SOUVENIRS DE MIMBAN
UNE NOUVELLE QUI PREND PLACE AUX CONFINS DE L'EMPIRE
Temps de lecture : 8-10 minutes
Auteur : Récits Polyédriques © 2025
Cette nouvelle revient sur l'un des nombreux conflits qui opposèrent l'Empire Galactique encore naissant aux systèmes souhaitant conserver leur indépendance. Il apparait pour la première fois dans le film Solo : A Star Wars Story, durant lequel on apprend que Han Solo, expulsé de l'académie de pilotage pour insubordination, y servit comme mudtrooper avant de rencontrer Chewbacca et de déserter.
L'illustration utilisée ici, imaginée pour plusieurs scènes du long métrage Rogue : A Star Wars Story finalement coupées au montage, est l'œuvre de l'artiste britannique Jon McCoy, designer conceptuel indépendant travaillant pour les industries du cinéma et du jeu vidéo, ainsi que de nombreuses productions à succès telles que Blade Runner 2049, Dr Strange, Edge Of Tomorrow ou World War Z ...
Il existe des mondes qui sombrent parfois dans la guerre sans qu'aucune raison ne puisse réellement l'expliquer ; Mimban, cinquième planète du système Circapous, est de ceux-là. Située dans la bordure extérieure, au cœur de la zone d’expansion, elle a déjà été le théâtre d'affrontements entre les forces de la République et de la Confédération des Systèmes Indépendants et doit désormais lutter contre les mudtroopers de l'Empire Galactique. Mais alors que trois années d’une guerre sans merci vont bientôt plonger des milliers de systèmes stellaires dans les ténèbres et qu’il faudra attendre près de deux décennies avant que l’hégémonie impériale ne soit remise en cause par l’Alliance Rebelle, les troupes de la 224e Division blindée se déploient pour la seconde fois sur la petite planète inhospitalière pour combattre les tribus locales qu’elles avaient pourtant formées quelques années plus tôt afin repousser les forces séparatistes ... et protéger les innombrables sites d'exploitation de minerais lourds.
Il existe des mondes qui sombrent parfois dans la guerre sans qu'aucune raison ne puisse réellement l'expliquer ; Mimban, cinquième planète du système Circapous, est de ceux-là. Située dans la bordure extérieure, au cœur de la zone d’expansion, elle a déjà été le théâtre d'affrontements entre les forces de la République et de la Confédération des Systèmes Indépendants et doit désormais lutter contre les mudtroopers de l'Empire Galactique. Mais alors que trois années d’une guerre sans merci vont bientôt plonger des milliers de systèmes stellaires dans les ténèbres et qu’il faudra attendre près de deux décennies avant que l’hégémonie impériale ne soit remise en cause par l’Alliance Rebelle, les troupes de la 224e Division blindée se déploient pour la seconde fois sur la petite planète inhospitalière pour combattre les tribus locales qu’elles avaient pourtant formées quelques années plus tôt afin repousser les forces séparatistes … et protéger l’exploitation des innombrables de minerais lourds.
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Toutes nos tentatives pour nous dégager avaient lamentablement échouées les unes après les autres, si bien que nous nous sommes rapidement retrouvés en désordre, coupés de nos arrières dans un secteur proche de la zone disputée. La configuration même du terrain, mêlée à une brume épaisse, nous empêchait de nous regrouper et de manœuvrer efficacement. Dans une guerre de position où notre supériorité technologique n'était d’aucun secours, sinon pour dévaster davantage encore l’environnement, les forêts luxuriantes ont peu à peu laissées la place à un paysage dévasté, labouré par les assauts des TB-TT et recouvert de monceaux de gravas et de troncs brisés. L'atmosphère dense et ionisée, déjà pollué par les rejets des gigantesques complexes miniers, engendrait de puissants orages énergétiques qui ont rapidement transformés les sols en véritables marécages, si bien que le danger venait davantage des bactéries capables d'infester les collecteurs d'eau et des spores saturant les filtres respiratoires que des combats. Notre compagnie, composée de quatre pelotons, avait été littéralement balaillée par une contre-attaque des natifs qui nous ont pris à revers en surgissant de galeries dont eux seuls connaissaient l’existence. À présent, nous étions entourés de cadavres ; certains n’avaient plus qu’une moitié du corps déchiquetée, plusieurs avaient leur combinaison scellée gravement endommagée et leur chair toute noire s'en allait en lambeaux. La pluie incessante les recouvrait de terre ou les exhumait de nouveau. Les unités de chirurgie mobile, médecins et droïdes, tentaient de soigner les blessés à même la vase et les détritus. Beaucoup sont morts dans d’horribles souffrances sans que l’on puisse les aider. Mais pire que le manque de ravitaillement ou de soins était l’odeur qui traînait, lourde et pestilentielle. Elle serrait les tripes, soulevait le cœur, empêchait de manger et de boire. La nuit, il nous était impossible de dormir. Il nous fallait être prêt, à chaque instant. Prêts à attaquer, à se défendre. Prêts à tuer. Sans doute n’étions-nous pas aussi fanatisés que tous ces adolescents qui allaient être endoctrinés à mesure que la politique de conquête et de répression de l'Empire allait s’intensifier, mais cet immense charnier avait suffi à me convaincre du mal fondé de notre cause. Nous ne sacrifions pas nos vies afin de restaurer l'ordre dans la galaxie, mais bien pour réprimer sauvagement les velléités d’un peuple désireux de préserver ses richesses et son autonomie.
Le lendemain soir, conscient que notre moral était au plus bas et notre situation critique, notre lieutenant appela ses gradés et les exhorta à donner l'exemple, avant de nous annoncer que plutôt d’être massacrés dans la nuit, nous allions tenter une nouvelle sortie pour rejoindre une zone de retranchement, non loin de la station 3-7 et de notre troisième ligne de défense. Les instructions commencèrent à circuler dans les rangs, de trou en trou, alors que la pluie reprenait de plus belle et que nous étions toujours exposés aux assauts ennemis. Chacun fit mine de se préparer, passant le temps comme il pouvait. Me concernant, je décidais de profiter de ces quelques heures de répit pour m’assoupir et rejoindre une petite planète située dans la bordure intérieure, non loin de la voie Hydienne. Sur place, j’y retrouvais mes proches, avec qui j'échangeais longuement, résolu quant au sort qui était le mien. Puis, de nouveau avec mes camarades, je les observai tout autour de moi et ne pus m’empêcher de songer à quel point nous étions lamentables à voir. Soudain, nous entendîmes deux détonations au loin. Etait-ce bien pour nous ? Trois secondes d'attente, puis deux nouvelles lueurs transpercèrent le ciel lourd et électrique : c'était bien pour nous ! Surgissant de toute part, nous progressions vers l’arrière sous un feu d'enfer, avançant dans un monde aveugle, tout de blancheur et de fracas. Je n’entendais que les tirs continus des blasters automatiques et de notre artillerie autopropulsée, les hurlements stridents des chasseurs dépêchés en renfort pour couvrir notre retraite et les cris étouffés des blessés. Le relief, fait d’une boue noirâtre et de pierres grises, alternait entre des crêtes dénudées et des crevasses insondables. J’avais parcourus une centaine de mètres et gravis un premier talus lorsqu’un projectile explosa sur ma droite et je reçu un coup à la tête qui brisa mes lunettes polarisées et me laissa à genoux, étourdit. À bout de souffle, j'ai ôté d’une main ensanglantée mon casque ; il exposait notre visage, comme celui de l'Alliance Rebelle quelques années plus tard, ainsi que mon filtre respiratoire. Je n’étais plus entouré que du vacarme des explosions, d’une épaisse fumée et de silhouettes fantomatiques qui couraient en tous sens. Quelque peu désorienté, je me mis en quête d’un lieu sûr le temps de reprendre mes esprits et me suis jeté dans un lacet étroit non loin. En touchant le sol mou, je fus saisis d'un profond dégoût ; j’étais au beau milieu d’un entassement infâme de chairs déchiquetées, avec des cadavres qu'on eût dit dévissés, les membres complètement retournés, et, pour les veiller tous, un seul mort resté debout, monstre sans tête, adossé à la paroi.
Toutes nos tentatives pour nous dégager avaient lamentablement échouées les unes après les autres, si bien que nous nous sommes rapidement retrouvés en désordre, coupés de nos arrières dans un secteur proche de la zone disputée. La configuration même du terrain, mêlée à une brume épaisse, nous empêchait de nous regrouper et de manœuvrer efficacement. Dans une guerre de position où notre supériorité technologique n'était d’aucun secours, sinon pour dévaster davantage encore l’environnement, les forêts luxuriantes ont peu à peu laissées la place à un paysage dévasté, labouré par les assauts des TB-TT et recouvert de monceaux de gravas et de troncs brisés. L'atmosphère dense et ionisée, déjà pollué par les rejets des gigantesques complexes miniers, engendrait de puissants orages énergétiques qui ont rapidement transformés les sols en véritables marécages, si bien que le danger venait davantage des bactéries capables d'infester les collecteurs d'eau et des spores saturant les filtres respiratoires que des combats. Notre compagnie, composée de quatre pelotons, avait été littéralement balaillée par une contre-attaque des natifs qui nous ont pris à revers en surgissant de galeries dont eux seuls connaissaient l’existence. À présent, nous étions entourés de cadavres ; certains n’avaient plus qu’une moitié du corps déchiquetée, plusieurs avaient leur combinaison scellée gravement endommagée et leur chair toute noire s'en allait en lambeaux. La pluie incessante les recouvrait de terre ou les exhumait de nouveau. Les unités de chirurgie mobile, médecins et droïdes, tentaient de soigner les blessés à même la vase et les détritus. Beaucoup sont morts dans d’horribles souffrances sans que l’on puisse les aider. Mais pire que le manque de ravitaillement ou de soins était l’odeur qui traînait, lourde et pestilentielle. Elle serrait les tripes, soulevait le cœur, empêchait de manger et de boire. La nuit, il nous était impossible de dormir. Il nous fallait être prêt, à chaque instant. Prêts à attaquer, à se défendre. Prêts à tuer. Sans doute n’étions-nous pas aussi fanatisés que tous ces adolescents qui allaient être endoctrinés à mesure que la politique de conquête et de répression de l'Empire allait s’intensifier, mais cet immense charnier avait suffi à me convaincre du mal fondé de notre cause. Nous ne sacrifions pas nos vies afin de restaurer l'ordre dans la galaxie, mais bien pour réprimer sauvagement les velléités d’un peuple désireux de préserver ses richesses et son autonomie.
Le lendemain soir, conscient que notre moral était au plus bas et notre situation critique, notre lieutenant appela ses gradés et les exhorta à donner l'exemple, avant de nous annoncer que plutôt d’être massacrés dans la nuit, nous allions tenter une nouvelle sortie pour rejoindre une zone de retranchement, non loin de la station 3-7 et de notre troisième ligne de défense. Les instructions commencèrent à circuler dans les rangs, de trou en trou, alors que la pluie reprenait de plus belle et que nous étions toujours exposés aux assauts ennemis. Chacun fit mine de se préparer, passant le temps comme il pouvait. Me concernant, je décidais de profiter de ces quelques heures de répit pour m’assoupir et rejoindre une petite planète située dans la bordure intérieure, non loin de la voie Hydienne. Sur place, j’y retrouvais mes proches, avec qui j'échangeais longuement, résolu quant au sort qui était le mien. Puis, de nouveau avec mes camarades, je les observai tout autour de moi et ne pus m’empêcher de songer à quel point nous étions lamentables à voir. Soudain, nous entendîmes deux détonations au loin. Etait-ce bien pour nous ? Trois secondes d'attente, puis deux nouvelles lueurs transpercèrent le ciel lourd et électrique : c'était bien pour nous ! Surgissant de toute part, nous progressions vers l’arrière sous un feu d'enfer, avançant dans un monde aveugle, tout de blancheur et de fracas. Je n’entendais que les tirs continus des blasters automatiques et de notre artillerie autopropulsée, les hurlements stridents des chasseurs dépêchés en renfort pour couvrir notre retraite et les cris étouffés des blessés. Le relief, fait d’une boue noirâtre et de pierres grises, alternait entre des crêtes dénudées et des crevasses insondables. J’avais parcourus une centaine de mètres et gravis un premier talus lorsqu’un projectile explosa sur ma droite et je reçu un coup à la tête qui brisa mes lunettes polarisées et me laissa à genoux, étourdit. À bout de souffle, j'ai ôté d’une main ensanglantée mon casque ; il exposait notre visage, comme celui de l'Alliance Rebelle quelques années plus tard, ainsi que mon filtre respiratoire. Je n’étais plus entouré que du vacarme des explosions, d’une épaisse fumée et de silhouettes fantomatiques qui couraient en tous sens. Quelque peu désorienté, je me mis en quête d’un lieu sûr le temps de reprendre mes esprits et me suis jeté dans un lacet étroit non loin. En touchant le sol mou, je fus saisis d'un profond dégoût ; j’étais au beau milieu d’un entassement infâme de chairs déchiquetées, avec des cadavres qu'on eût dit dévissés, les membres complètement retournés, et, pour les veiller tous, un seul mort resté debout, monstre sans tête, adossé à la paroi.
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Choqué, je suis tout de même parvenu à me terrer au fond d’un renfoncement creusé à même la paroi, alors que des déflagrions continuaient de projeter quantité de terre et de gravas autour de moi. C’est alors que j'entendis une voix : "caporal, caporal, emmenez-moi avec vous, je vous en supplie". Avant même que je puisse faire qui que ce soit, une nouvelle explosion, plus proche celle-ci, me projeta violement contre l’intérieur de la cavité et je me suis évanoui. Lorsque j’ai rouvert les yeux, j'ai vu une partie de sa longue cape imperméable qui recouvrait ses jambières alors que de l'eau boueuse ruisselait tout autour de nous. Je sentis à nouveau le sol trembler et reconnus le vrombissement des moteurs de véhicules d’assaut. Les combats n'avaient pas cessé et nos chasseurs pilonnaient inlassablement les lignes fortifiées Mimbaneses. En contrebas, on percevait les mouvements de plusieurs escouades de clones, soutenues par des aéroglisseurs de reconnaissance, ainsi que les ordres fermes d'un lieutenant. Mais plutôt que de m'extraire de cette fosse nauséabonde pour les rejoindre, j'ai préféré attraper une racine et m'en servir comme levier pour dégager la dépouille du malheureux conscrit. Puis, profitant de la présence providentielle d’une motojet abandonnée par son propriétaire, j’ai transporté le corps le plus loin possible de la ligne de front, au cœur d'un cratère formé par un tir de soutien orbital et emplis de débris végétaux encore fumants. Sur place, à l’abri des combats, j’ai pris le temps de me pencher sur sa dépouille, passant mes doigts sur son front ruisselant avant de lui ôter son casque en plastoïde, de récupérer ses lunettes polarisées et de l’enterrer. La terre était chaude et molle. À chaque trouée, je découvrais une vie hallucinante. Quelques minutes plus tard, je me suis enfin relevé et j'ai observé la fosse dans laquelle la pluie formait déjà des flaques obscures. Mais alors que je venais de faire glisser le corps qui s'était affaissé dans le sol détrempé, j'ai entendu des voix. Les voix d'un petit groupe de ces créatures qui s'habillaient de joncs et de roseaux pour se camoufler et qui possédaient l'habilité de disparaître dans la boue et la vase. Sans prendre le temps de réfléchir, je me suis jeté à côté du cadavre, tout juste armé du blaster que j’avais récupéré sur la dépouille de notre sergent-major, repoussant le corps du pied tout en ramenant le plus de terre possible et d’attraper une racine afin de nous recouvrir d'un tapis d’aiguillons calcinés. Malgré le vacarme environnant, je les entendais se rapprocher et continuais tant bien que mal à m’enfoncer dans la boue, si bien que mes mains finirent par disparaitre, ainsi que mon front, mes genoux et ma bouche. Il ne restait guère de visibles que mes narines et la surface de mes paupières. J'ouvrais les yeux et ne voyais qu'un amas de lianes carbonisées et des morceaux de ce ciel orageux, immense et lourd. Les pas approchaient ; ils étaient tout près, à quelques instants d’attaquer les troupes de reconnaissance stationnées en contrebas. Mais contre toute attente, ils se sont arrêtés et j'ai reconnu le cliquetis d’une arme contre le métal de la motojet, suivi du bruit d'un liquide qui se répandait sur le sol. L’un d’eux me pissait dessus du haut du trou ! Je fermais les yeux et cessait de respirer tout en poussant sur le fond de mon crâne … j’allais bientôt rejoindre mes frères d’arme tombés pour un conflit dont le sens nous dépassait
C’est alors que j’ai entendu un cri, ou plutôt un son court et bref. La chose, qui s'était manifestement baissée après avoir remarqué la terre encore fraîche, s’est laissée tomber dans la fosse, entouré de ces congénères. Je pouvais sentir tout son poids sur mes jambes. Il a commencé à creuser et a rapidement dégagé le corps sans vie. Je sentais l'air extérieur le long de mes doigts. Il l’a délaissé et s’est remis à creuser, remuant la terre juste au-dessus de mon ventre. Ses doigts ont frôlé mon plastron et il a émis des interjections incompréhensibles à destination de ses camarades qui l’ont rejoint pour l’aider. La terre a bougé à nouveau, tandis que je distinguais de la lumière à travers mes paupières et qu'un liquide a commencé à couler le long de mon front. J'ai ouvert les yeux, un visage par-dessus le mien ; un visage sale et épuisé doté d’une peau rouge et de yeux bleus sans paupières, parfaitement adaptés à la vie souterraine. Ils ont échangé quelques sons avant de pointer leurs armes sur moi tout en me dégageant. C’en était fini de moi, mon heure était venue. C’est alors qu’un bruit sourd déchira la pluie, comme un claquement. J'ai d’abord cru à l’arrivée d’un de ces engins chenillés, peut-être un PX-10, avant de me raviser. Le visage qui me toisait quelques secondes plus tôt venait littéralement d’exploser, alors qu’une série de faisceaux de particules meurtriers fusaient tout autour de moi. Le cœur me manqua de voir tant de sang et je faillis m’évanouir pour la seconde fois. Et alors que le calme était retombé et que j’entrepris de me dégager lentement, il n'y avait plus autour de moi que des corps sans vie et sans allure. Deux mudtroopers armés de fusils blasters E-22 à double canon sont sortis de nulle part et se sont avancés sans un mot. Ils se sont dirigés vers la motojet, inspectant les alentours du regard, tandis que je fouillais les dépouilles. Le premier a allumé les répulseurs pour vérifier s'ils fonctionnaient toujours, tandis que le second s'est avancé dans ma direction. Il est descendu dans la cavité et s'est baissé sur le corps du conscrit. Il l'a retourné et sans que je saches pourquoi, ses yeux ont lentement pivoté dans ma direction ; pourtant, je suis certain qu'il ne m'avait pas vu. J'avais tiré à trois reprises sur son camarade avant de me tourner vers lui pour l'abattre à son tour. Hors de question de laisser passer pareille aubaine, d’autant que les cellules d'énergie de mon blaster étaient quasi vides. Une fois récupéré tout le matériel qui pouvait l'être, je l’ai glissé dans le bac de transport de la motojet avant de recouvrir ce tableau horrible de terre et de quitter les lieux. L'histoire impériale ne comprendrait pas un tombeau pareil. La ligne de front s’était déplacée au-delà de la zone disputée, alors que la 224e Division continuait à progresser malgré de lourdes pertes, enlisée dans un affrontement pour le contrôle de l'hyperbaride, indispensable à l’expansion de l’Empire. Je me suis immédiatement mis en quête d'une nouvelle dépouille ... ce conflit n'était plus le mien et à défaut d'affronter la cause impériale, je préférais prendre mon destin en main, en attendant des jours meilleurs.
Choqué, je suis tout de même parvenu à me terrer au fond d’un renfoncement creusé à même la paroi, alors que des déflagrions continuaient de projeter quantité de terre et de gravas autour de moi. C’est alors que j'entendis une voix : "caporal, caporal, emmenez-moi avec vous, je vous en supplie". Avant même que je puisse faire qui que ce soit, une nouvelle explosion, plus proche celle-ci, me projeta violement contre l’intérieur de la cavité et je me suis évanoui. Lorsque j’ai rouvert les yeux, j'ai vu une partie de sa longue cape imperméable qui recouvrait ses jambières alors que de l'eau boueuse ruisselait tout autour de nous. Je sentis à nouveau le sol trembler et reconnus le vrombissement des moteurs de véhicules d’assaut. Les combats n'avaient pas cessé et nos chasseurs pilonnaient inlassablement les lignes fortifiées Mimbaneses. En contrebas, on percevait les mouvements de plusieurs escouades de clones, soutenues par des aéroglisseurs de reconnaissance, ainsi que les ordres fermes d'un lieutenant. Mais plutôt que de m'extraire de cette fosse nauséabonde pour les rejoindre, j'ai préféré attraper une racine et m'en servir comme levier pour dégager la dépouille du malheureux conscrit. Puis, profitant de la présence providentielle d’une motojet abandonnée par son propriétaire, j’ai transporté le corps le plus loin possible de la ligne de front, au cœur d'un cratère formé par un tir de soutien orbital et emplis de débris végétaux encore fumants. Sur place, à l’abri des combats, j’ai pris le temps de me pencher sur sa dépouille, passant mes doigts sur son front ruisselant avant de lui ôter son casque en plastoïde, de récupérer ses lunettes polarisées et de l’enterrer. La terre était chaude et molle. À chaque trouée, je découvrais une vie hallucinante. Quelques minutes plus tard, je me suis enfin relevé et j'ai observé la fosse dans laquelle la pluie formait déjà des flaques obscures. Mais alors que je venais de faire glisser le corps qui s'était affaissé dans le sol détrempé, j'ai entendu des voix. Les voix d'un petit groupe de ces créatures qui s'habillaient de joncs et de roseaux pour se camoufler et qui possédaient l'habilité de disparaître dans la boue et la vase. Sans prendre le temps de réfléchir, je me suis jeté à côté du cadavre, tout juste armé du blaster que j’avais récupéré sur la dépouille de notre sergent-major, repoussant le corps du pied tout en ramenant le plus de terre possible et d’attraper une racine afin de nous recouvrir d'un tapis d’aiguillons calcinés. Malgré le vacarme environnant, je les entendais se rapprocher et continuais tant bien que mal à m’enfoncer dans la boue, si bien que mes mains finirent par disparaitre, ainsi que mon front, mes genoux et ma bouche. Il ne restait guère de visibles que mes narines et la surface de mes paupières. J'ouvrais les yeux et ne voyais qu'un amas de lianes carbonisées et des morceaux de ce ciel orageux, immense et lourd. Les pas approchaient ; ils étaient tout près, à quelques instants d’attaquer les troupes de reconnaissance stationnées en contrebas. Mais contre toute attente, ils se sont arrêtés et j'ai reconnu le cliquetis d’une arme contre le métal de la motojet, suivi du bruit d'un liquide qui se répandait sur le sol. L’un d’eux me pissait dessus du haut du trou ! Je fermais les yeux et cessait de respirer tout en poussant sur le fond de mon crâne … j’allais bientôt rejoindre mes frères d’arme tombés pour un conflit dont le sens nous dépassait
C’est alors que j’ai entendu un cri, ou plutôt un son court et bref. La chose, qui s'était manifestement baissée après avoir remarqué la terre encore fraîche, s’est laissée tomber dans la fosse, entouré de ces congénères. Je pouvais sentir tout son poids sur mes jambes. Il a commencé à creuser et a rapidement dégagé le corps sans vie. Je sentais l'air extérieur le long de mes doigts. Il l’a délaissé et s’est remis à creuser, remuant la terre juste au-dessus de mon ventre. Ses doigts ont frôlé mon plastron et il a émis des interjections incompréhensibles à destination de ses camarades qui l’ont rejoint pour l’aider. La terre a bougé à nouveau, tandis que je distinguais de la lumière à travers mes paupières et qu'un liquide a commencé à couler le long de mon front. J'ai ouvert les yeux, un visage par-dessus le mien ; un visage sale et épuisé doté d’une peau rouge et de yeux bleus sans paupières, parfaitement adaptés à la vie souterraine. Ils ont échangé quelques sons avant de pointer leurs armes sur moi tout en me dégageant. C’en était fini de moi, mon heure était venue. C’est alors qu’un bruit sourd déchira la pluie, comme un claquement. J'ai d’abord cru à l’arrivée d’un de ces engins chenillés, peut-être un PX-10, avant de me raviser. Le visage qui me toisait quelques secondes plus tôt venait littéralement d’exploser, alors qu’une série de faisceaux de particules meurtriers fusaient tout autour de moi. Le cœur me manqua de voir tant de sang et je faillis m’évanouir pour la seconde fois. Et alors que le calme était retombé et que j’entrepris de me dégager lentement, il n'y avait plus autour de moi que des corps sans vie et sans allure. Deux mudtroopers armés de fusils blasters E-22 à double canon sont sortis de nulle part et se sont avancés sans un mot. Ils se sont dirigés vers la motojet, inspectant les alentours du regard, tandis que je fouillais les dépouilles. Le premier a allumé les répulseurs pour vérifier s'ils fonctionnaient toujours, tandis que le second s'est avancé dans ma direction. Il est descendu dans la cavité et s'est baissé sur le corps du conscrit. Il l'a retourné et sans que je saches pourquoi, ses yeux ont lentement pivoté dans ma direction ; pourtant, je suis certain qu'il ne m'avait pas vu. J'avais tiré à trois reprises sur son camarade avant de me tourner vers lui pour l'abattre à son tour. Hors de question de laisser passer pareille aubaine, d’autant que les cellules d'énergie de mon blaster étaient quasi vides. Une fois récupéré tout le matériel qui pouvait l'être, je l’ai glissé dans le bac de transport de la motojet avant de recouvrir ce tableau horrible de terre et de quitter les lieux. L'histoire impériale ne comprendrait pas un tombeau pareil. La ligne de front s’était déplacée au-delà de la zone disputée, alors que la 224e Division continuait à progresser malgré de lourdes pertes, enlisée dans un affrontement pour le contrôle de l'hyperbaride, indispensable à l’expansion de l’Empire. Je me suis immédiatement mis en quête d'une nouvelle dépouille … ce conflit n'était plus le mien et à défaut d'affronter la cause impériale, je préférais prendre mon destin en main, en attendant des jours meilleurs.
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En 2012, l’éditeur américain Fantasy Flight Games crée un jeu complet décliné en trois gammes compatibles à destination des joueurs, qu’ils souhaitent interpréter des explorateurs, des contrebandiers ou des vauriens, des êtres sensibles à la Force, ou jouer le conflit opposant impériaux et rebelles. Lesdites gammes reposent sur un seul et même système de règles, tout en ayant des mécaniques propres. Le projet est finalement confié en 2020 par le groupe Asmodée (qui possède FFG) au studio Edge Entertainment, lequel publie à son tour un Kit d'initiation pour chacune des trois gammes, ainsi qu'un certain nombre de suppléments qui s'attachent à des aspects particuliers de l'univers.
En 2012, l’éditeur américain Fantasy Flight Games crée un jeu complet décliné en trois gammes compatibles à destination des joueurs, qu’ils souhaitent interpréter des explorateurs, des contrebandiers ou des vauriens, des êtres sensibles à la Force, ou jouer le conflit opposant impériaux et rebelles. Lesdites gammes reposent sur un seul et même système de règles, tout en ayant des mécaniques propres. Le projet est finalement confié en 2020 par le groupe Asmodée (qui possède FFG) au studio Edge Entertainment, lequel publie à son tour un Kit d'initiation pour chacune des trois gammes, ainsi qu'un certain nombre de suppléments qui s'attachent à des aspects particuliers de l'univers.
En 2012, l’éditeur américain Fantasy Flight Games crée un jeu complet décliné en trois gammes compatibles à destination des joueurs, qu’ils souhaitent interpréter des explorateurs, des contrebandiers ou des vauriens, des êtres sensibles à la Force, ou jouer le conflit opposant impériaux et rebelles. Lesdites gammes reposent sur un seul et même système de règles, tout en ayant des mécaniques propres. Le projet est finalement confié en 2020 par le groupe Asmodée (qui possède FFG) au studio Edge Entertainment, lequel publie à son tour un Kit d'initiation pour chacune des trois gammes, ainsi qu'un certain nombre de suppléments qui s'attachent à des aspects particuliers de l'univers.