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UN JOUR DE PLUS

UNE NOUVELLE INTRODUCTIVE POUR VERMINE 2047

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Un jour de plus

Une nouvelle introductive pour Vermine 2047





À propos

UN JOUR DE PLUS

Temps de lecture : 4-6 minutes

Auteur : Julien Blondel © 2022

Cette courte nouvelle s'inspire de textes tirés du jeu de rôle sur table Vermine 2047, de Julien Blondel, lequel propose d’incarner les survivants d’un monde dévasté par des vagues d’épidémies, d’émeutes et de catastrophes naturelles, alors que la nature a repris sa place au sommet de la chaîne alimentaire ...

L'illustration sélectionnée pour l'occasion est l'œuvre de l'artiste numérique suisse Philippe Jozelon, également professeur de dessin à l'École Créapôle de Paris et illustrateur pour plusieurs maisons d'édition, à l’image des studios Agate Éditions, avec qui il a collaboré pour le jeu de rôle sur table Vermine 2047.

J’ai fermé les yeux des milliers de fois, couchée à même le sol, sanglée au tronc d’un arbre ou sur le toit d’un immeuble, blottie dans un couloir, dans un coffre de voiture, au fond d’un container ou d’une vieille cave humide. J’ai dormi n’importe où, ne serait-ce qu’une heure ou deux, et elle est venue me saisir à chaque fois. La même angoisse, la même bouffée de panique. Pas cette peur infantile de ne jamais se réveiller, après tout, mourir dans son sommeil est de loin la plus douce des options qu’il nous reste, et sans doute la première à laquelle on se prépare. La peur de se réveiller, justement. La peur d'ouvrir les yeux et de voir ce qui nous dévore. Bien sûr, j’ai entendu trop de choses pour me convaincre que tout est faux. Mais j’en ai également vu suffisamment pour savoir qu’il y a pire.

J’ai fermé les yeux des milliers de fois, couchée à même le sol, sanglée au tronc d’un arbre ou sur le toit d’un immeuble, blottie dans un couloir, dans un coffre de voiture, au fond d’un container ou d’une vieille cave humide. J’ai dormi n’importe où, ne serait-ce qu’une heure ou deux, et elle est venue me saisir à chaque fois. La même angoisse, la même bouffée de panique. Pas cette peur infantile de ne jamais se réveiller, après tout, mourir dans son sommeil est de loin la plus douce des options qu’il nous reste, et sans doute la première à laquelle on se prépare. La peur de se réveiller, justement. La peur d'ouvrir les yeux et de voir ce qui nous dévore. Bien sûr, j’ai entendu trop de choses pour me convaincre que tout est faux. Mais j’en ai également vu suffisamment pour savoir qu’il y a pire.

*

 

*           *

*

 

*         *

J’ai peur de la vermine ...

 

J’ai peur des créatures, des nuées d'insectes, des araignées, des morsures et des rats. J’ai peur que ces ombres géantes qui glissent entre les arbres soient toujours bien réelles quand le soleil revient. J’ai peur d’être piquée, trainée comme une viande chaude et dévorée vivante par une colonie d’yeux, de griffes et d’estomacs. Mais si j'ai peur de la vermine, ce n’est rien à côté de ce que m’inspirent les autres, tant ce qu’il reste de nous me terrifie. Je n’ai jamais eu de preuve, tout juste des rumeurs, des histoires ou des traces ; des ossements humains enfouis dans des terriers abandonnés ou des sillons de forêt brûlée par le passage de processions larges comme des autoroutes, mais pas de preuve.

 

Et pourtant, nous sommes peu à peu devenus le pire de nos cauchemars ...

 

Le monde que nous avons connu n’est plus. Supermarchés, eau saine, linge propre, lumière, médicaments ... L’époque où nous n’avions qu’à tendre la main pour manger, pour apprendre, boire ou nous divertir n’est plus qu’un douloureux souvenir. L’époque où nous pouvions choisir, où notre société, notre civilisation toute entière, répondait aux besoins qu’elle créait n’existe plus que dans les livres et la nostalgie de ceux qui la regrettent encore. Nous n’avons plus le choix, désormais. Nous devons chercher. Nous devons prendre. Le moindre litre d’eau, le moindre morceau de viande, le moindre vêtement coûtera son pesant de sueur et de sang ...

 

Quand les médias se sont tus, quelque chose de glacé s’est réveillé en nous et s’est mis à hurler.

 

Il m’a fallu trois jours avant de me décider. Trois jours et trois nuits blanches déchirées par les cris, les sirènes et les bruits de verre brisé pour surmonter la peur et comprendre que personne ne viendrait. Trois jours avant de trouver la force de partir. De tout abandonner. La force d’admettre que cette fois, le monde ne s’en relèverait pas. Beaucoup ont fait l’erreur de s’enfermer chez eux ou de se ruer sur les armes, persuadés que leur survie passait par leur capacité à se défendre, par leur capacité à tuer, mais on ne se nourrit pas de munitions, et les armes ont toujours eu tendance à en attirer d’autres, guidées par cette même faim que les balles n’assouvissent pas. Ceux qui n’ont pas eu le temps de s’éloigner des grandes villes, de se regrouper en nombre ou de se mettre à l’abri ont tous connu le même sort. Les plus forts, les mieux organisés, ont tenu plus longtemps, mais ils ont tous fini par mourir.

 

Quant à moi, je suis restée cachée pendant près de quatre ans ...

 

À présent, j’aimerais pouvoir me dire que les autres n’existent pas. J’aimerais pouvoir me convaincre que nous sommes restés humains, que nous avons conservé cette petite étincelle, cette part d’humanité qui nous empêche de sombrer dans la bestialité. Cette part de nous qui refuse de tuer sans raison. Qui nous interdit de nous nourrir les uns des autres. J’aimerais pouvoir me convaincre qu’ils n’existent pas. Mais je sais ce qu’on raconte. Et je sais que j’ai vu.

 

Ce ne sont pas les chamans qui me font peur. Ceux que j’ai rencontrés n’ont rien fait devant moi qui m’ait donné envie de m’enfuir ou de me réveiller de ce cauchemar en hurlant. Il y a toujours eu des herboristes, des sourciers, des guérisseurs. Il y a toujours eu des mystiques, des druides ou des gourous. Que certains d’entre eux prétendent parler à la forêt, communier avec l’eau, invoquer les Totems ou partager leur terre avec "l’esprit de la ruche" ne m’a jamais effrayée. Ce ne sont que des mots. Des mots qu’ils mettent sur l’invisible. Et les mots ne tuent pas.

 

Les mots ne sacrifient pas leurs enfants aux fourmis.

 

Je ne les ai jamais vus, mais je sais qu’ils existent. Les cannibales. Les fanatiques. Les adorateurs de la vermine. Ceux qui nourrissent leurs rats avec de la chair humaine. Ceux qui vivent dans des grottes et qui percent les yeux de leurs nouveaux nés. Ceux qui se tranchent les oreilles ou qui s’amputent les mains pour se greffer des lames ou des ossements. Ceux qui s’injectent des larves et des œufs d’araignée sous la peau jusqu’à leur éclosion. Ceux qui transforment les femmes en pondeuses de créatures sans nom. Ceux dont la peau scintille sous les ultra-violets comme de la chitine de scorpion. Ceux dont le corps criblé de balles continue d’avancer. Je sais qu’ils sont réels. Les cadavres déchiquetés que j’ai vus ne mentaient pas.

 

La terreur dans le regard de tous ceux qui leur ont survécu ne mentait pas.

 

Je ne sais pas ce qui lui a fait ça. C’est arrivé avant notre rencontre, et il n’en a parlé qu’une seule fois, une nuit où la fatigue l’avait rendu plus sombre. J’ai cru qu’il divaguait, au début. Certains mots m’échappaient, car il avait tendance à se remettre à parler en allemand sous l’effet de la douleur, de l’urgence ou de l’alcool. J’ai tenté de me convaincre que je l’avais mal compris. Qu’il avait pu se couper, se blesser sur un rocher. Que sa blessure avait pu s’infecter. J’ai tenté de me convaincre que n’importe quel animal avait pu lui causer cette morsure. Mais c’est moi qui me mentais. Je crois que j’étais simplement aussi terrifiée que lui. Il transpirait la peur. Son regard perdu dans le vide. Sa façon de sursauter au moindre craquement du feu. Ses silences. Ses mains tremblantes, quand il tentait de décrire, de montrer la taille de ce qui l’avait mordu.

 

Je ne sais pas ce qui lui a fait ça, mais je continue de prier pour ne jamais me trouver sur son chemin.

 

Iza, été 2045

J’ai peur de la vermine ...

 

J’ai peur des créatures, des nuées d'insectes, des araignées, des morsures et des rats. J’ai peur que ces ombres géantes qui glissent entre les arbres soient toujours bien réelles quand le soleil revient. J’ai peur d’être piquée, trainée comme une viande chaude et dévorée vivante par une colonie d’yeux, de griffes et d’estomacs. Mais si j'ai peur de la vermine, ce n’est rien à côté de ce que m’inspirent les autres, tant ce qu’il reste de nous me terrifie. Je n’ai jamais eu de preuve, tout juste des rumeurs, des histoires ou des traces ; des ossements humains enfouis dans des terriers abandonnés ou des sillons de forêt brûlée par le passage de processions larges comme des autoroutes, mais pas de preuve.

 

Et pourtant, nous sommes peu à peu devenus le pire de nos cauchemars ...

 

Le monde que nous avons connu n’est plus. Supermarchés, eau saine, linge propre, lumière, médicaments ... L’époque où nous n’avions qu’à tendre la main pour manger, pour apprendre, boire ou nous divertir n’est plus qu’un douloureux souvenir. L’époque où nous pouvions choisir, où notre société, notre civilisation toute entière, répondait aux besoins qu’elle créait n’existe plus que dans les livres et la nostalgie de ceux qui la regrettent encore. Nous n’avons plus le choix, désormais. Nous devons chercher. Nous devons prendre. Le moindre litre d’eau, le moindre morceau de viande, le moindre vêtement coûtera son pesant de sueur et de sang ...

 

Quand les médias se sont tus, quelque chose de glacé s’est réveillé en nous et s’est mis à hurler.

 

Il m’a fallu trois jours avant de me décider. Trois jours et trois nuits blanches déchirées par les cris, les sirènes et les bruits de verre brisé pour surmonter la peur et comprendre que personne ne viendrait. Trois jours avant de trouver la force de partir. De tout abandonner. La force d’admettre que cette fois, le monde ne s’en relèverait pas. Beaucoup ont fait l’erreur de s’enfermer chez eux ou de se ruer sur les armes, persuadés que leur survie passait par leur capacité à se défendre, par leur capacité à tuer, mais on ne se nourrit pas de munitions, et les armes ont toujours eu tendance à en attirer d’autres, guidées par cette même faim que les balles n’assouvissent pas. Ceux qui n’ont pas eu le temps de s’éloigner des grandes villes, de se regrouper en nombre ou de se mettre à l’abri ont tous connu le même sort. Les plus forts, les mieux organisés, ont tenu plus longtemps, mais ils ont tous fini par mourir.

 

Quant à moi, je suis restée cachée pendant près de quatre ans ...

 

À présent, j’aimerais pouvoir me dire que les autres n’existent pas. J’aimerais pouvoir me convaincre que nous sommes restés humains, que nous avons conservé cette petite étincelle, cette part d’humanité qui nous empêche de sombrer dans la bestialité. Cette part de nous qui refuse de tuer sans raison. Qui nous interdit de nous nourrir les uns des autres. J’aimerais pouvoir me convaincre qu’ils n’existent pas. Mais je sais ce qu’on raconte. Et je sais que j’ai vu.

 

Ce ne sont pas les chamans qui me font peur. Ceux que j’ai rencontrés n’ont rien fait devant moi qui m’ait donné envie de m’enfuir ou de me réveiller de ce cauchemar en hurlant. Il y a toujours eu des herboristes, des sourciers, des guérisseurs. Il y a toujours eu des mystiques, des druides ou des gourous. Que certains d’entre eux prétendent parler à la forêt, communier avec l’eau, invoquer les Totems ou partager leur terre avec "l’esprit de la ruche" ne m’a jamais effrayée. Ce ne sont que des mots. Des mots qu’ils mettent sur l’invisible. Et les mots ne tuent pas.

 

Les mots ne sacrifient pas leurs enfants aux fourmis.

 

Je ne les ai jamais vus, mais je sais qu’ils existent. Les cannibales. Les fanatiques. Les adorateurs de la vermine. Ceux qui nourrissent leurs rats avec de la chair humaine. Ceux qui vivent dans des grottes et qui percent les yeux de leurs nouveaux nés. Ceux qui se tranchent les oreilles ou qui s’amputent les mains pour se greffer des lames ou des ossements. Ceux qui s’injectent des larves et des œufs d’araignée sous la peau jusqu’à leur éclosion. Ceux qui transforment les femmes en pondeuses de créatures sans nom. Ceux dont la peau scintille sous les ultra-violets comme de la chitine de scorpion. Ceux dont le corps criblé de balles continue d’avancer. Je sais qu’ils sont réels. Les cadavres déchiquetés que j’ai vus ne mentaient pas.

 

La terreur dans le regard de tous ceux qui leur ont survécu ne mentait pas.

 

Je ne sais pas ce qui lui a fait ça. C’est arrivé avant notre rencontre, et il n’en a parlé qu’une seule fois, une nuit où la fatigue l’avait rendu plus sombre. J’ai cru qu’il divaguait, au début. Certains mots m’échappaient, car il avait tendance à se remettre à parler en allemand sous l’effet de la douleur, de l’urgence ou de l’alcool. J’ai tenté de me convaincre que je l’avais mal compris. Qu’il avait pu se couper, se blesser sur un rocher. Que sa blessure avait pu s’infecter. J’ai tenté de me convaincre que n’importe quel animal avait pu lui causer cette morsure. Mais c’est moi qui me mentais. Je crois que j’étais simplement aussi terrifiée que lui. Il transpirait la peur. Son regard perdu dans le vide. Sa façon de sursauter au moindre craquement du feu. Ses silences. Ses mains tremblantes, quand il tentait de décrire, de montrer la taille de ce qui l’avait mordu.

 

Je ne sais pas ce qui lui a fait ça, mais je continue de prier pour ne jamais me trouver sur son chemin.

 

Iza, été 2045

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Et si vous preniez le temps de découvrir le roman qui a inspiré cette nouvelle ...

Vermine 2047

 

Écologie, survie, chamanisme ... le jeu de rôle Vermine 2047 dépeint une vision pertinente et engagée d’un monde où la nature a repris ses droits, plaçant l’humanité en bas de la chaîne alimentaire. Le cadre est celui de l'Europe en 2037 : une Europe dangereuse et délabrée, où l'homme tente de survivre alors que la Terre sembre mettre tout en œuvre pour se débarrasser définitivement de l’humanité. Et si une première édition, récompensée en 2005, a marqué en son temps toute une génération de joueurs, il ne s'agit ni d'une suite, ni d'une réédition, mais bien d'une toute nouvelle version entièrement réécrite, avec un univers plus détaillé, des thèmes plus affirmés et un tout nouveau système de jeu.

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Vermine 2047

Écologie, survie, chamanisme ... le jeu de rôle Vermine 2047 dépeint une vision pertinente et engagée d’un monde où la nature a repris ses droits, plaçant l’humanité en bas de la chaîne alimentaire. Le cadre est celui de l'Europe en 2037 : une Europe dangereuse et délabrée, où l'homme tente de survivre alors que la Terre sembre mettre tout en œuvre pour se débarrasser définitivement de l’humanité. Et si une première édition, récompensée en 2005, a marqué en son temps toute une génération de joueurs, il ne s'agit ni d'une suite, ni d'une réédition, mais bien d'une toute nouvelle version entièrement réécrite, avec un univers plus détaillé, des thèmes plus affirmés et un tout nouveau système de jeu.

Vermine 2047

 

Écologie, survie, chamanisme ... le jeu de rôle Vermine 2047 dépeint une vision pertinente et engagée d’un monde où la nature a repris ses droits, plaçant l’humanité en bas de la chaîne alimentaire. Le cadre est celui de l'Europe en 2037 : une Europe dangereuse et délabrée, où l'homme tente de survivre alors que la Terre sembre mettre tout en œuvre pour se débarrasser définitivement de l’humanité. Et si une première édition, récompensée en 2005, a marqué en son temps toute une génération de joueurs, il ne s'agit ni d'une suite, ni d'une réédition, mais bien d'une toute nouvelle version entièrement réécrite, avec un univers plus détaillé, des thèmes plus affirmés et un tout nouveau système de jeu.

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