MIDNIGHT LADY™
UNE NOUVELLE POUR CYBERPUNK RED
Temps de lecture : 6-8 minutes
Auteur : Récits Polyédriques © 2025
La présente nouvelle s'inspire de la toute dernière édition du jeu de rôle sur table Cyberpunk RED. Elle met en scène le destin d'une jeune femme désœuvrée, enfant de l’Ère du Rouge, qui décide de prendre son destin en main et de tracer sa propre route.
L'illustration utilisée ici est l'œuvre de l'artiste conceptuel indépendant vietnamien Trung Bui, mondialement célèbre pour la poésie qui se dégage de ses créations, lesquelles mettent presque toujours en scène des personnages féminins.
Je me souviens l'avoir entendu dire qu'elle était née tout juste après la bombe. Elle était certaine de cette date car elle se souvenait encore de cette période baptisée l'Ère du Rouge par les survivants, à cause des particules en suspension dans l'air qui provoquaient une lueur cramoisie à l’aube et au crépuscule. Elle avait des yeux bleus incroyables, d'une clarté profonde semblable à des cristaux, et un sourire onirique tout droit sortis d'un magazine. Bien sûr, ses yeux, c'étaient des Teknics 2350 et son sourire sortait vraiment d'un catalogue. Beau travail de biosculpture. Mais en fin de compte, peu importe ce qui était réel chez elle, je l'aimais quand même à la folie. Que voulez-vous, je suis comme ça.
Johnny Silverhand
Cyberpunk 2077, CD Projekt RED, 2020
Je me souviens l'avoir entendu dire qu'elle était née tout juste après la bombe. Elle était certaine de cette date car elle se souvenait encore de cette période baptisée l'Ère du Rouge par les survivants, à cause des particules en suspension dans l'air qui provoquaient une lueur cramoisie à l’aube et au crépuscule. Elle avait des yeux bleus incroyables, d'une clarté profonde semblable à des cristaux, et un sourire onirique tout droit sortis d'un magazine. Bien sûr, ses yeux, c'étaient des Teknics 2350 et son sourire sortait vraiment d'un catalogue. Beau travail de biosculpture. Mais en fin de compte, peu importe ce qui était réel chez elle, je l'aimais quand même à la folie. Que voulez-vous, je suis comme ça.
Johnny Silverhand
Cyberpunk 2077, CD Projekt RED, 2020
*
* *
*
* *
Pauvreté n’est pas vice ... Tu parles !
Je viens des bidonvilles d'une Night City en pleine reconstruction, au milieu des ruines des guerres corporatistes et des gravats radioactifs, des gratte-ciels abandonnés et des véhicules calcinés. Tous ceux qui ont pris un départ dans la vie aussi lamentable que celui-là savent ce que crier famine veut dire. Mes parents, déjà affligés de trois gamins, ne m’ont pas pris plus en considération qu’une soupe froide. Abrutis par l’alcool et l’oisiveté, ils nous ignoraient la plupart du temps, nous laissant livrés à nous-mêmes parmi les usines et les tours industrielles désaffectées. De cette misérable fratrie, je suis la seule à ne pas avoir rejoint un gang de délinquants juvéniles, où il est souvent question d’activités mauvaises pour la santé.
Je n'ai pas eu de scolarité, mais j’étais tout de même parvenue à apprendre à lire, écrire et compter, ayant assez de jugeote pour comprendre que cela me serait utile dans une ville où plus de la moitié des habitants étaient analphabètes. Dès dix ans, j’offrais mes services pour déchiffrer un papier administratif ou jouer à la comptable, moyennant une pièce ou deux que je cachais dans le ballast de la voie de chemin de fer abandonnée qui jouxtait notre rue.
Les journées étaient souvent maussades, nuageuses, et lorsque le soleil daignait enfin se montrer, il éblouissait tout, alors que le ciel chargé de particules nocives prenait une teinte dorée à cause de la pollution.
Le jour de mes treize ans, mon frère aîné m’a chopée dans un coin et a commencé à me tripoter. Je lui ai broyé le majeur avec les dents, entre la deuxième et la troisième phalange. Ça l’a comme électrocuté. Il est parti à la renverse et s’est presque assommé contre le touret de câble qui nous servait de table. Il chialait comme un goret de Biotechnica en serrant sa main sur sa poitrine. Histoire de faire un peu plus que le nécessaire, je l'ai roué de coups, et il a fini par s'évanouir. Le mâle alpha avait changé de statut. Après ça, il n’a plus jamais osé poser ses sales pattes sur moi.
C'est à cette époque que j'ai commencé à prendre de la distance, à tailler la route de plus en plus souvent. Mon père était parvenu au stade de mort-vivant à temps complet, si bien que c’est ma mère qui, me voyant sortir, m'interrogeait avec hargne :
— Tu vas où comme ça ?
— Je sais pas, à ton avis ? ... Faire le tapin, quelle question !
À ses yeux, c’était un prétexte recevable. Mais, revenant les mains vides, elle me traitait de tous les noms. Si elle s’imaginait profiter de mes talents de racoleuse, elle se mettait le doigt dans l’œil, d'autant que j’avais mieux à faire que de soulager tous les pervers crasseux du quartier. Je fréquentais un groupe de rupins de West Hill suffisamment stupides pour trouver chics les fringues que je revisitais à grands coups de strass et de chaînes dorées. Mes petits seins fermes et le brugnon de mon derrière faisaient le reste ... faut bien survire.
Puis j’ai fait la connaissance de Mike. Si la pauvreté est héréditaire, la richesse ne l’est pas moins. L'enfoiré profitait largement de la fortune océanique de ses parents, qu’il aurait pu tenter de dilapider pendant des siècles sans y parvenir.
C'était un sacré beau gosse, à la fois séduisant comme une statue antique - le corps bourré de millions de nanoïdes, littéralement sculpté par les opérations chirurgicales, et pervers comme un ange déchu. Il se droguait pas mal aussi, passant son temps à tenter de me convaincre de goûter à ses merdes. Mais moi, je ne touchais pas à cette saloperie, quand bien même il m'arrivait de le dépanner au prix fort ; j’étais déraisonnable et infecte, mais j’étais lucide, et je savais que n'avais pas besoin de ça pour être un véritable brasier. Après l’amour, il se vautrait à mes pieds en laissant d'ignobles traces blanches de morve et de synthécoke mêlées, et me suppliait que j’en prenne pour qu’on remette ça. Mais j’étais inflexible et le repoussais à chaque fois, le sourire aux lèvres ... une vraie chienne.
Lors d’une de ces soirées incontrôlables qu’il avait organisée dans le vaste appartement de ses parents absents de Camden Court, il avait absorbé tout un tas de cochonneries, dont plusieurs cannettes de smash, qui l’avaient mis dans un état d'euphorie indescriptible. Les invités, dont certains étaient des employés d’Arasaka et de Petrochem, avaient fini par s’évaporer, mais il poursuivait son nuage délirant.
— Viens, on va s’envoler !
— Envole-toi d’abord, espèce de débile.
Je n’avais pas fini de me désaper que je l'ai entendu pousser un "Yaooouh !"
Le con avait sauté par-dessus la rambarde du balcon avant de s’exploser sur le béton, cinq étages plus bas. J’ai contacté Dillon, un solo avec qui j'avais sympathisé quelques semaines plus tôt et qui s’était bâti une solide réputation à force de battre le pavé. Je préférais prendre les devants. J’ai ramassé tous les EDdies qui traînaient, ainsi que deux trois vieux téléphones à clapet abandonnés sur place, avant qu'il n'arrive, accompagné de deux patrouilleurs mobiles. Ils m’ont interrogée, manifestement surpris de ne pas trouver la moindre trace de drogue dans le sang, tout juste quelques milligrammes d’alcool, souvenir de deux tequilas avalées en début de soirée.
— T'as l’air blanche comme neige, me souffla l'un des agents sans parvenir à réprimer un fou rire, trop content de son bon mot.
Heureusement pour moi, il ne leur en a pas fallu davantage pour conclure à un malheureux suicide.
Depuis, je rôde avec une bande de branleurs argentés de Charter Hill ; des fêtards qui ne pensent qu'à boire et faire chier les touristes qui flânent du côté de Japantown. Ça n'a pas été très difficile de me faire accepter par ce ramassis de tocards. L'un d'eux m'a même baptisée "Midnight Lady", à cause du module implanté à la base de ma colonne vertébrale que mes parents m'ont gentiment offert à mes quatorze ans.
Mais déjà je pressentais que la misère n’avait pas fini de me courir après ... Qu’elle crève !
Pauvreté n’est pas vice ... Tu parles !
Je viens des bidonvilles d'une Night City en pleine reconstruction, au milieu des ruines des guerres corporatistes et des gravats radioactifs, des gratte-ciels abandonnés et des véhicules calcinés. Tous ceux qui ont pris un départ dans la vie aussi lamentable que celui-là savent ce que crier famine veut dire. Mes parents, déjà affligés de trois gamins, ne m’ont pas pris plus en considération qu’une soupe froide. Abrutis par l’alcool et l’oisiveté, ils nous ignoraient la plupart du temps, nous laissant livrés à nous-mêmes parmi les usines et les tours industrielles désaffectées. De cette misérable fratrie, je suis la seule à ne pas avoir rejoint un gang de délinquants juvéniles, où il est souvent question d’activités mauvaises pour la santé.
Je n'ai pas eu de scolarité, mais j’étais tout de même parvenue à apprendre à lire, écrire et compter, ayant assez de jugeote pour comprendre que cela me serait utile dans une ville où plus de la moitié des habitants étaient analphabètes. Dès dix ans, j’offrais mes services pour déchiffrer un papier administratif ou jouer à la comptable, moyennant une pièce ou deux que je cachais dans le ballast de la voie de chemin de fer abandonnée qui jouxtait notre rue.
Les journées étaient souvent maussades, nuageuses, et lorsque le soleil daignait enfin se montrer, il éblouissait tout, alors que le ciel chargé de particules nocives prenait une teinte dorée à cause de la pollution.
Le jour de mes treize ans, mon frère aîné m’a chopée dans un coin et a commencé à me tripoter. Je lui ai broyé le majeur avec les dents, entre la deuxième et la troisième phalange. Ça l’a comme électrocuté. Il est parti à la renverse et s’est presque assommé contre le touret de câble qui nous servait de table. Il chialait comme un goret de Biotechnica en serrant sa main sur sa poitrine. Histoire de faire un peu plus que le nécessaire, je l'ai roué de coups, et il a fini par s'évanouir. Le mâle alpha avait changé de statut. Après ça, il n’a plus jamais osé poser ses sales pattes sur moi.
C'est à cette époque que j'ai commencé à prendre de la distance, à tailler la route de plus en plus souvent. Mon père était parvenu au stade de mort-vivant à temps complet, si bien que c’est ma mère qui, me voyant sortir, m'interrogeait avec hargne :
— Tu vas où comme ça ?
— Je sais pas, à ton avis ? ... Faire le tapin, quelle question !
À ses yeux, c’était un prétexte recevable. Mais, revenant les mains vides, elle me traitait de tous les noms. Si elle s’imaginait profiter de mes talents de racoleuse, elle se mettait le doigt dans l’œil, d'autant que j’avais mieux à faire que de soulager tous les pervers crasseux du quartier. Je fréquentais un groupe de rupins de West Hill suffisamment stupides pour trouver chics les fringues que je revisitais à grands coups de strass et de chaînes dorées. Mes petits seins fermes et le brugnon de mon derrière faisaient le reste ... faut bien survire.
Puis j’ai fait la connaissance de Mike. Si la pauvreté est héréditaire, la richesse ne l’est pas moins. L'enfoiré profitait largement de la fortune océanique de ses parents, qu’il aurait pu tenter de dilapider pendant des siècles sans y parvenir.
C'était un sacré beau gosse, à la fois séduisant comme une statue antique - le corps bourré de millions de nanoïdes, littéralement sculpté par les opérations chirurgicales, et pervers comme un ange déchu. Il se droguait pas mal aussi, passant son temps à tenter de me convaincre de goûter à ses merdes. Mais moi, je ne touchais pas à cette saloperie, quand bien même il m'arrivait de le dépanner au prix fort ; j’étais déraisonnable et infecte, mais j’étais lucide, et je savais que n'avais pas besoin de ça pour être un véritable brasier. Après l’amour, il se vautrait à mes pieds en laissant d'ignobles traces blanches de morve et de synthécoke mêlées, et me suppliait que j’en prenne pour qu’on remette ça. Mais j’étais inflexible et le repoussais à chaque fois, le sourire aux lèvres ... une vraie chienne.
Lors d’une de ces soirées incontrôlables qu’il avait organisée dans le vaste appartement de ses parents absents de Camden Court, il avait absorbé tout un tas de cochonneries, dont plusieurs cannettes de smash, qui l’avaient mis dans un état d'euphorie indescriptible. Les invités, dont certains étaient des employés d’Arasaka et de Petrochem, avaient fini par s’évaporer, mais il poursuivait son nuage délirant.
— Viens, on va s’envoler !
— Envole-toi d’abord, espèce de débile.
Je n’avais pas fini de me désaper que je l'ai entendu pousser un "Yaooouh !"
Le con avait sauté par-dessus la rambarde du balcon avant de s’exploser sur le béton, cinq étages plus bas. J’ai contacté Dillon, un solo avec qui j'avais sympathisé quelques semaines plus tôt et qui s’était bâti une solide réputation à force de battre le pavé. Je préférais prendre les devants. J’ai ramassé tous les EDdies qui traînaient, ainsi que deux trois vieux téléphones à clapet abandonnés sur place, avant qu'il n'arrive, accompagné de deux patrouilleurs mobiles. Ils m’ont interrogée, manifestement surpris de ne pas trouver la moindre trace de drogue dans le sang, tout juste quelques milligrammes d’alcool, souvenir de deux tequilas avalées en début de soirée.
— T'as l’air blanche comme neige, me souffla l'un des agents sans parvenir à réprimer un fou rire, trop content de son bon mot.
Heureusement pour moi, il ne leur en a pas fallu davantage pour conclure à un malheureux suicide.
Depuis, je rôde avec une bande de branleurs argentés de Charter Hill ; des fêtards qui ne pensent qu'à boire et faire chier les touristes qui flânent du côté de Japantown. Ça n'a pas été très difficile de me faire accepter par ce ramassis de tocards. L'un d'eux m'a même baptisée "Midnight Lady", à cause du module implanté à la base de ma colonne vertébrale que mes parents m'ont gentiment offert à mes quatorze ans.
Mais déjà je pressentais que la misère n’avait pas fini de me courir après ... Qu’elle crève !
*
* *
*
* *
Je suis allongée sur un matelas miteux, au milieu des mégots de cigarettes et des cannettes de bière bon marché. Le bruit de l'autoroute me vrille la tête malgré la distance qui m'en sépare. L’immeuble, en ruine, est silencieux comme une tombe. Il fait partie d’un complexe résidentiel abandonné et n’est occupé que par quelques reclus, pour la plupart en coma éthylique permanent. Quant aux rares individus encore capables de constituer une menace, aussi vague soit-elle, ils ont rapidement compris qu’il ne fallait pas trop se soucier de moi.
Bip ... Bip ... Bip ...
Qu’est-ce que c’est que cette foutue d'alarme ?! Je suis censé être déconnectée du réseau. J’active immédiatement mon pare-feu, mais cette saloperie continue, malgré les réglages de sécurité poussés au maximum.
Bip ... Bip ... Bip ...
Il y a quelqu’un dans ma tête, et cet enfoiré veut me parler. Après quelques secondes d’hésitation, je décide d’autoriser la communication.
— Salut Midni. Écoute, pas le temps de causer ; barre-toi tout de suite, ils t'ont retrouvée !
— Dillon, c'est toi ? Qui m'a retrouvée ? C'est qui ces types ?
— Fous le camp, bon sang ! Discute pas. Ils sont ... courant pour l'attaque de l'autre soir, et crois-moi, ils ne vont ... se con...ter d'une sim... armée d'avocats cette fois !
— C'est compris. Tire-toi de ma tête maintenant.
— Re...ouve-moi à Arroyo, à l'an... de la sept... et de...
La voix disparait progressivement à mesure que la connexion se délite, la faute à un réseau cellulaire défaillant dès qu'on s'éloigne un peu trop des quartiers d'affaires.
Je lâche un long soupir, puis me lève et me dirige vers le balcon. De là, j’ai une vue imprenable sur les jardins grouillants de rats qui entourent le bâtiment. Avec l’arrivée d’Arasaka, les entreprises locales ont fait faillite les unes après les autres et le quartier est en proie au chômage, à la pauvreté et à la violence des gangs. Plus loin, je peux voir d’autres résidences qui forment un réseau de plus en plus dense, jusqu’à rejoindre le centre-ville, tentaculaire et monstrueux, pareil à une forteresse constituée de tours entassées. Le ciel nocturne m'interpelle, avec ses panneaux lumineux et ses publicités qui éclipsent les étoiles, et je songe un instant au sort des millions de parasites qui peuplent les entrailles de cet effroyable amas de béton et d’acier.
Un rien désabusée, je retourne dans la chambre pour récupérer ce qui reste de mon attirail - de quoi dormir, manger et me défendre, et me glisse dans ma combinaison de kevlar. Ces putains de yakuzas m'ont envoyé une horde d'assassins ? Parfait ! Ils ne vont pas regretter leur petite virée dans le Northside. Mais alors que je gagne l'escalier de secours pour retrouver Dillon, la porte pare-flamme explose en une myriade d’éclats, tandis qu’une mitrailleuse dégueule des gerbes de balles perforantes et que des faisceaux de lumière rubis balayent le couloir. Je riposte pour faire bonne mesure à travers la cloison de béton synthétique tout en battant en retraite en direction de l'appartement, couverte de fragments d'acier galvanisé et de poussière de silice.
Pauvreté n’est pas vice, peut-être. Mais à force de leur chier dans les bottes, on dirait bien que ces enfoirés ont fini par me prendre au sérieux. En tout cas, cette fois-ci, ils ont fait en sorte d'être à l'heure ! Heureusement qu'il me reste quelques munitions pour leur souhaiter la bienvenue, et recharger mon lance-grenades Towa ; le guidage est rudimentaire, il n'y a que trois coups, mais la puissance de sa charge explosive est tout simplement ... jouissive.
Je suis allongée sur un matelas miteux, au milieu des mégots de cigarettes et des cannettes de bière bon marché. Le bruit de l'autoroute me vrille la tête malgré la distance qui m'en sépare. L’immeuble, en ruine, est silencieux comme une tombe. Il fait partie d’un complexe résidentiel abandonné et n’est occupé que par quelques reclus, pour la plupart en coma éthylique permanent. Quant aux rares individus encore capables de constituer une menace, aussi vague soit-elle, ils ont rapidement compris qu’il ne fallait pas trop se soucier de moi.
Bip ... Bip ... Bip ...
Qu’est-ce que c’est que cette foutue d'alarme ?! Je suis censé être déconnectée du réseau. J’active immédiatement mon pare-feu, mais cette saloperie continue, malgré les réglages de sécurité poussés au maximum.
Bip ... Bip ... Bip ...
Il y a quelqu’un dans ma tête, et cet enfoiré veut me parler. Après quelques secondes d’hésitation, je décide d’autoriser la communication.
— Salut Midni. Écoute, pas le temps de causer ; barre-toi tout de suite, ils t'ont retrouvée !
— Dillon, c'est toi ? Qui m'a retrouvée ? C'est qui ces types ?
— Fous le camp, bon sang ! Discute pas. Ils sont ... courant pour l'attaque de l'autre soir, et crois-moi, ils ne vont ... se con...ter d'une sim... armée d'avocats cette fois !
— C'est compris. Tire-toi de ma tête maintenant.
— Re...ouve-moi à Arroyo, à l'an... de la sept... et de...
La voix disparait progressivement à mesure que la connexion se délite, la faute à un réseau cellulaire défaillant dès qu'on s'éloigne un peu trop des quartiers d'affaires.
Je lâche un long soupir, puis me lève et me dirige vers le balcon. De là, j’ai une vue imprenable sur les jardins grouillants de rats qui entourent le bâtiment. Avec l’arrivée d’Arasaka, les entreprises locales ont fait faillite les unes après les autres et le quartier est en proie au chômage, à la pauvreté et à la violence des gangs. Plus loin, je peux voir d’autres résidences qui forment un réseau de plus en plus dense, jusqu’à rejoindre le centre-ville, tentaculaire et monstrueux, pareil à une forteresse constituée de tours entassées. Le ciel nocturne m'interpelle, avec ses panneaux lumineux et ses publicités qui éclipsent les étoiles, et je songe un instant au sort des millions de parasites qui peuplent les entrailles de cet effroyable amas de béton et d’acier.
Un rien désabusée, je retourne dans la chambre pour récupérer ce qui reste de mon attirail - de quoi dormir, manger et me défendre, et me glisse dans ma combinaison de kevlar. Ces putains de yakuzas m'ont envoyé une horde d'assassins ? Parfait ! Ils ne vont pas regretter leur petite virée dans le Northside. Mais alors que je gagne l'escalier de secours pour retrouver Dillon, la porte pare-flamme explose en une myriade d’éclats, tandis qu’une mitrailleuse dégueule des gerbes de balles perforantes et que des faisceaux de lumière rubis balayent le couloir. Je riposte pour faire bonne mesure à travers la cloison de béton synthétique tout en battant en retraite en direction de l'appartement, couverte de fragments d'acier galvanisé et de poussière de silice.
Pauvreté n’est pas vice, peut-être. Mais à force de leur chier dans les bottes, on dirait bien que ces enfoirés ont fini par me prendre au sérieux. En tout cas, cette fois-ci, ils ont fait en sorte d'être à l'heure ! Heureusement qu'il me reste quelques munitions pour leur souhaiter la bienvenue, et recharger mon lance-grenades Towa ; le guidage est rudimentaire, il n'y a que trois coups, mais la puissance de sa charge explosive est tout simplement ... jouissive.
Envie de poursuivre votre lecture ?
Découvrez le jeu de rôle sur table qui a inspiré cette nouvelle ...
Envie de poursuivre votre lecture ?
Découvrez le jeu de rôle sur table qui a inspiré cette nouvelle ...
Bienvenue à Night City, Edgerunner ! Les mégacorporations ont passé ces dernières décennies à tout détruire et depuis, c’est chacun pour sa peau. Mais ce n'est pas un problème, vous pouvez gérer ; après tout, dans un monde envahie par la corruption, le crime organisé, la violence et les cultes de fin du monde nihilistes, il n’existe qu’une seule règle pour rester en vie : se tenir au bord du gouffre. Et si cela ne devait pas suffire, vous pourrez toujours compter sur l'automatique Militech connecté à l’interface de votre cerveau, vos poings équipés de lames en carboverre ainsi que votre cybervision pour percer l’épais brouillard et tracer votre route incandescente au cœur de l’Ère du Rouge.
Bienvenue à Night City, Edgerunner ! Les mégacorporations ont passé ces dernières décennies à tout détruire et depuis, c’est chacun pour sa peau. Mais ce n'est pas un problème, vous pouvez gérer ; après tout, dans un monde envahie par la corruption, le crime organisé, la violence et les cultes de fin du monde nihilistes, il n’existe qu’une seule règle pour rester en vie : se tenir au bord du gouffre. Et si cela ne devait pas suffire, vous pourrez toujours compter sur l'automatique Militech connecté à l’interface de votre cerveau, vos poings équipés de lames en carboverre ainsi que votre cybervision pour percer l’épais brouillard et tracer votre route incandescente au cœur de l’Ère du Rouge.
Envie de poursuivre votre lecture ?
Découvrez le jeu de rôle sur table qui a inspiré cette nouvelle ...
Envie de poursuivre votre lecture ?
Et si vous preniez le temps de découvrir le roman qui a inspiré cette nouvelle ...
Bienvenue à Night City, Edgerunner ! Les mégacorporations ont passé ces dernières décennies à tout détruire et depuis, c’est chacun pour sa peau. Mais ce n'est pas un problème, vous pouvez gérer ; après tout, dans un monde envahie par la corruption, le crime organisé, la violence et les cultes de fin du monde nihilistes, il n’existe qu’une seule règle pour rester en vie : se tenir au bord du gouffre. Et si cela ne devait pas suffire, vous pourrez toujours compter sur l'automatique Militech connecté à l’interface de votre cerveau, vos poings équipés de lames en carboverre ainsi que votre cybervision pour percer l’épais brouillard et tracer votre route incandescente au cœur de l’Ère du Rouge.