien avant de basculer vers l'avant pour tenter de lui soutirer ce qu'elle ne peut obtenir par la force. L'espace d'un instant, leur visage se frôlent et leur souffle se mélange. C'est alors qu'il la saisit sans ménagement par les poignets et la renverse sur sa couche avant de plaquer ses hanches contre les siennes. Elle se cambre pour mieux l’accompagner tout en gémissant lascivement, la respiration de plus en plus haletante. Des larmes coulent le long de ses joues, chaudes, délicieuses, cependant qu'elle soupire d'aise et de soulagement, emportée par des vagues de plaisir ...
Rien ne finit, jamais !
Le bruissement du vent qui s’engouffre soudainement sous la porte fait immédiatement remonter en elle le souvenir de cette tragique nuit qui précéda la naissance du dernier seigneur de Fort-Terreur. Portée par des montures aux naseaux fumants, la horde aux lames acérées, étincelante sous la lune, vient de traverser le village à toute allure, après avoir parcouru la langue de terre qui sert de frontière avec les territoires du Don et incendié le bourg voisin. Comme d’autres, au milieu de la panique et des pleurs, elle a vu l’horizon se voiler des colonnes de fumée noirâtres émanant du brasier infernal. À présent que le jour s’en est allé et que des éclairs déchirent le ciel, elle entend enfler la clameur des sabots qui se rapprochent et sent une peur indescriptible l'envahir. Puis plus rien, le silence.
Soudain, on frappe à sa porte ! La gorge nouée, incapable de pousser le moindre cri, elle n’a pas le temps d’ouvrir qu’une silhouette familière franchit le seuil de la cahutte. Et tandis qu’elle s'avance dans l'unique pièce, la lueur du foyer laisse apparaitre les contours de son armure, composée de rondelles représentant des faces humaines hurlantes, ainsi que de longs serpents de soie rouge, attachés à son heaume. Comme elle dépose un reste de brouet encore chaud sur la table, l’inquiétante apparition se défait de son épaisse fourrure de loup brodée de gouttelettes de sang. Ne sachant comment réagir, elle jette avec hâte un fagot sur les braises rougeoyantes pendant que son visiteur mange en silence, assis près de l'âtre. L'homme a gardé ses chausses, son gambison matelassé et sa lame au pommeau ouvragé, pour l’heure rangée dans son fourreau. Elle le sait capable d'une grande cruauté et s’emploie à balayer vivement le sol de son logis tout en évitant de croiser son regard bleu pâle. Les flammes consentent finalement à se réveiller, accompagnées d’étincelles mordorées et d’une relative tiédeur, si bien que des ombres s’étirent lentement sur son visage exempt de cicatrice en dépit des nombreuses batailles auxquelles il a eu le loisir de participer.
Convaincue que son retour présage une fin imminente, elle se surprend à invoquer les Anciens dieux. Mais alors qu'elle devrait être effrayée, une douce chaleur grandit progressivement en elle. Par quel sortilège cet être sans âge parvient-il à provoquer pareil trouble, lui qui a fait pendre son époux avant de l'humilier en la profanant ? Ne devrait-elle pas le haïr, éprouver l'envie de se venger, de lui rendre le mal avant de le tuer ?! Au lieu de cela, portée par un sentiment inavouable, elle s’approche à pas comptés des flammes et détache langoureusement les liens qui maintiennent sa longue chevelure brune avant de laisser choir sa cote de lin à ses pieds. Et s'il ne sourit pas, ne laissant transparaître aucune émotion, elle croit percevoir dans son regard une étrange lueur, alors qu'il admire son corps, étonnamment épargné par une vie de labeur et de misère. Puis, son écuelle vide, il la rejoint enfin et l'invite à le suivre jusqu’à sa couche avant de se dévêtir. Son torse glabre et lisse est couvert de sueur et une odeur piquante et enivrante se mêle à la sienne. Dehors, la pluie redouble d'intensité et le vent hurle de plus en plus fort. Fasciné par sa beauté, il contemple une nouvelle fois ses formes généreuses et sa taille, fine et marquée, alors qu'elle s'allonge sur une paillasse disposée à même le sol. Sa barbe naissante effleure bientôt la poitrine de la jeune paysanne, parcourt jusqu’au nombril le sillon de son ventre, avant de remonter vers son cœur, qui s’affole. Prise d'une douce euphorie, elle tente de lutter, mais sa langue l’en dissuade. Un long frisson suit la courbe de son épaule, atteint la pointe brune de ses seins, s'y attarde, change de côté avant de redescendre. Submergée par tant de sensualité, elle oublie sa peur et s'offre entièrement, prête à mourir. Mais il n'en fait rien, préférant embrasser ses chairs intimes jusqu'à ce que son bas ventre s'embrase et qu'une vive émotion monte en elle. Elle le repousse avec délicatesse et se redresse, plongeant son regard dans le sien avant de basculer vers l'avant pour tenter de lui soutirer ce qu'elle ne peut obtenir par la force. L'espace d'un instant, leur visage se frôlent et leur souffle se mélange. C'est alors qu'il la saisit sans ménagement par les poignets et la renverse sur sa couche avant de plaquer ses hanches contre les siennes. Elle se cambre pour mieux l’accompagner tout en gémissant lascivement, la respiration de plus en plus haletante. Des larmes coulent le long de ses joues, chaudes, délicieuses, cependant qu'elle soupire d'aise et de soulagement, emportée par des vagues de plaisir ...
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La lueur du jour pénètre peu à peu entre les voliges de bois de la modeste masure. Une aube pâle, maussade, accompagne la neige qui recouvre le toit de paille, tandis que des gouttes d'eau tombent sur le sol détrempé et boueux, devant la porte restée entrouverte. À l’heure où les chimères se dissipent, elle se réveille, seule, une fois encore. Engourdie de sommeil, elle écarte machinalement les couvertures en laine en dépit du froid hivernal qui accompagne désormais chaque matin, alors que les nausées l'assaillent déjà. Elle le sait, il ne reviendra pas. Elle devrait l'oublier, mais rien n'y fait, d'autant qu'il lui suffit de fermer les yeux et de laisser venir ce qui doit exister pour le revoir. Dès lors, pourquoi être triste ; elle ne saurait l'être, elle qui va bientôt donner naissance à une nouvelle vie, glorieuse et rayonnante. Car ce n’est pas fini, puisque rien ne finit, jamais ...
La lueur du jour pénètre peu à peu entre les voliges de bois de la modeste masure. Une aube pâle, maussade, accompagne la neige qui recouvre le toit de paille, tandis que des gouttes d'eau tombent sur le sol détrempé et boueux, devant la porte restée entrouverte. À l’heure où les chimères se dissipent, elle se réveille, seule, une fois encore. Engourdie de sommeil, elle écarte machinalement les couvertures en laine en dépit du froid hivernal qui accompagne désormais chaque matin, alors que les nausées l'assaillent déjà. Elle le sait, il ne reviendra pas. Elle devrait l'oublier, mais rien n'y fait, d'autant qu'il lui suffit de fermer les yeux et de laisser venir ce qui doit exister pour le revoir. Dès lors, pourquoi être triste ; elle ne saurait l'être, elle qui va bientôt donner naissance à une nouvelle vie, glorieuse et rayonnante. Car ce n’est pas fini, puisque rien ne finit, jamais ...
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Trois nations sur le déclin décident de s'unir pour prendre en main leur destinée, au cœur d’une Europe centrale du souvenir, et non de l'histoire ... Cet ouvrage retrace le devenir de leurs armées et de leurs soldats au travers de dix-sept nouvelles aux ambiances et situations variées, qu’elles soient étranges, glaçantes ou amusantes, mais toutes reliées entre elles par une trame commune. Parue pour la première fois en 1968, la présente version de ce véritable chef-d’œuvre de la littérature fantastique française a été entièrement revue par ses auteurs, Yves et Ada Rémy, avant d'être republiée par les maisons d'édition Fleuve Noir en 1998 et Dystopia, en avril 2013.
Trois nations sur le déclin décident de s'unir pour prendre en main leur destinée, au cœur d’une Europe centrale du souvenir, et non de l'histoire ... Cet ouvrage retrace le devenir de leurs armées et de leurs soldats au travers de dix-sept nouvelles aux ambiances et situations variées, qu’elles soient étranges, glaçantes ou amusantes, mais toutes reliées entre elles par une trame commune. Parue pour la première fois en 1968, la présente version de ce véritable chef-d’œuvre de la littérature fantastique française a été entièrement revue par ses auteurs, Yves et Ada Rémy, avant d'être republiée par les maisons d'édition Fleuve Noir en 1998 et Dystopia, en avril 2013.
Roman et série à succès, le Trône de Fer de l’auteur américain Georges R.R. Martin est une série d'ouvrages de fantasy composée de cinq volumes dans lesquels il y raconte comment de puissantes maisons, au royaume des sept couronnes, rivalisent et s'allient pour reconquérir le trône de fer. Parmi les héros et personnages principaux, le ténébreux Jon Snow, fils de la main du roi Eddard Stark, a-t-il sa place dans la bataille, bien qu'il soit le descendant illégitime du seigneur de Winterfell ? Venue de contrées plus lointaines, Daenerys Targaryen aux cheveux d'argent parviendra-t-elle à s'allier aux peuples de l'Est pour reprendre le pouvoir de son père fou et déchu ?